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Le pari de Pascal : Foi et Jeu

Publié le 15/09/2015

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pascal
« Oui, mais il faut parier. Cela n’est pas volontaire, vous êtes embarqué. Lequel prendrez-vous donc? Voyons. Puisqu’il faut choisir, voyons ce qui vous intéresse le moins. [...] Pesons le gain et la perte, en en prenant croix que Dieu est. Estimons les deux cas : si vous gagnez, vous avez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu’il est, sans hésiter. »
 
Sommes-nous au milieu d’un grouillement d’amibes sans direction ni progrès ? Ou, au contraire, l’humanité, par une succession de crises et de désordres, s’achemine-t-elle vers un mieux ? Il va de soi que cette dernière possibilité n’est envisageable que si l’on commence à y croire. Mais lorsque Camus conseille « Ilfaut faire comme si... », il nous incite à faire aussi un pari.
« Examinons donc ce point, et disons : “Dieu est, ou il n’est pas.” Mais de quel côté pencherons-nous ? La raison n’y peut rien déterminer: il y a un chaos infini qui nous sépare. Il se joue un jeu, à l’extrémité de cette distance infinie, où il arrivera croix ou pile. Que gagerez-vous ? »
PASCAL
 
 
Travaillez donc, non pas à vous convaincre par l’augmentation des preuves de Dieu, mais par la diminution de vos passions. Vous voulez aller à la foi, et vous n’en savez pas le chemin ; vous voulez guérir de l’infidélité, et vous en demandez les remèdes : apprenez de ceux qui ont été liés comme vous, et qui parient maintenant tout leur bien ; ce sont gens qui savent ce chemin que vous voudriez suivre, et guéris d’un mal dont vous voulez guérir. Suivez la manière par où ils ont commencé : c’est en faisant tout comme s’ils croyaient, en prenant de l’eau bénite, en faisant dire des messes, etc. Naturellement même cela vous fera croire et vous abêtira.

pascal

« qui nous sépare.

Il se joue un jeu, à l'extrémité de cette distance infinie, où il arrivera croix ou pile.

Que gagerez-vous ? » Dans ces quelques lignes, le mot «gager » signifie «parier» et l'expression« croix ou pile» correspond à notre« pile ou face».

Pascal, qui a inventé le calcul des probabilités, est en pays de connaissance.

L'interlocuteur supposé évoquant la possibilité de ne point parier, de ne point jouer à ce jeu de pile ou face, Pascal lui démontre alors qu'il n'a pas vraiment le choix.

Il est obligé de se déterminer en ce qui concerne l'existence de Dieu.

«Oui, mais il faut parier.

Cela n'est pas volontaire, vous êtes embarqué.

Lequel prendrez-vous donc? Voyons.

Puisqu'il faut choisir, voyons ce qui vous intéresse le moins.

[ ...

] Pesons le gain et la perte, en en prenant croix que Dieu est.

Estimons les deux cas : si vous gagnez, vous avez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien.

Gagez donc qu'il est, sans hésiter.» ..,..

Le recours à l'argument du pari, dans le domaine de l'apologétique, n'était pas nouveau.

Dans Pascal et ses précurseurs (Nouvelles Éditions latines, 1954), Julien­ Eymard d'Angers recense dix théologiens qui ont, sous des formes diverses, utilisé cet argument.

Mais Pascal va, lui, donner une force et une signification nouvelles, faisant par là oublier ses prédécesseurs.

Si l'on s'en tient au simple raisonnement, cet argument du pari a évidemment quelque chose d'un peu déri­ soire.

Les penseurs qui suivront ne manqueront pas de le souligner.

Voltaire écrit, par exemple, dans les Let­ tres philosophiques : « Il est évidemment faux de dire : Ne point parier que Dieu est, c'est parier qu'il n'est pas; car celui qui doute et demande à s'éclairer ne parie assurément ni pour ni contre.. »

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