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Que pensez-vous de cette formule de Brunschvicg : « L'association n'est qu'une circulation de pensées. Le jugement arrête et fixe une croyance » ?

Publié le 15/09/2014

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brunschvicg

a)  Normalement l'association n'est pas une simple circulation de pensées, si l'on entend par là une divagation sans but. Comme M. PR URNES (Ibid., p. 576), « nous ne voudrions pas admettre de séparer l'association des idées de toute intelligence active et la réduire à une opération d'enregis­trement passif «. L'association est ordinairement recherche tâtonnante, et si elle ne s'arrête pas c'est parce qu'elle n'a pas trouvé ce qu'incon­sciemment elle cherche.

Le jugement n'est pas un simple arrêt qui constituerait la mort de la pensée. S'il met fin aux tâtonnements indécis, il marque au contraire le 

brunschvicg

« 1'.22 PSYCHOLOGIE opérations mentales n'en rnnt pas moin~ cssentiellerr.ent différente:; 011 peut, si J 'on veut, voir dans le jugement une association reconnue et 1ete­ nue comme vraie; mais cette reconnaissance, qui constitue précisément le jugement, est un acte différent de l'association et irréductible à elle.

B.

Ce qui paraît discutable.

- Pour mieux les distinguer, IlRUNsr.nv1cG semble exagérer l'opposition entre association et jugement, et nous esti­ mons que le choix des termes n'est pus heureux.

a) l'iormalement l'association n'est pas une simple circulation de pensées, si l'on entend par là une divagation sans but.

Comme M.

PR1DI'.'!ES (Ibid., p.

:Si6), «nous ne voudrions pas admettre de séparer l'associatiou des idées de toute intelligence active et la réduire à une opération d'enregis­ trement passif '" L'association est ordinairement recherche tâtonnante, et si elle ne s'arrête pas c'est parce qu'elle n'a pas trouvé cc qu 'incon­ sciemment elle cherche.

b) Le jugement n'est pas w1 simple arrêt qui constituerait la mort de la pensée.

S'il met fin aux tâtonnements indéris, il marque an contraire le commencement de la réflexion méthodique qui constitue une nouvelle circulation de pensées.

Un jugement en effet ne constitue pas plus une unité isolable qu'un anneau d'une chaîne de termes associt's.

Si l'esprit le fixe comme une vérité acquise, il ne s'y fixe pas et passe in con tin en 1 i1 d'autres jugements qu'il implique ou qui en découlent.

c) On pourrait même retourner l'affirmation de Brunschvicg, et dire : «L'association arrête et fixe la croyance; le jugement n'est q11'une cir­ culation de pensées.

n Quoi de plus stable, en effet, et de plus fixé que les préjugés et les routines? Or, ces attitudes mentales n'impliquent aucun jugement réel; elles sont le résultat d'associations répétées.

Celui qui juge manifeste une autre mobilité : il est toujours prêt, sinon à remettre son jugement en question, du moins à profiter d'une .occasi0n nouvelle de s'éclairer.

Co:-;cLUSIO'.'!.

-- En somme, la formule de BRu'.'!sc11v1cG n'est pas très heu­ reuse : elle exprime assez mal la thèse que son auteur voulait énoncer.

Mais cette thèse elle-même n'est pas discutable : l'association est essen­ tiellement distincte de la véritable pensée constituée par le jugement.

" Qui pense par association ne pense pas encore.

Même quand elle est rai­ sonnable, l'association n'a rien de raisonné.

'' C'est l'intervention de la pensée rationnelle qui produit la mutation de l'association en jugement..

DISSERTATION Quelles ressemblances et quelles différences y a-t-il entre (( se souve­ nir >> et u imaginer » dans les diverses acceptions de ce mot 1 (Caen, sept.

1945, Philo-Lettres.: Tandis que le royaume de la mémoire se limite au passé, celui de l'imagination est beaucoup plus étendu.

Nous imaginons le paasé comme il nous en souvient, et il y a une imagination qui double la mémoire.

Mais dans l'acception la plus courante du mot, l'imagination opère dans le domaine de ce qui n'a pas encore été ou même de ce qui ne sera jamais, bien plus, de ce qui ne peut pas être : prolongeant les données de. »

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