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Le Rire, BERGSON

Publié le 26/04/2014

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bergson
Dans ce texte, Bergson entend montrer que si la vie est orientée par la nécessité d'agir, alors « l'individualité des choses et des êtres nous échappe toutes les fois qu'il ne nous est pas matériellement utile de l'apercevoir ». Vivre en effet « consiste à agir », et pas seulement pour l'homme : dès ses formes les plus primitives, la vie est orientée par la polarité du favorable et du défavorable ; vivre, c'est rechercher l'un et fuir l'autre, c'est se choisir un milieu de préférences et d'exclusions. Si un objet n'a aucune importance pour un être vivant, si par exemple il ne constitue ni un danger, ni une source potentielle de nourriture, il n'est tout simplement pas remarqué, il ne fait sur le vivant aucune « impression ». Seule « l'impression utile », celle qui réclame du vivant en question une certaine réaction (de fuite ou de prédation par exemple) est clairement perçue ; ce qui n'est pas utile au moment présent s'enfonce dans un brouillard indéterminé sans que l'attention s'y porte. Or ce qui est vrai de tout vivant l'est aussi de l'homme : ce qui ne m'est pas utile à présent est peut-être perçu mais confusément, c'est-à-dire perçu sans être explicitement remarqué. C'est l'action qui guide la perception elle-même : je ne remarque que ce sur quoi j'agis ou ce dont j'ai besoin pour agir, aussi bien à l'extérieur de moi qu'en moi-même ; autrement dit, je ne retiens du réel en général qu'une « simplification pratique ». Entendons par là que sans que je m'en rende compte, ma conscience ne retient du réel que ce qui favorise mon action, en sorte que « les différences inutiles » entre les choses sont « effacées » (quand j'utilise un marteau, je ne suis par exemple pas attentif à ce qui fait que ce marteau est celui-ci et pas un autre). Ainsi, je classe les choses et je les nomme en fonction « du parti que j'en pourrai tirer », par exemple je nomme « marteau » tous les outils qui permettent d'enfoncer un clou, et par ce mot je ne retiens de chacun que leur utilité commune. La perception est donc d'emblée abstraite et oublieuse de la singularité des objets. Et c'est même cette capacité d'abstraction qui distingue l'homme des autres animaux, comme c'est elle qui lui donne des possibilités d'action à nulles autres pareilles : voilà du moins ce qu'affirme Bergson dans la seconde partie de notre texte. Cette capacité d'abstraction, plus développée chez l'homme que chez l'animal, qui lui permet de classer et d'ordonner les choses, lui permet sans doute d'avoir un monde plus vaste et plus subtil ; toutefois, le processus est le même chez l'homme et chez l'animal : « l'individualité des choses et des êtres nous échappe toutes les fois qu'il ne nous est pas matériellement utile de l'apercevoir ». La perception, parce qu'elle est au service de l'action, est déjà oublieuse de la singularité ; la plupart du temps, nous ne percevons pas des choses singulières, mais des objets ayant une fonction. Même dans le cas où nous sommes capables de reconnaître un être singulier, quand par exemple nous reconnaissons immédiatement un visage connu parmi une foule anonyme, nous n'en saisissons pas l'absolue singularité : nous ne remarquons qu'« un ou deux traits » saillants, ceux qui suffisent à distinguer cet homme des autres, sans y chercher davantage. I. Analyse détaillée du texte 1. La perception est au service de l'action a) Vivre consiste à agir Dans l'histoire de la phil...
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« capacité d'abstraction qui distingue l'homme des autres animaux, comme c'est elle qui lui donne des possibilités d'action à nulles autres pareilles : voilà du moins ce qu'affirme Bergson dans la seconde partie de notre texte.

Cette capacité d'abstraction, plus développée chez l'homme que chez l'animal, qui lui permet de classer et d'ordonner les choses, lui permet sans doute d'avoir un monde plus vaste et plus subtil ; toutefois, le processus est le même chez l'homme et chez l'animal : « l'individualité des choses et des êtres nous échappe toutes les fois qu'il ne nous est pas matériellement utile de l'apercevoir ». La perception, parce qu'elle est au service de l'action, est déjà oublieuse de la singularité ; la plupart du temps, nous ne percevons pas des choses singulières, mais des objets ayant une fonction.

Même dans le cas où nous sommes capables de reconnaître un être singulier, quand par exemple nous reconnaissons immédiatement un visage connu parmi une foule anonyme, nous n'en saisissons pas l'absolue singularité : nous ne remarquons qu'« un ou deux traits » saillants, ceux qui suffisent à distinguer cet homme des autres, sans y chercher davantage. I.

Analyse détaillée du texte 1.

La perception est au service de l'action a) Vivre consiste à agir Dans l'histoire de la philosophie, on a toujours eu tendance à poser que l'universel se pensait et que la singularité se percevait.

Le concept universellement valable de table (ce qui définit ce qu'une chose doit être pour être une table, ce qui définit universellement ce qu'est une table) ne peut être perçu : il peut être pensé.

La table dans sa singularité absolue en revanche ne peut pas être pensée, parce qu'elle est riche de déterminations qui vont à l'infini : ce qui fait que cette table est cette table et non une autre ne peut jamais être complètement saisi par la pensée, parce qu'on peut toujours enrichir la singularité de nouveaux détails.

Si Bergson ne conteste pas que la pensée soit abstraite et incapable de saisir la singularité ou, pour parler comme Leibniz, « l'infinie diversité des. »

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