Devoir de Philosophie

La science et les sciences

Publié le 01/05/2014

Extrait du document

LA CONNAISSANCE DU VIVANT.

LE VIVANT REQUIERT-IL

UN PRINCIPE SPÉCIFIQUE D'EXPLICATION ?

QUELQUES ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION

SUR L'HISTOIRE DE LA PENSÉE BIOLOGIQUE.

La vie et le vivant : quelques remarques sur la portée des termes.

On a longtemps cherché à identifier un principe vital spécifique, irréductible aux lois de la matière. Une telle attitude prend racine dans le spiritualisme traditionnel — et dans la thématisation religieuse du « principe de vie « comme souffle divin, force mystérieuse ayant fait l'objet d'un acte créateur particulier (cf. les deux récits de la Création dans la Genèse, Bible, Ancien Testament). Très tôt cependant, l'obser¬vation de la multiplicité des êtres vivants a donné à l'homme l'idée d'élaborer une classification méthodique qui procéderait par définition de caractères communs et de différences, et permettrait d'accueillir toutes les données recensées. Ainsi a pris forme le projet aristotélicien d'une « histoire des animaux « (en grec, le mot historia signifie d'abord « recensement de l'observable, description, reportage «). La grille logi¬que élaborée à cette occasion par Aristote (genre, espèce, différence spécifique, etc.) est restée très longtemps en usage. De fait, l'attitude scientifique qui consiste à recenser l'observable, à opérer des comparai¬sons pour définir des classes en dégageant des caractères communs, voire des propriétés distinctives, refuse le présupposé d'un principe gé¬néral (« la vie «) connoté à la fois de mystère et de transcendance (cf. le thème chrétien de « l'impénétrabilité des voies divines «). Une connaissance objective, ici, doit partir d'emblée de la diversité des or¬ganismes vivants au lieu de chercher à la réduire a priori dans la réfé¬rence à un « principe vital « plus ou moins bien défini, dont l'invocation révèle ou suscite souvent une attitude obcurantiste. La biologie scienti¬fique se définit donc plutôt comme une « connaissance du vivant « que comme une étude de la vie (cf. Jacob : « On n'interroge plus la vie aujourd'hui dans les laboratoires «, in La logique du Vivant, Éditions Gallimard(. Il faut signaler qu'une fois de plus, l'utilisation d'un terme ou d'un autre (la vie, le vivant) n'est pas indifférente, puisqu'elle en¬gage implicitement toute une conception, toute une représentation qui,

« elle, n'est pas neutre.

Les discussions récentes sur la reconnaissance du droit d'avorter ont mis en évidence de telles implications.

Les adver­ saires de lavortement n'ont cessé de se recommander du « respect de la vie » pour lutter contre l'interruption de grossesse.

Comme si la vie pouvait se définir abstraitement -et virtuellement -indépendamment d'un organisme vivant, constitué, pleinement individualisé.

Au fameux procès de Bobigny (intenté à une jeune femme « coupable » d'avoir avorté après avoir été violée).

Jacques Monod dénonçait l'imposture qu'il y a à confondre la vie en général (qui est partout donc nulle part) et une vie humaine, individualisée, réelle et non virtuelle, identifiable à un être particulier.

Et dans sa déposition au même procès, Jean Ros­ tand signalait que le véritable « respect de la vie » passe par la lutte contre les injustices et la misère qui frappent les êtres vivants déjà « constitués ».

et non par le maintien d'une contrainte qui est une manière de dénier à l'être humain le droit de disposer de son propre corps, et de donner la vie quand il le désire.

(Cf.

pour approfondir la réflexion le récit du Procès de Bobigny dans la collection Idées, Éditions Gallimard.) • Comment définir un être vivant 7 Toute définition est en fait différentielle.

En l'occurrence, elle consis­ tera à énoncer les caractères distinctifs généraux d'un tel être.

Toute l'histoire de la biologie, en un sens, est marquée par la recherche de ces caractères.

Pour Monod (cf.

Le hasard et la nécessité, Éditions du Seuil), les trois caractères fondamentaux du vivant sont : téléonomie (régulation finalisée de toutes les fonctions).

morphogenèse autonome (production et reproduction autonomes des formes vivantes constituti­ ves) et invariance reproductive (continuité des espèces rendue possible par la transmission de la même formule génétique).

• A la recherche d'une explication scientifique des organismes vi­ vants : le « modèle mécaniste » et ses limites.

- La signification du « modèle mécaniste ».

La première science de la nature constituée, la physique, a dû, pour s'affirmer, s'affranchir du vitalisme inconscient par lequel l'homme tend à saisir le réel en analogie avec l'activité vitale qu'il déploie.

Ainsi, le principe d'inertie est-il venu retirer à la matière les qualités occultes, plus ou moins mystérieuses, qui lui étaient attribuées depuis long­ temps.

La mécanique, expliquant la réalité physique en termes d'élé­ ments matériels inertes, agencés selon des lois d'organisation strictes.

et intégrant l'instrument mathématique pour quantifier les relations ob­ servées, a fourni un premier modèle d'explication scientifique.

Harvey, puis Descartes l'appliquent à l'être vivant.

C'est le fameux thème des «animaux machines» que l'on voit formulé dans la cinquième partie du Discours de la Méthode et au début du Traité de l'homme, de Descar­ tes.

Après Harvey.

qui expliquait la circulation du sang en comparant le cœur à une pompe aspirante refoulante, Descartes pense qu'il est possible d'expliquer mécaniquement la réalité du vivant.

Voici deux ex­ traits significatifs de son œuvre : «Jugeons que le corps d'un homme vivant diffère autant de celui 158. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles