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il n'y avait pas de président en exercice

Publié le 29/10/2014

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Michel Aoun (1935- ) eut le mérite de dire tout haut ce que la grande majorité des Libanais pensait tout bas: "il faut expulser l'envahisseur syrien". Seul avant lui, Béchir Gemayel, l'avait fait sept ans auparavant. Ce dernier n'eut cependant pas l'occasion de transfor­mer ses paroles en acte".

Le coup de tonnerre déclenché par l'appel à la guerre

de Michel Aoun (14 mars 1989), se produit dans une ambiance incertaine, marquée par la vacance du pou­voir. D'une part, Michel Aoun a arraché à Amine Gemayel un mandat de Premier ministre", alors que ce dernier était en fin d'exercice; d'autre part, Salim Hoss est toujours Premier ministre par intérim dans un gou­vernement civil à majorité musulmane, démissionnaire depuis plusieurs mois. Les Syriens profitent d'ailleurs de l'argument pour déclarer le gouvernement d'Aoun illégal. Enfin, depuis la fin du mandat d'Amine Gemayel, il n'y a plus de président en exercice'. Solei-man Frangié, pro-syrien, qui s'était présenté aux élec­tions pour la présidence, n'obtient pas la majorité requise. Il faut attendre le 5 novembre 1989 pour que 58 députés" élisent René Mohawad à la présidence. Le 22 novembre, Mohawad est assassiné à Beyrouth-Ouest. Le 25 novembre, les députés se réunissent à nouveau et élisent Elias Hraoui.

Dans l'intervalle, les Syriens répondent de manière brutale à la provocation chrétienne. Les 35.000 soldats syriens au Liban font donner l'artillerie. C'est un déluge de feu sur Beyrouth. Les Syriens acceptent d'autant moins l'appel du 14 mars lancé par Michel Aoun que celui-ci a bloqué les ports par où transite la drogue cultivée sous contrôle syrien dans la plaine de la Bekaa. Or, ce trafic rapporterait chaque année envi­ron un milliard de dollars à la Syrie.

Michel Aoun, à la tête de ses troupes, résiste tant bien que mal à la coalition formée par les Syriens et les mi­lices druzes de Walid Joumblatt. On passe de cessez-le-feu en arrêts provisoires des combats sans que l'hégémonie syrienne ne soit remise en question par les autres pays arabes qui s'alarment cependant du cy‑

nisme d'Hafez el Assad.

 

La France entreprend une action humanitaire mais se retire face à l'opposition très marquée de Walid Joum­blatt et de Nabih Berri, les deux alliés de Damas. Ceux-ci menacent en effet de bombarder les secours que la France offre aux chrétiens du réduit de Bey­routh-Ouest. Le conflit dure jusqu'au 13 octobre 1990, date à laquelle Michel Aoun, à bout de force, se réfu­gie à l'ambassade de France et renonce au combat. Michel Aoun (1935- ) est un chrétien maronite issu d'une modeste famille de la banlieue sud de Beyrouth. Prédestiné au métier des armes, il gravit les échelons de la hiérarchie militaire avec régularité. Des stages aux Etats-Unis et en France complètent sa formation; il est notamment diplômé de l'Ecole supérieure de guerre de Paris. Il sort de l'ombre en 1983 lorsqu'il se met en valeur à la bataille de Soul-el-Gharb contre la coalition composée de Syriens, de Palestiniens et de Druzes. C'est en juin 1984 que Michel Aoun prend la tête de l'armée libanaise, du moins ce qu'il en reste. Jusqu'en 1988, il reste soumis à l'autorité constitution­nelle du président. En septembre de la même année, il s'impose par un "putsch" légal qui lui permet d'obtenir d'Amine Gemayel le poste de Premier ministre.

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