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Bonheur et moralité

Publié le 30/03/2014

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Le bonheur tout seul est loin d'être pour notre raison le bien complet. Elle ne l'approuve pas (quelque ardemment que l'inclination puisse le souhaiter) à moins qu'il ne soit joint à ce qui nous rend dignes d'être heureux, c'est-à-dire à la bonne conduite morale. Mais d'un autre côté, la moralité à elle seule et avec elle la simple qualité d'être digne du bonheur ne sont pas enco¬re non plus, loin de là, le bien complet. Pour que le bien soit complet, il faut que celui qui ne s'est pas conduit de manière à se rendre indigne du bon¬heur puisse espérer d'y participer. [...] Dans l'idée pratique les deux élé¬ments sont essentiellement liés, mais de telle sorte que c'est la disposition morale qui rend possible, comme condition, la participation au bonheur, et

 

non pas, à l'inverse, la perspective du bonheur qui rend d'abord possible la disposition morale. Dans ce dernier cas en effet cette disposition ne serait pas morale, et par conséquent elle ne serait pas non plus digne de tout le bonheur, qui devant la raison ne connaît pas d'autre restriction que celle qui vient de notre propre immoralité.

E. Kant, Critique de la raison pure, II, chap. II, section II, « Œuvres philosophiques « I, Gallimard.

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