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Illusion des sens et erreur de jugement

Publié le 30/03/2014

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illusion

 

Les illusions des sens sont des manières de percevoir qui sont fausses seule¬ment en ce sens qu'elles nous représentent l'objet de notre perception d'une manière qui n'est pas conforme à la manière normale de percevoir. Ce n'est pas que cette manière normale de percevoir soit nécessairement vraie, ou même puisse jamais être vraie. La perception dans son ensemble n'est

 

qu'une manière subjective de voir les choses et les idées. C'est une illusion de croire qu'il y a une manière idéale de percevoir dans laquelle s'accorde¬raient tous les esprits. Mais si nous ne concevons pas une manière idéale de percevoir, nous concevons cependant qu'il en existe qui sont meilleures que d'autres. C'est ce qui permet de distinguer les illusions des sens de l'erreur proprement dite. Une erreur, c'est un jugement objectivement faux par lequel nous affirmons que quelque chose existe avec telle nature déterminée, alors que l'objet n'existe pas ou ne possède pas cette nature. L'erreur ne vient que du raisonnement. Le propre de l'erreur est de pouvoir être réfutée par l'expérience et le raisonnement. Les illusions des sens ne peuvent pas être réfutées ainsi ; ce sont seulement des manières de percevoir qui ne sont pas normales. D'ailleurs même les manières normales de percevoir sont des illusions.

J. Lagneau, Célèbres Leçons, Cours sur la perception, Erreur et illusion,

PUF, 1964.

Nous savons que nous ne pouvons parler d’erreur que si nous portons un jugement. Dans le cas par exemple des illusions optico-géométriques (de Müller-Lyer, de Hering, de Zollner, les plus connues) ou plus simplement de l’illusion du «bâton-brisé-dans-l’eau» nous pouvons parfaitement savoir que les deux segments égaux semblent seulement inégaux, que les deux parallèles horizontales semblent seulement bombées ou que le bâton semble seulement brisé : il n’en reste pas moins que nous avons toujours l’illusion perceptive qu’ils sont inégaux, qu’elles sont bombées, qu’il est brisé.

Autrement dit notre jugement n’est en rien erroné (il n’y a donc pas erreur en toute rigueur) et il y a pourtant illusion perceptive.

Question : Peut-on alors, sans difficulté, réduire toute illusion à l’erreur ?

Troisième problème ; Peut-on dire vraiment que ces deux notions se situent sur le même plan (qu’elles sont réductibles l’une à l’autre ou que l’une est la partie de l’autre) ?

N’y a-t-il pas dans la notion d’illusion, contenue implicitement, celle de déception ? Si oui, qu’elles en sont les conséquences ?• L’erreur semble appartenir au domaine — si l’on peut dire — du rationnel, l’affectivité ne concernant pas —en elle-même— l’erreur (sauf éventuellement dans ses conditions d’apparition). En est-il de même pour l’illusion? N’y a-t-il pas — indissolublement lié à la notion d’illusion— un caractère appréciatif qui n’apparaîtrait pas aussi indiscutablement eh ce qui concerne l’erreur ?

Dernière direction de recherche (ce qui ne signifie pas qu’il n’y en aurait pas d’autres) : L’erreur peut-elle être source d’illusion, et vice versa ?

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