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Liberté et nécessité

Publié le 30/03/2014

Extrait du document

 
L'autonomie est moins la liberté qui sort de la présence sensible immédiate
et qui se détache d'elle que, bien plutôt, la liberté au sein même de cette présence.
F. Hegel, Propédeutique philosophique, Phénoménologie de l'esprit «, § 33,
Denoël-Gonthier, 1977.

    Mais comment penser l’espace d’une liberté habitée par le nécessaire ? Peut-être faudrait-il distinguer entre nécessité pure et détermination ? Une pierre déterminée à se mouvoir, on lui fait commencer son mouvement, mais on ne lui donne pas la nécessité de rouler. La pierre ne peut commencer à se mouvoir sauf si elle est poussée ; mais l’impulsion donnée, c’est par sa propre nature que la pierre tombe. A l’échelle humaine emporté et dépendant des évènements, l’individu agira à partir de son propre jugement (l’assentiment qu’il donne à ses représentations). Il s’agit là de faire coïncider l’évènement qui ne dépend pas de nous avec l’intention qui en dépend. Le nécessaire non seulement ne fait pas obstacle à la liberté mais en est le lieu d’éclosion.

« avenir personnel fixé en avance et une nature fixée, car nos vies sont protéiformes, elles contiennent de multiples scénarios possibles.

Ce qui est mis en évidence c’est que non seulement le déterminisme n’est pas incompatible avec le chaos et l’indétermination contrairement à l’idée reçue mais aussi que l’évolution nous a conçus comme des êtres capables de changer de nature en corrélation avec le monde.

Comme le di t Dennett nous sommes des êtres «informativores», des chercheurs d’informations qui cherchent à accroître leur influence sur le monde.

On est en droit cependant de se demander dans quelle mesure l’homme est capable de sortir de ces contraintes matérielles et de s’adapter à l’ordre de la nécessité.

Quelles sont les conditions qui autorisent l’effectuation d’un acte libre ? Comment l’individu soumis à certaines formes de déterminismes peut devenir lui - même principe de détermination, retrouver son autonomie de Sujet ? Fait étrange la liberté pourrait -elle émerger au sein de l’ordre du nécessaire ? ( N.B.

on distingue l’ordre de la nécessité : les évènements se produisent ainsi et pas autrement, selon des lois fixes et universelles et le déterminisme : des con ditions étant posées au départ le phénomène ne peut pas se produire autrement, associé aux lois de la nature ou à ses régularités).

- Liberté et prédétermination : Il est certain que au sein d’un monde totalement déterminé qu i obéit à un plan tracé d’avance la liberté semble parfaitement vaine et illusoire.

Les actions humaines, leurs effets, les intentions ne feraient qu’obéir à un plan fixé d’avance.

C’est le contexte de la pensée grecque du Destin où les moires tissent et d évident le fil de la destinée.

Seulement la lecture attentive des stoïciens peut nous conduire à examiner ce point différemment et de comprendre que ce qui pouvait s’apparenter à une servitude peut devenir le lieu d’édification de la liberté.

Mais précisém ent les stoïciens combattent avec virulence l’argument paresseux, « argos logos ».

Cicéron dans le De Fato s’interroge sur la valeur de cette maxime, qui si nous l’admettions nous obligerait à rester toute notre vie dans une complète inaction.

« Si ton des tin est de guérir de cette maladie, tu guériras que tu aies ou non appelé le médecin ; de même si ton destin est de ne pas guérir tu ne guériras pas, que tu aies appelé ou non le médecin, or ton destin est l’un ou l’autre, il ne convient donc pas d’appeler le médecin. » Or il serait peut -être nécessaire d’opérer une distinction entre le fatalisme et le destin.

Prétendre que le cours des évènements est fixé d’avance en dehors de l’homme c’est une chose (Destin).

En revanche prétendre que l ’homme est irrémédiablement condamné à l’attente et à la résignation, c’est un pas de plus qui reste à franchir.

Les stoïciens développent au contraire une théorie originale qui permet d’articuler Destin (nécessité extérieure) et liberté(intérieure), c'est -à-dire le fait que ce qui arrive (maladie , vieillissement, réussite sociale) ne dépend pas de moi (ou dans une infime partie) ne m’ôte pas la possibilité de l’action et la disposition intérieure.

Je peux m’y préparer et mieux tolérer l’ordre des choses.

En effet dans la représentation stoïcienne du monde les évènements sont dans leur intégralité « confatalia » c'est -à-dire enchaînés les uns aux autres et déterminés de toute éternité par les dieux.

L’écoulement du temps d’un moment à l’autre ressemble au d éroulement d’un câble qui ne produit rien de nouveau.

Et comme la nature n’attend pas notre libre initiative pour réaliser ses évènements, nous avons le choix entre « être entraîné » ou « suivre de bon gré ».

Paradoxe ultime la liberté qui se découvre non dans l’opposition à l’ordre des évènements mais dans la coïncidence avec la volonté divine.

« Vouloir les évènements tels qu’ils se produisent ».

A savoir que la liberté a lieu au sein même de la nécessité et de la compréhension de l’ordre des évènements.

Pour mieux être. »

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