Peuple et foule
Publié le 07/04/2014
Extrait du document
Peuple et foule:
Le peuple est donc le "barbare intérieur". Le Socialisme insiste sur la nécessité pour les "masses" laborieuses9 de se rappeler la façon dont la bourgeoisie a tendance à confisquer à son profit les révolutions; elle enjoint au peuple de se constituer en "groupe de pression autonome", qui doit développer ce que Marx appelle une "conscience de classe10". A l'inverse, les administrateurs, les hommes politiques, les romanciers et les philanthropes voient dans toute forme d'"irrédentisme populaire11", associé à des revendications d'ordre social et politique, le risque fatal de la dégradation du peuple en foule. Le peuple est considerèe barbare et incarne la foule dans ce qu'elle a de plus dangereux et de plus négatif.
La fonction des individus supérieurs est d’injecter rationalité et logique dans la société, mais sous une forme qui soit recevable pour les "masses", donc qui soit en accord avec les "croyances” de la "race". Ces hommes supérieurs doivent dominer, canaliser, et convaincre la masse. Mais il est une circonstance dans laquelle la "masse" ne peut être gouvernée: lorsqu'elle devient "foule", c'est à dire un groupe d'individus qui réagissent qu'en fonction de sollicitations qui s'adressent à ce socle inconscient. Alors, celui qui appartient à la foule se dégrade, il devient un "barbare" qu'on ne peut ni raisonner ni convaincre. Il n'est plus qu'un "animal" . lla foule se montre versatile, encline à la violence , ce qui révèle sa nature "féminine".
"L'avènement des classes populaires à la vie politique, leur transformation progressive en classe dirigeante [sic], est une des caractéristiques les plus saillantes de notre époque de transition. (...) Aujourd'hui, les revendications des foules deviennent de plus en plus nettes, et tendent à détruire de fond en comble la société actuelle, pour la ramener à ce communisme primitif qui fut l'état normal de tous les groupes humains avant l'aurore de la civilisation. (..) L'avènement des foules marquera peut-être une des dernières étapes des civilisations de l'occident, un retour vers ces périodes d'anarchie confuse précédant l'éclosion des sociétés nouvelles. Mais comment l'empêcher ?
Jusqu'ici les grandes destructions de civilisations vieillies ont constitué le rôle le plus clair des foules. L'histoire enseigne qu'au moment où les forces morales, armature d'une société, ont perdu leur action, la dissolution finale est effectuée par ces multitudes inconscientes et brutales justement qualifiées de barbares. Les civilisations ont été crées et guidées jusqu'ici par une petite aristocratie intellectuelle, jamais par les foules. Ces dernières n'ont de puissance que pour détruire. Leur domination représente toujours une phase de désordre. Une civilisation implique des règles fixes, une discipline, le passage de l'instinctif au rationnel, la prévoyance de l'avenir, un degré élevé de culture, conditions totalement inaccessibles aux foules, abandonnées à elles-mêmes" .
L’individu dans la foule perd le contrôle de sa conscience et de ses actes.
"L'âge où nous entrons sera véritablement l'ère des foules.
Il y a un siècle à peine, la politique traditionnelle des Etats et les rivalités des princes constituaient les principaux facteurs des événements. L'opinion des foules, le plus souvent, ne comptait pas. Aujourd'hui, les traditions politiques, les tendances individuelles des souverains, leurs rivalités pèsent peu. La voix des foules est devenue prépondérante. (...)
L'avènement des classes populaires à la vie politique, leur transformation progressive en classes dirigeantes, est une des caractéristiques les plus saillantes de notre époque de transition".
L’opposition intèrieur extèrieur est double d’una autre opposition: personnes\animaux:
Le roman joue su l’opposition de deux categories: humain / animal. Il y a beaucoup d'images ou de métaphores zoomorphes appliquées aux mineurs et à la leur vie: elles viennent traduire et renforcer la situation d'exploitation et d'aliénation qui est celle des mineurs, et qui deviant déshumanisation. En même temps que les ouvriers sont ravalés au rang d'animaux, le narrateur utilize une métaphore anthropomorphe approximative et complexe : la dévoration quotidienne des mineurs.
Voici un monde dans lequel les ouvriers sont réduits au statut d'animaux. A travers le registre du mythe s'affirme ainsi la représentation d'un monde radicalement barbare.
Il y a le thème de l'animalisation et de la déshumanisation, qui ne dècrit pas la condition et l'être des mineurs .
Et en ce sens la référence au sexe, à l'ordure est exprimèe atravers des métaphores zoomorphes et déshumanisantes.
Zola fait intervenir cette écriture de la déshumanisation dans une perspective humaniste.
Cette écriture relève d'une veine descriptive qui transforme le peuple des mineurs en "troupeau” (mandria) qui implique la convocation d'un bestiaire qui permet d'individualiser les protagonistes : Jeanlin ressemble à un singe(scimmia), et la Levaque, comme un chien.
La littéralisation de la métaphore animale a fonction de provocation : elle dénude le caractère radical et insupportable de l'exploitation que subissent les mineurs, la dénaturation physique constitue l'aboutissement.C'est dans la foule - c'est à dire dans les scènes de foule - que va s'accomplir l'animalité du "peuple des mineurs", de cette "armée des travailleurs".
Il existe un devenir animal, régressif, que symbolise la foule, et particulièrement la foule féminine.
Liens utiles
- Dans une de ses «Lettres à Angèle» (1898-1900), reprises dans Prétextes, André Gide conseille à un poète de se méfier d'«une idolâtrie grave, que certains enseignent aujourd'hui» et qui est «celle du peuple, de la foule». Et il ajoute un peu plus loin que «la communication (avec les foules) ne s'obtient que sur les points les plus communs, les plus grossiers et les plus vils. Sympathiser avec la foule, c'est déchoir». Et il s'objecte sans doute à lui-même qu'il y a des cas où la créati
- Vous analyserez la page suivante, en vous demandant si elle n'illustre pas la doctrine poétique de Paul Valéry : Je passais il y a quelque temps sur le Pont de Londres, et m'arrêtai pour regarder ce que j'aime : le spectacle d'une eau riche et lourde et complexe parée de nappes de nacre, troublée de nuages de fange... Je fus arrêté par les yeux; je m'accoudai contraint comme par un vice. La volupté de voir me tenait, de toute la force d'une soif, fixé à la lumière délicieusement compos
- Un grand peuple sans âme est une vaste foule.
- Le peuple dans le roman français de Zola a Céline
- dissertation en HLP: Que pensez-vous de la vision que donne Bougainville du peuple tahitien?