Devoir de Philosophie

Peut-on dire que Tancredi est un « homme nouveau » ?

Publié le 07/04/2014

Extrait du document

Peut-on dire que Tancredi est un « homme nouveau « ? 

 

Le Guépard de Lampedusa montre qu’une relation privilégiée existe entre le Prince et Tancredi. D’ailleurs, Don Fabrizio le considère comme « son fils, le vrai « ce qui en fait un personnage des plus importants. Dans un contexte historique houleux et menaçant pour la noblesse sicilienne, Tancredi semble se présenter comme un opportuniste, un « homme nouveau «. Qu’est-ce qui concoure alors à le présenter de la sorte ? D’abord, Tancredi se démarque d’une noblesse qui stagne de par son engagement politique. Enfin, son caractère opportuniste et d’avant-garde fait de lui un souffle d’action et de renouveau. 

 

Dans la première partie, le Prince considère d’abord l’engagement politique de son neveu comme étant du au contexte lorsqu’il est dit que « Tancredi, pour son oncle, ne pouvait jamais avoir tort, et donc la véritable faute était due à l’époque «. Ainsi, Don Fabrizio pense que Tancredi est une victime de la situation historique alors qu’en réalité, il s’agit là d’un choix stratégique qui pousse le jeune homme à redynamiser la noblesse, se complaisant depuis longtemps dans un certain « laisser aller «. D’ailleurs, le Prince de Salina est outré du choix de Tancredi de s’allier aux troupes garibaldiennes : « UN Falconeri doit être avec nous, pour le Roi ! «. Tancredi se met délibérément à l’encontre des principes et valeurs de la noblesse ce qui le place comme un satellite indépendant, avec une attitude inattendue et nouvelle. Ainsi, il annonce dès la première partie le leitmotiv de tout le roman en disant « si nous ne sommes pas là nous non plus, ils vont nous arranger la république. Si nous voulons que tout reste tel quel, il faut que tout change. Est-ce clair ? «. Cette détermination et la réflexion sur ce paradoxe montre que le jeune aristocrate fait preuve de beaucoup de pertinence, ce qui d’ailleurs, semble plaire au Guépard et tend à être considéré par ce dernier. Il incarne l’image de « l’aristocrate libéral «, expression quasi paradoxale qui plus est. Cet engagement dans la révolution est appuyé par le caractère opportuniste et finement stratégique de Tancredi. 

 

Tancredi agit, comme dit précédemment, en atome libre. Ainsi, lors du voyage à Donnafugata, il voyage seul, à cheval. Cette propension à s’écarter du cocon de la noblesse lui confère une nature presque pionnière : ce jeune homme a des ambitions, est promis à un « grand avenir « comme le dit le Prince et c’est d’ailleurs ce qui le pousse à faire des choix peu conventionnels pour sa classe. Ainsi, il décide d’épouser Angelica, une bourgeoise, au lieu de Concetta pour « reprendre possession de la Sicile, de la terre belle et perfide sur laquelle les Falconeri avaient des siècles durant agi en maîtres «. Mais, toujours soucieux des apparences, il n’en reste pas moins attentif quant aux faits et gestes de sa dulcinée. C’est alors que, lorsque Angelica rend visite pour la toute première fois à la famille Salina « chaque geste, chaque mot semblent suggérés par Tancredi «. De même, il donne de brèves leçons à sa future femme quant à la manière d’admirer les meubles de la demeure des Salina : en effet, la jeune bourgeoise ne connaît strictement rien à l’étiquette ! Pour finir, on peut donc dire que c’est Angelica qui, au cours du roman s’ennoblira et non Tancredi qui s’embourgeoisera : il restera ce jeune homme opportuniste avec chic, ironique avec politesse, stratège sans perfidie. 

 

Force est donc de constater que le personnage de Tancredi est un des moteurs de l’action dans le roman et fait office d’une figure nouvelle, tant pour sa façon d’appréhender ce monde bourgeois en devenir que pour la fraîcheur de sa jeunesse et de ses ambitions.

Liens utiles