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La fin du Système et la banqueroute de Law (1720).

Publié le 02/02/2013

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La fin du Système et la banqueroute de Law (1720). « Hier mercredi, 17 juillet, la rue Vivienne fut remplie de quinze mille hommes, dès trois heures du matin. La foule fut si considérable qu'il y eut seize personnes d'étouffées avant cinq heures. Cela fit retirer le peuple. On en porta cinq au long de la rue Vivienne ; mais à six heures on en porta trois à la porte du Palais-Royal. Tout le peuple suivait en fureur ; ils voulurent entrer dans le palais, qu'on ferma de tous les côtés. On leur dit que le Régent était à Bagnolet, qui est une maison de campagne de Mme la Régente ; le peuple répondit que ce n'était pas vrai, qu'il n'y avait qu'à mettre le feu aux quatre coins et qu'on le trouverait bientôt. C'était un tapage affreux par tout ce quartier-là. Une bande porta un corps mort au Louvre. Le maréchal Villeroi leur fit donner cent livres. Une autre bande se jeta du côté de la maison de M. Law, et ils cassèrent toutes les vitres ; on fit entrer des Suisses pour la garder. Pendant ce temps, M. le Régent avait peur ; on n'osa pas faire paraître de troupes ; Rocheplatte, un de ses officiers de garde, avait fait entrer cinquante soldats. Quand ils eurent pris leurs mesures en dedans, à neuf heures, ils ouvrirent leurs portes, et en un moment les cours furent pleines de quatre à cinq mille personnes. M. Le Blanc, secrétaire d'Etat de la guerre, y vint avec une garde de gens déguisés. M. le duc de Tresmes, gouverneur de Paris, y entra ; tout le peuple entoura son carrosse ; il jeta de l'argent, même de l'or ; et il eut ses manchettes déchirées. M.Law y vint aussi dans son carrosse, dans la grande cour. Quand son cocher vit cette populace, il commença à dire qu'il faudrait faire pendre quelqu'un de ces Parisiens. Cette insolence anima le peuple ; on ne lui fit pourtant rien dans le palais, mais il sortit seul avec le carrosse. Une femme tenant la bride de ses chevaux lui dit : " S'il y avait quatre femmes comme moi, tu serais déchiré dans le moment. " Elle avait perdu son mari. Il descendit, et lui dit : " Vous êtes des canailles ! " Le peuple le suivit, brisa le carrosse, et maltraita si fort le cocher... qu'il mourra, dit-on, aujourd'hui... Il ne s'en est guère fallu qu'il n'y ait une sédition entière... On a enterré des gens morts et cela s'est apaisé. Law voulait sortir, mais on l'en empêcha. Il est demeuré dans le Palais-Royal pendant huit jours sans sortir. Le Régent s'habillait pendant ce fracas ; il était blanc comme sa cravate, et ne savait ce qu'il demandait... Depuis ce jour-là, la banque n'a point été ouverte, et l'on ne paye nulle part, en sorte que l'on se passe d'argent à grand peine. Et pourtant on est si accoutumé au luxe et au plaisir... que malgré la misère générale où on est (puisque dans les meilleures maisons, il n'y a pas un sol, et que la circulation des choses nécessaires à la vie et à l'entretien, se fait par crédit, tout le monde crie et se plaint), cependant je n'ai jamais vu un spectacle plus rempli et plus superbe qu'hier, mercredi 20 novembre, à l'Opéra... Il est impossible que le Régent, en voyant tout cela, se repente, ni soit touché de tous les maux qu'il fait. « (Journal de Barbier.) Voltaire donne ses conclusions sur les conséquences du Système : « Il développa le commerce, et malgré la ruine de bien des particuliers, accrut la fortune publique. Ce système éclaira les esprits comme les guerres civiles aiguisent le courage. C'était la conséquence de l'impulsion nouvelle donnée au crédit. « L'opinion de Voltaire sur les conséquences favorables de l'affaire de Law n'est point partagée par les contemporains. Le trouble que cette aventure jeta dans les fortunes et surtout dans les consciences et les esprits ne fut pas compensé, comme il le dit, par un redoublement de la fortune publique. Si le Système developpa l'idée de crédit, il le ruina pour longtemps.
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« s'habillait pendant ce fracas ; il était blanc comme sa cravate, et ne savait ce qu'il demandait...

Depuis ce jour-là, la banque n'a point été ouverte, et l'on ne paye nulle part, en sorte que l'on se passe d'argent à grand peine.

Et pourtant on est si accoutumé au luxe et au plaisir...

que malgré la misère générale où on est (puisque dans les meilleures maisons, il n'y a pas un sol, et que la circulation des choses nécessaires à la vie et à l'entretien, se fait par crédit, tout le monde crie et se plaint), cependant je n'ai jamais vu un spectacle plus rempli et plus superbe qu'hier, mercredi 20 novembre, à l'Opéra...

Il est impossible que le Régent, en voyant tout cela, se repente, ni soit touché de tous les maux qu'il fait.

» (Journal de Barbier.) Voltaire donne ses conclusions sur les conséquences du Système : « Il développa le commerce, et malgré la ruine de bien des particuliers, accrut la fortune publique.

Ce système éclaira les esprits comme les guerres civiles aiguisent le courage.

C'était la conséquence de l'impulsion nouvelle donnée au crédit.

» L'opinion de Voltaire sur les conséquences favorables de l'affaire de Law n'est point partagée par les contemporains.

Le trouble que cette aventure jeta dans les fortunes et surtout dans les consciences et les esprits ne fut pas compensé, comme il le dit, par un redoublement de la fortune publique.

Si le Système developpa l'idée de crédit, il le ruina pour longtemps.. »

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