ALAIN
EXEMPLES DE RECHERCHE
Le miracle de la peinture, c'est que ce feu de société, ce reflet d'opinions et de jugements, chose par excellence mobile et décevante, fait un objet durable et désormais immobile. Cette âme, par exemple la Joconde, ou la Vierge du Mariage, cette âme est à saisir ; elle ne se dérobe point ; mais aussi elle ne se divise point ; elle ne s'explique pas, mais elle s'offre. Ce qui au monde est le moins objet est devenu objet ; on le possède en une apparence immuable et suffisante ; c'est à nous, par une sympathie qui ne troublera pas cette image, par une sympathie qui peut hésiter, se tromper, revenir, c'est à nous de comprendre ce langage sans paroles. Cette confidence est sans fin, et éveille en nous un développement parallèle, sans paroles aussi ; non pas une suite d'instants, mais une suite de moments où toute une vie, passé, présent, avenir, est rassemblée. D'où cette contemplation véhémente dont je parlais. C'est le propre de l'apparence qu'elle exprime tout, et qu'elle suffit ; mais seule la peinture fixe l'apparence ; et seule la grande peinture choisit justement l'apparence à laquelle nous avions voulu nous arrêter. C'est ainsi que le vrai peintre, par refus de penser, c'est-à-dire de définir, et par choisir seulement les moments en écartant les instants, a préparé son précieux objet pour une contemplation sans fin.ALAIN
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L’extrait de texte d’Alain qui est proposé a pour objet la peinture et va permettre à Alain de développer une véritable théorie de la peinture. En effet, à travers l’extrait, Alain va chercher à comprendre ce qu’est la peinture et qu’elle est son « miracle ». Autrement dit, il s’agit ici de développer une théorie positive de peinture comme apparence fixe et immuable d’un objet immatérielle. En ce sens, Alain entend redonner ses lettres de noblesse à la peinture qu’une conception et une critique platonicienne lui avait fait perdre ou relativiser. Ainsi, Alain cherchant à comprendre comment la peinture peut saisir dans son objet une âme, ce qu’elle est ; et dès lors ce que cela implique par rapport au sujet à travers notamment la question de la contemplation et du dialogue « sans parole » avec le tableau ; définissant, implicitement, en dernier lieu une typologie ou hiérarchie des arts de l’apparence, ainsi que le vrai peintre.
Dans ce cas, il semble que l’extrait se structure selon trois moments : le premier allant jusqu’à « elle ne s'explique pas, mais elle s'offre. » portant sur la question du miracle de la peinture et de sa relation avec l’âme ; le second de « Ce qui au monde est le moins objet est devenu objet… » à « D'où cette contemplation véhémente dont je parlais » dont l’objet sera la question de la contemplation et du dialogue paradoxal sans parole, amenant ainsi à un troisième moment, de « C'est le propre de l'apparence qu'elle exprime tout… » à la fin, définissant une hiérarchie des arts et le vrai rôle du peintre.
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