Alain: Conscience et sommeil
EXEMPLES DE RECHERCHE
Dans le sommeil, je suis tout ; mais je n'en sais rien. La conscience suppose réflexion et division. La conscience n'est pas immédiate. Je pense, et puis je pense que je pense, par quoi je distingue Sujet et Objet, Moi et le monde. Moi et ma sensation. Moi et mon sentiment. Moi et mon idée. C'est bien le pouvoir de douter qui est la vie du Moi. Par ce mouvement, tous les instants tombent au passé. Si l'on se retrouvait tout entier, c'est alors qu'on ne se reconnaîtrait pas. Le passé est insuffisant, dépassé. Je ne suis plus cet enfant, cet ignorant, ce naïf. A ce moment-là même j'étais autre chose, en espérance, en avenir. La conscience de soi est la conscience d'un devenir et d'une formation de soi irréversible, irréparable. Ce que je voulais, je le suis devenu. Voilà le lien entre le passé et le présent, pour le mal comme pour le bien. Ainsi le moi est un refus d'être moi, qui en même temps conserve les moments dépassés. Se souvenir, c'est sauver ses souvenirs, c'est se témoigner qu'on les a dépassés. C'est les juger. Le passé, ce sont des expériences que je ne ferai plus. Un artiste reconnaît dans ses oeuvres qu'il ne s'était pas encore trouvé lui-même, qu'il ne s'était pas encore délivré ; mais il y retrouve aussi un pressentiment de ce qui a suivi. C'est cet élan qui ordonne les souvenirs selon le temps. ALAIN.
![]()
Qui dit "je" quand je dis je dis "je" ? Cette question semble stupide tant il parait évident que c'est moi. Mais qui suis-je moi qui pense? Un être dont l'essence est de penser dira Descartes. Mais qu'est-ce à dire? Toute question sur le sujet que je suis apparaît en même temps absolument simple et impossible puisque la définition semble se résoudre abruptement en tautologie. Cette question de l'essence de la conscience, de l'essence du sujet pensant, Alain l'aborde de front sans se dérober à la difficulté dans ce texte qui parait simple mais dont la technicité métaphysique est réelle.
Dès que l'on fait de la pensée, de l'activité de la conscience le propre de l'homme, il n'est pas possible de ne pas se référer à la solution cartésienne qui fit de la pensée la substance de l'âme. Cette solution, que les successeurs de Descartes ont tenté de préciser dans de nombreuses directions, n'est pas ici acceptée par l'auteur. Au contraire, dans ce qui est à la fois une opposition et un hommage à Descartes, Alain pose la conscience comme un acte, un mouvement une activité et non plus comme un substrat sur lequel repose les accidents.
La pensée de l'auteur suit un plan rigoureux qui propose une démonstration entièrement, positive. Dans un premier temps ("Dans le sommeil... vie du moi"), il définit le sujet du point de vue de l'idée pure, dans l'élément logique. Puis dans une seconde partie ("Par ce mouvement ...comme pour le bien"), suivant un mouvement d'incarnation, il lie cette définition avec la notion de temps, pour enfin terminer, dans sa dernière partie, par le moi entièrement concret tel que l'offre la particularité d'un exemple (Ainsi le moi... Selon le temps".')
Corrigé directement accessible
Le corrigé du sujet "Alain: Conscience et sommeil" a obtenu la note de :
9 / 10
Alain: Conscience et sommeil