MERLEAU-PONTY: Autrui comme alter-ego
EXEMPLES DE RECHERCHE
Autrui ou moi, il faut choisir, dit-on. Mais on choisit l'un contre l'autre, et ainsi on affirme le conflit. Autrui me transforme en objet et me nie, je transforme autrui en objet et le nie, dit-on. En réalité le regard d'autrui ne me transforme en objet, et mon regard ne le transforme en objet, que si l'un et l'autre nous nous retirons dans le fond de notre nature pensante, si nous nous faisons l'un et l'autre regard inhumain, si chacun sent ses actions, non pas reprises et comprises, mais observées comme celles d'un insecte. C'est par exemple ce qui arrive quand je subis le regard d'un inconnu. Mais même alors, l'objectivation de chacun par le regard de l'autre n'est ressentie comme pénible que parce qu'elle prend la place d'une communication possible. Le regard d'un chien sur moi ne me gêne guère. Le refus de communiquer est encore un mode de communication. La liberté protéiforme, la nature pensante, le fond inaliénable, l'existence non qualifiée, qui en moi et en autrui marque les limites de toute sympathie, suspend bien la communication, mais ne l'anéantit pas. Si j'ai affaire à un inconnu qui n'a pas encore dit un seul mot, je peux croire qu'il vit dans un autre monde où mes actions et mes pensées ne sont pas dignes de figurer. Mais qu'il dise un mot, ou seulement qu'il ait un geste d'impatience, et déjà il cesse de me transcender : c'est donc là sa voix ce sont là ses pensées, voilà donc le domaine que je croyais inaccessible. Chaque existence ne transcende définitivement les autres que quand elle reste oisive et assise sur sa différence naturelle.MERLEAU-PONTY
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Autrui, c’est ce qui n’est pas moi. Est-ce pour autant que l’on ne pourra jamais accéder à autrui ? Pour Maurice Merleau-Ponty, le philosophe de la perception, héritier de la phénoménologie de Husserl, il est certain que l’on connaît l’autre dès lors qu’on le perçoit, mais le problème réside dans le mode de perception d’autrui. Comment puis-je avoir accès à l’autre ? Peut-on connaître l’autre comme on se connaît soi-même, ou l’appréhendons-nous seulement comme le reste du monde qui nous entoure, comme un objet ? Dans cette acception, l’expression « alter ego » n’a plus cours, car si autrui est un « autre moi », il semble qu’on puisse le connaître plus intimement… Quelle est la relation possible avec autrui : c’est tout l’enjeu de ce texte de Merleau-Ponty, extrait de son ouvrage Phénoménologie de la perception.
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