Saint Augustin
EXEMPLES DE RECHERCHE
C'est en toi, mon esprit, que je mesure le temps. Ne me fais pas d'objection : c'est un fait. Ne m'objecte pas le flot désordonné de tes impressions. C'est en toi, dis-je, que je mesure le temps. L'impression que produisent en toi les choses qui passent persiste quand elles ont passé : c'est elle que je mesure, elle qui est présente, et non les choses qui l'ont produite et qui ont passé. C'est elle que je mesure quand je mesure le temps. Donc ou bien le temps est cela même, ou bien je ne mesure pas le temps. [...] Sans le secours de la voix ni des lèvres, nous nous débitons en pensée des poèmes, des vers, des discours, et nous évaluons l'étendue de leur déroulement, de leur durée, les uns par rapport aux autres, exactement comme si nous les récitions à haute voix. Si quelqu'un veut prononcer un son prolongé et en déterminer à l'avance, dans son esprit, la longueur, il prend en silence la mesure de cette durée, et la confiant à sa mémoire, il commence à proférer ce son qui retentit jusqu'à ce qu'il atteigne le terme fixé. Que dis-je, il retentit? Il a retenti et il retentira : car ce qui de ce son s'est écoulé a retenti ; ce qui reste retentira, de la sorte il s'accomplit, l'attention présente faisant passer l'avenir dans le passé, et le passé s'enrichissant de ce que perd l'avenir, jusqu'à ce que par l'épuisement de l'avenir, tout ne soit plus que passé. Saint Augustin
![]()
La tension spirituelle qui se produit lors du triple effort d'attention, de mémorisation et d'anticipation apparaît comme la mesure originaire du temps, fondement de toute mesure objective.
On voit ici comment la théorie du triple présent, analysée au chapitre précédent, s'appuie sur la possibilité de la distension de l'âme. Celle-ci est donatrice de la durée véritable et permet de prendre la mesure du passage du temps.
On remarquera que la distension de l'âme conjugue à la fois une passivité et une activité psychiques. L'impression laissée par les choses passées suppose une passivité de l'âme, qui se laisse graver comme une cire vierge. Cependant, en se laissant impressionner, l'âme n'en est pas moins active puisqu'elle se tend. Il convient donc de penser comme un seul et même phénomène la passivité de l'impression et l'acte de la tension.
On notera également un autre trait frappant de l'analyse augustinienne : si le temps qui passe est antérieur aux traces qu'il laisse dans l'esprit, ce sont pourtant ces traces qui permettent après-coup de conférer une unité originaire aux trois moments du temps en les unifiant dans la durée.![]()
HTML clipboard
- Thème (ce dont il est question) : Il s’agit ici d’un extrait d’un texte de Saint Augustin dans lequel l’auteur cherche à expliquer la manière dont l’esprit perçoit et conçoit le temps.
- Problème (ce qui fait question) : Saint Augustin pose la question de savoir à la fois si il est possible de mesurer le tems, et en partant d’une sensation, d’une impression de successions, comment le temps est mesuré par l’esprit.
- Thèse (proposition philosophique défendue par l’auteur) : Pour Saint Augustin, la sensation ou impression que l’on a du temps est possible grâce à une distension de l’âme qui tout en étant attentive à chaque instant, est capable de mémoriser et d’anticiper.
- Structure (manière dont est composée le texte) à Si le commentaire est composé, il faut dégager 3 thèmes, 3 manière d’aborder le problème par l’auteur, et dans le corps du commentaire, commenter et développer ces thèmes en s’appuyant sur le texte, sans le suivre linéairement. Si le commentaire est linéaire, il est possible de découper le texte en 2 ou 3 parties, de dégager leur thème, et de les commenter ligne à ligne. Etant donné la longueur du texte et sa cohérence, il convient mieux ici de le découper seulement en 2 parties.
Corrigé directement accessible
Le corrigé du sujet "Saint Augustin" a obtenu la note de :
aucune note
Saint Augustin