Vocabulaire: COMMERCIAL, -ALE, -AUX, adjectif. A.— Relatif au commerce des biens. Il reçoit le contrecoup des crises commerciales (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 40) : Ø 1. Les nécessités de la grande industrie se sont traduites par un accroissement en proportions inouïes des forces de transport, de sorte que le mouvement commercial n'a pas cessé et ne cesse pas de s'étendre. PAUL VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géographie humaine, 1921, page 80. SYNTAXE : Actes, effets commerciaux (confer commerce I A). Balance, liberté, maison, opération commerciale (confer commerce I A). Affaire, publicité commerciale; l'activité commerciale d'un pays; les relations commerciales entre deux nations; le système commercial d'un état; entreprise, société commerciale. — En particulier. 1. En vente dans le commerce : Ø 2. Les savons usuels ont l'inconvénient d'être souvent trop alcalins; (...) les shampooings commerciaux (...) sont plutôt acides. ENCYCLOPÉDIE MÉDICALE DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET. 1965, page 317. 2. Qui a cours ou est en usage dans le commerce. La présente (style commercial) n'est que pour vous remercier relativement aux traductions (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1876, page 297 ). Toute la journée, (...) je fais de l'anglais commercial effroyablement rapide (JACQUES RIVIÈRE, Correspondance [avec Alain-Fournier] , 1905, page 18 ). · Valeur commerciale. Prix de vente d'un produit dans le commerce. Confer valeur marchande. La valeur commerciale élevée de ces poissons (JEAN-MARIE PÉRÈS, La Vie dans l'océan, 1966, page 180 ). · Format commercial. Confer format. C'était une enveloppe blanche, de format commercial (GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Notaire du Havre, 1933, page 139 ). Des fiches de tous formats ou de documents atteignant au maximum le format commercial (L'Histoire et ses méthodes (sous la direction de Charles Samaran) 1961, page 785 ). 3. DROIT (INSTITUTIONS). Qui a pour objet la réglementation ou l'enseignement de la pratique commerciale. Droit commercial, législation commerciale; école commerciale, institut commercial, École des hautes études commerciales (Hautes Études Commerciales (HEC)). B.— Par métonymie. Dont le commerce des biens est l'occupation ou la destination. 1. [En parlant de pers] Qui travaille dans le commerce. Agent* commercial, attaché* commercial, directeur* commercial. — [En parlant d'une qualité ou d'une qualification] Qui manifeste un don pour le commerce : Ø 3. Dénué de tout esprit commercial, il [mon père] était plus propre à lire ses livres qu'à les vendre. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Vie en fleur, 1932, page 562. 2. [En parlant d'un lieu] Centre* commercial, quartier commercial, rue commerciale. Qui groupe tous les magasins et boutiques propres au commerce. La rua del villar, qui est le centre commercial (ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1963, page 272) : Ø 4.... il apparaît qu'un complexe de 8 000 à 10 000 logements, (...) peut comprendre : — un équipement commercial complet où peuvent être représentées toutes les catégories de commerces : grands magasins de formule moderne, restaurants, cinémas et commerces spécialisés... Les Grands ensembles d'habitation. 1963, page 12. 3. [En parlant d'objets, de productions, de manière de produire] — Péjoratif. [Dans le domaine artistique ou littéraire] Souci visant à attirer le plus large public possible sans se soucier d'abord de la qualité (voir Tenot 1967). Disque, film, livre commercial. Il fut scénariste et assistant avant de diriger des films commerciaux (GEORGES SADOUL, Histoire d'un art, 1949, page 196) : Ø 5. Quant à la littérature, je crois qu'elle pourrait te rapporter suffisamment, mais (...) en travaillant d'une manière hâtive et commerciale où tu finirais bientôt par perdre ton talent. GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1859, page 342. — Voiture commerciale et par ellipse une commerciale. Voiture automobile aménagée en petite fourgonnette pour le transport de marchandises. Remarque : La plupart des dictionnaires généraux enregistrent le substantif féminin commercialité. Qualité de ce qui est commercial. Commercialité d'un effet (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)-Nouveau Larousse illustré), d'une dette (Larousse du xxe. siècle en six volumes, Grand Larousse de la Langue française en six volumes), d'une rente (DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT) STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 704. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 330, b) 722; XXe. siècle : a) 1 060, b) 833. DÉRIVÉS : 1. Commercialement, adverbe En ce qui concerne le commerce, sur le plan du commerce. Ils [Les chimistes allemands] s'efforçaient de modifier certaines molécules afin d'en tirer des produits commercialement rentables (Histoire générale des sciences (sous la direction de René Taton) tome 3, volume 2, 1964, page 438 ). Péjoratif. En cherchant à attirer le plus large public possible sans se soucier d'abord de la qualité. Son récent livre [à Chaudesaigues] « Sancho Pança sur les Pyrénées », conçu commercialement, en forme de guide cocasse... est, au point de vue de l'art, une honte indicible (LÉON BLOY, Le Désespéré, 1886, page 256 ). 2. Commercialisme, substantif masculin. rare péjoratif. Action de commercialiser quelque chose; résultat de cette action. Synonyme plus courant : commercialisation. À propos du « commercialisme » des artistes contemporains, Lefebvre, le portraitiste du Prince Impérial, racontait que Vibert avait des croquis de toutes ses compositions, passées et futures (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1875, page 1054 ). De même que le Mont Saint-Michel, Paris lui-même et la plupart des villes et villages de France ont été déshonorés par un hideux commercialisme (ALEXIS CARREL, L'Homme cet inconnu, 1935, page 156 ).
