Songeons un instant au maçon qui vient d'achever la construction d'un mur si ce dernier est solide et rectiligne, nous affirmons qu'il a été bâti « dans les règles de l'art «. Il s'agit en l'occurrence d'artisanat, mais cet exemple est instructif: celui qui emploie cette expression suppose que le maçon, « l'homme de l'art «, peut et doit se conformer à des règles. Reste à savoir si l'on peut transposer ce schéma dans le domaine des beaux-arts. Ils réalisent eux aussi des productions. Pourquoi ne pourraient-ils pas suivre certaines règles ? Bien plus, ne doivent-ils pas le faire sous peine d'aboutir à des oeuvres absurdes ou incohérentes ? Mais quelle serait alors la nature des « règles de l'art « ? Seraient-elles de simples conseils donnés à l'artiste par ses maîtres, des recettes traditionnelles ou bien encore des lois édictées par la raison ? Soumettre l'art à des règles serait pourtant négliger un caractère fondamental de l'art : la recherche de l'originalité. Le processus de création artistique ne fait-il pas nécessairement éclater toutes les règles qu'on tente de lui imposer ? L'art n'est pas inévitablement hostile à l'idée de se soumettre à des règles, car il est avant tout une production. Il vise la création d'une oeuvre belle, poème, tableau ou chorégraphie. L'artiste doit donc maîtriser tous les moyens qui permettent d'atteindre ce but. Entre le projet initial et la fin de son activité s'intercale un certain nombre d'opérations dont il faut suivre l'ordre. Que pourrait donc produire l'artiste s'il s'engageait en aveugle dans la réalisation d'une oeuvre? Comme le souligne le poète latin Horace dans l'Art poétique, une telle démarche, privée de guide et de réflexion, façonnerait de véritables monstres esthétiques. Comme toute réalisation humaine, l'art peut et même doit se soumettre à des règles, sous peine d'échouer. Tout comme dans l'artisanat, les règles de l'art prennent ici la forme de conseils donnés par le maître à ses élèves, plutôt que d'impératifs universels et absolus : Vorace conseille aux jeunes poètes de lire les auteurs classiques, de prendre le temps de composer ou de recomposer souvent leurs textes.
I) L'art est soumis à des règles
II) L'application de règles conduit à la lassitude et à l'indifférence
III) Les règles entravent la force créative de l'art, son originalité
IV) Certains types d'art nécessite l'application de règles
A partir du XVIIe siècle, le terme de "beaux-arts" est utilisé pour distinguer les arts qui visent la représentation du beau des "arts" qui sont de simples techniques (menuiserie, par exemple). Les beaux-arts comprennent l'architecture, la sculpture, la peinture, la danse, la musique et la poésie. De nos jours, le terme a une acception plus restreinte et désigne surtout les arts plastiques (architecture, gravure, peinture, sculpture).
L'ordre naturel repose sur des lois que la raison est capable de découvrir. L'ordre social repose sur des décrets qui, idéalement, devraient être des décrets de la raison et qui, de fait, dépendent plus des circonstances, d'intérêts politiques, économiques ponctuels.