Avant de chercher à proposer une réflexion sur cette question, nous devons d’abord prendre garde à sa considérable extension. En effet, si nous nous demandons si « à l’artiste tout est permis ? « ce « tout « englobe une extrême pluralité de questions : parlons-nous de permissions uniquement dans le domaine artistique ? Ou bien dans le domaine de l’action dans le monde, ce qui nous inviterait à questionner la singularité du personnage social qu’est l’artiste, à nous demander s’il détient des permissions d’actions et de pensées inconnues aux autres hommes ? Nous prendrons le parti de limiter notre réflexion à ce qui fait la spécificité de l’être sur lequel nous avons à réfléchir, c'est-à-dire, nous nous bornerons à explorer les permissions qu’il détient dans la pratique de son art.
Le concept de permission désigne une autorisation donnée par une autorité, officielle ou morale, d’agir d’une certaine manière et de poursuivre certains buts. A première vue, notre concept contemporain d’artiste semble entièrement étranger à cette dimension d’autorisation, dans la mesure où l’artiste incarne généralement à nos yeux le détenteur d’une liberté radicale qui ne reconnaît pour seule autorité que la sienne. Néanmoins, cette conception n’est-elle pas historiquement datée, et des règles de l’art n’ont-elles pas été édictées pour légiférer sur le permis et l’interdit en art ? Nous nous demanderons donc si la liberté de l’artiste est irréductible à toute permission et toute interdiction, ou si, en dépit de cet affranchissement prétendu relativement à l’autorité officielle et morale, il ne demeure pas des règles définissant un domaine limité de permissions artistiques ?
On peut donc, en gardant à l'esprit les
réserves ci-dessus, tenter quelques rapprochements et distinctions : on
pourrait dire de l'art qu'il est le plus souvent une technique ou
un savoir-faire. Il peut de ce fait être rapproché de l'artisanat.
La pièce produite par un artisan peut elle-même acquérir le statut
d'oeuvre d'art, bien qu'elle soit prioritairement destinée à être
utilisée. L'art n'est cependant pas toujours une technique : en témoigne
certaines oeuvres contemporaines qui ne réclament aucune maîtrise
(l'urinoir de Duchamp est un produit industriel !).
L'expression « monde de l'art » souligne
aussi le fait que l'art est largement institutionnalisé aujourd'hui : il
est lié à des processus commerciaux (échanges entre musées, expositions,
performances, etc.), ce qui interdit de parler d'une absolue gratuité de
l'art.
L'art n'a pas toujours pour but de viser
le beau, comme en témoignent des oeuvres comme les Papes franchement
morbides de Francis Bacon : art et beauté ne se confondent donc pas.
L'oeuvre d'art n'est pas nécessairement perceptuelle : une
performance, un geste, peut être
artistique. L'art contemporain manifeste largement cette tendance à la
dématérialisation de l'art, au glissement du perceptuel vers le
conceptuel.
Demander si tout est permis à l'artiste,
c'est poser la question des règles : y a-t-il des règles de l'art ou
bien l'artiste peut-il faire n'importe quoi ?
Idée abstraite et générale construite par l'esprit. Soit une classe d'objets, de phénomènes. De ces objets, de ces phénomènes, l'esprit abstrait des propriétés communes. Le concepts permet de donner une définition ayant la même extension que cette classe. Le concept de chaise contient tous les éléments communs à l'ensemble des chaises.
L'idée selon laquelle tout serait écrit, déterminé à l'avance, a conduit à ce que les Anciens ont appelé l'argument paresseux. Cet argument consiste à penser que si tout est décidé à l'avance, il est inutile que je cherche à bien faire, puisqu'il arrivera de toute façon ce qui doit arriver.
La notion d'esprit revêt plusieurs sens. Elle désigne d'une part l'intellect, la raison, la pensée. Elle désigne d'autre part l'âme, l'être immatériel qui constitue notre intériorité, notre personnalité. Les philosophes classiques ne faisaient pas de différence entre les deux: l'âme, qui relève du sentiment que nous avons de nous-mêmes, est aussi le siège de la pensée. C'est peut-être une indication qu'affectivité et raison sont plus étroitement unies qu'on ne le croit, dans l'esprit, précisément.
Eléments du langage qui associent d'une façon conventionnelle une suite de sons et un concept.
Caractère de ce qui est singulier, unique.
Du grec "tecknè", "art, métier". Procédés de travail ou de production qui supposent un savoir-faire. La technique désigne aussi les applications de la science proprement dite.