Quel rapport pouvons-nous nouer (ou dénouer) entre ces deux notions particulières de bonheur et d’existence ? Le bonheur, d’abord, comporte un paradoxe dans son essence même. Nous pouvons convenir que tous le recherchent et que tous les existants espèrent y parvenir. Néanmoins, comme le rappelait Kant dans les Fondements de la métaphysique des mœurs, il nous est impossible d’en former un concept universalisable. Il est un pur produit de l’imagination. Nous recherchons ainsi quelque chose qui nous est propre. Peut-on cependant rechercher ce que l’on n’a pas perdu auparavant ? Le bonheur se présente donc comme un état de perfection qui nous a échappé et que nous chercherions à retrouver. Or, quand l’aurions-nous perdu ? Avant d’exister semble-t-il ! Comment cherchons-nous à le retrouver ? En existant semble-t-il aussi ! Par nos choix, nous déterminons nous-mêmes ce que nous sommes et nous cherchons à être heureux par la voie qui nous est propre. Or, il s’avère que l’existence ne semble pas être lelieu privilégié du bonheur. Nouspouvons faire ce triste constat devant tous les malheurs qui peuvent poncturer notre Histoire. Combien d’hommes, en effet, sont ou ont été heureux ? Si le bonheur est un but, à proprement parler, ce but est-il véritablement atteignable ou reste-t-il un idéal que nous n’atteindrons jamais ? Comment prétendre que le bonheur soit accessible dans l’existence alors que celle-ci semble le refuser éperdument ?
Je résolus, dis-je, enfin : au premier regard, en effet, il semblait inconsidéré, pour une chose encore incertaine, d'en vouloir perdre une certaine ; je voyais bien quels avantages se tirent de l'honneur et de la richesse, et qu'il me faudrait en abandonner la poursuite, si je voulais m'appliquer sérieusement à quelque entreprise nouvelle : en cas que la félicité suprême y fût contenue, je devais donc renoncer à la posséder ; en cas au contraire qu'elle n'y fût pas contenue, un attachement exclusif à ces avantages me la faisait perdre également. Mon âme s'inquiétait donc de savoir s'il était possible par rencontre d'instituer une vie nouvelle, ou du moins d'acquérir une certitude touchant cette institution, sans changer l'ordre ancien ni la conduite ordinaire de ma vie. Je le tentai souvent en vain. Les occurrences les plus fréquentes dans la vie, celles que les hommes, ainsi qu'il ressort de toutes leurs oeuvres, prisent comme étant le souverain bien, se ramènent en effet à trois objets : richesse, honneur, plaisir des sens. Or chacun d'eux distrait l'esprit de toute pensée relative à un autre bien : dans le plaisir l'âme est suspendue comme si elle eût trouvé un bien où se reposer ; elle est donc au plus haut point empêchée de penser à un autre bien ; après la jouissance d'autre part vient une extrême tristesse qui, si elle ne suspend pas la pensée, la trouble et l'émousse. La poursuite de l'honneur et de la richesse n'absorbe pas moins l'esprit ; celle de la richesse, surtout quand on la recherche pour elle-même, parce qu'alors on lui donne rang de souverain bien ; quant à l'honneur, il absorbe l'esprit d'une façon bien plus exclusive encore, parce qu'on ne manque jamais de le considérer comme une chose bonne par elle-même, et comme une fin dernière à laquelle se rapportent toutes les actions.
Avez-vous compris l'essentiel ?
1 À quoi se résume le bonheur pour la plupart des hommes ?2 Pourquoi importe-t-il de se demander en quoi consiste une vie heureuse ?3 Comment définir le bonheur ?
Etat de satisfaction parfaite, de contentement du corps, du cœur et de l'esprit.
Idée abstraite et générale construite par l'esprit. Soit une classe d'objets, de phénomènes. De ces objets, de ces phénomènes, l'esprit abstrait des propriétés communes. Le concepts permet de donner une définition ayant la même extension que cette classe. Le concept de chaise contient tous les éléments communs à l'ensemble des chaises.
La notion d'esprit revêt plusieurs sens. Elle désigne d'une part l'intellect, la raison, la pensée. Elle désigne d'autre part l'âme, l'être immatériel qui constitue notre intériorité, notre personnalité. Les philosophes classiques ne faisaient pas de différence entre les deux: l'âme, qui relève du sentiment que nous avons de nous-mêmes, est aussi le siège de la pensée. C'est peut-être une indication qu'affectivité et raison sont plus étroitement unies qu'on ne le croit, dans l'esprit, précisément.
L'ordre naturel repose sur des lois que la raison est capable de découvrir. L'ordre social repose sur des décrets qui, idéalement, devraient être des décrets de la raison et qui, de fait, dépendent plus des circonstances, d'intérêts politiques, économiques ponctuels.
Affirmation qui semble aller contre les idées communément admises ou qui semble contradictoire.
En philosophie politique, ce terme ne désigne pas forcément un roi ou un prince. Le souverain peut très bien être le peuple, une assemblée d'hommes possédant le pouvoir de gouverner. SOUVERAIN BIEN: Ce à quoi l'individu aspire comme à une fin dernière qui lui procurerait un contentement total.
Acte dressé par un agent de laforce publique ou un huissier constatant une situation de fait.
Utilisation d'un bien par son détenteur, propriétaire, locataire ou tout autre personne. Il peut en recueillir les fruits.