Nous donne l'impression de l'irréel et du rêve ce qui est à part, ce qui ne se
relie pas à notre expérience habituelle, ce dont les éléments ne se relient pas
l'un à l'autre ou ce qui n'est pas intérieurement cohérent.
Ainsi donc, spontanément, nous appliquons un critère logique (parfois notre
esprit peut avoir un petit univers imaginaire, mais ne peut en pousser
l'exploration très loin, tandis que la réalité, c'est la totalité; chaque partie
du réel peut être reliée de proche en proche à la totalité du réel). Le réel est
donc un tout totalisable, l'imaginaire reste partiel; s'il a parfois une
relative étendue, on en trouvera vite le terme. Je ne peux donc démontrer que je
suis dans le réel ou l'irréel mais je le sens. Quand on est réveillé on le sait;
mais quand on rêve, on croit qu'on est dans le réel : je suis sûr que je ne rêve
pas, mais c'est indémontrable.
Il faut bien voir que tout n'est pas démontrable. Il est absurde de dire que
tout doit être démontré ; qui plus est, la démonstration elle-même ne peut
partir que de principes indémontrables. Aristote a montré qu'il arrive un moment
où la démonstration doit s'appuyer logiquement sur un principe premier à partir
duquel on démontre le reste, mais qui ne peut lui-même être démontré. 6° Avoir
le sentiment du réel, c'est avoir le sentiment, non plus de la cohérence de
l'extérieur, mais de la cohérence de la pensée.
Je me fie à ce sentiment, mais ce n'est pas un critère décisif, car la pensée
des fous a sa cohérence : on parle de la logique des fous.
Ce qui n'a pas de sens (ni signification, ni direction), qui est aveugle, sans but.
La notion d'esprit revêt plusieurs sens. Elle désigne d'une part l'intellect, la raison, la pensée. Elle désigne d'autre part l'âme, l'être immatériel qui constitue notre intériorité, notre personnalité. Les philosophes classiques ne faisaient pas de différence entre les deux: l'âme, qui relève du sentiment que nous avons de nous-mêmes, est aussi le siège de la pensée. C'est peut-être une indication qu'affectivité et raison sont plus étroitement unies qu'on ne le croit, dans l'esprit, précisément.
En philosophie, l'expérience est une connaissance acquise par le contact direct, par l'action directe d'un sujet sur un objet. Il s'agit donc de données concrètes et sensibles, à partir desquelles il est possible de construire une connaissance du monde. Cependant, si, pour la tradition empiriste, l'expérience est le fondement de toutes nos connaissances, pour les rationalistes, elle est peu fiable, voire mensongère, car donnée par les sens.
Le mot dérive du latin universus, qui signifie "tout entier". Lorsqu'il désigne les planètes, les étoiles, les galaxies, l'étendue cosmique, il prend une majuscule. Il s'agit de bien distinguer ce sens astronomique du sens usuel. Parler d'une vérité "universelle" ne signifie pas que l'on se réfère à l'infini cosmique. Universel, en ce sens, désigne ce qui est vrai pour toute l'humanité.