Dans la troisième partie du Discours de la méthode, Descartes écrit qu'il vaut mieux changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde. Désirer changer l'ordre du monde, c'est se risquer à ne jamais être heureux. Nous n'avons pas de pouvoir sur cet ordre. Il est indépendant de nous. Nous ne pouvons pas décider, pour reprendre l'exemple de Descartes, être sains alors que nous sommes malades. Ce sur quoi nous avons un pouvoir, par contre, c'est sur nos désirs. Ceux-ci dépendent de nous. Ils sont en notre âme et conscience, et de ce fait, nous pouvons les contrôler. " Il n'y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées ", écrit Descartes à l'instar des stoïciens. Ne convient-il pas dès lors de changer ses désirs ? Le désir n'est-il pas, en effet, " utopique " ? On peut tout désirer et n'importe quoi. Ainsi le désir a-t-il souvent partie liée avec l'illusion, l'imaginaire, le rêve. Il n'a que faire de la réalité, des limites qu'elle impose à ce qu'il est possible de réaliser. Il est légitime, en ce sens, de se demander si le désir n'est pas utopique, s'il n'est pas un lieu de nulle part, un lieu auquel on ne saurait accéder, si ce n'est par la pensée. La simple conscience de désirer suffit-elle à garantir l'adéquation entre le désir et la réalité ? Toute espèce de désir est-il pour autant irréalisable ? Au delà même de cela, ne faut-il pas admettre, comme le rappelle Hegel, que " rien de grand dans le monde ne s'est fait sans passion " ?
La simple conscience de désirer ne suffit
pas à garantir l'adéquation entre le désir et la réalité.
Le désir obéit, suivant la distinction
freudienne, au principe de plaisir et non au principe de réalité. Le
principe de plaisir est celui par lequel les enfants sont guidés.
L'enfant, privé d'une capacité d'action indépendante, ne fait pas la
distinction entre ce qui se peut et ne se peut pas. On retrouve
ainsi bien ce qui caractérise le désir, à savoir, le fait qu'il ne
tient pas compte du principe de réalité.
Transition :
Le désir semble
utopique dans la mesure où il ne se fonde pas sur la réalité. Est-ce
à dire néanmoins que tout désir est irréalisable ?
II. Les désirs non-utopiques
Que certains désirs soient
effectivement en contradiction avec ce que la réalité permet de
faire, n'implique pas que tout désir soit irréalisable. A partir du
moment où l'on connaît ce qui est en notre pouvoir, n'est-il pas
possible de faire correspondre nos désirs avec ce que l'on peut ?
La connaissance qu'a l'homme de ses pensées, de ses sentiments et de ses actes. La conscience, par cette possibilité qu'elle a de faire retour sur elle-même, est toujours également conscience de soi. C'est elle qui fait de l'homme un sujet, capable de penser le monde qui l'entoure. CONSCIENCE MORALE: Jugement pratique par lequel le sujet distingue le bien et le mal et apprécie moralement ses actes et ceux d'autrui. CONSCIENCE PSYCHOLOGIQUE : Aperception immédiate par le sujet de ce qui se passe en lui ou en dehors de lui.
Ensemble des phénomènes organiques et psychologiques qui me poussent à posséder un objet en vue d'en tirer plaisir. Cet objet peut être matériel ou non.
Il convient de distinguer les illusions des sens et les illusions intellectuelles. Les premières ont une origine physiologique. Les secondes ont pour fondement les désirs et les passions.
L'ordre naturel repose sur des lois que la raison est capable de découvrir. L'ordre social repose sur des décrets qui, idéalement, devraient être des décrets de la raison et qui, de fait, dépendent plus des circonstances, d'intérêts politiques, économiques ponctuels.
Descartes appelle "passions" toutes les affections de l'âme résultant de l'action du corps sur celle-ci.
Selon Freud, nos pulsions ne cherchent qu'à se décharger dans les plus brefs délais afin de se satisfaire. Mais, très vite, elles font l'apprentissage de la réalité et doivent accepter de différer le plaisir. Le principe de plaisir régit le fonctionnement de l'inconscient, le principe de réalité caractérise l'adaptation consciente au réel.