Si lorsque je rêve, je crois véritablement agir, comment m’assurer lorsque j’agis réellement en ce monde que je ne rêve point ? Comment distinguer le rêve de la réalité ? Si le rêve m’apparaît comme une réalité imaginaire, comment être certain que je n’imagine pas la réalité dans laquelle je vis ? Il s’agit là non pas d’un problème psychologique, mais d’une question ontologique : si le rêve possède une réalité propre, comment la distinguer de notre réalité ? Et notre réalité est-elle la véritable réalité ? Ou n’est-elle que l’image d’une réalité supérieure ?
En d'autres termes, le rêve possède
une réalité propre - celle de l'imaginaire -, mais d'un degré ontologique
moindre que le monde sensible dit réel, et que le monde intelligible.
- Si l'on peut ainsi distinguer le rêve de la réalité, à moins
d'être insensé (Freud, dans L'interprétation des rêves, désigne sous le
terme de « psychose » l'impossibilité d'opérer cette distinction), il s'agit là
d'une question ontologique. Or, selon Kant, nous ne pouvons connaître que les
phénomènes, la manière dont les choses nous apparaissent, et non les noumènes,
ou choses en soi. Si l'on reprend l'exemple cartésien du morceau de cire, ce
n'est pas la chose en soi, le morceau de cire tel qu'il est réellement, que nous
considérons par l'entendement, mais seulement la manière dont il nous apparaît.
La connaissance n'est ainsi qu'une manière de « sauver les phénomènes », et
toute question ontologique, portant sur la réalité ultime des choses, ne peut
être que métaphysique : il est impossible de démontrer que les noumènes existent
réellement, et par conséquent que la réalité qui nous est donnée soit
véritablement (cf. préface de la 2nde édition à la Critique de la
raison pure).
Conclusion
Si l'on peut donc distinguer le rêve de la réalité, à moins
d'être insensé, et que même le sceptique, qui doute de l'existence véritable des
choses mondaines, est conduit, dans sa vie quotidienne, à admettre l'impression
de ses sens (sans juger de leur validité épistémologique, cf. Sextus Empiricus,
Esquisses pyrrhoniennes, I, 10-11), rien cependant nous permet d'affirmer
avec certitude que ce qui nous apparaît comme la réalité possède véritablement
une consistance ontologique, c'est-à-dire qu'elle est véritablement.
L'être de la réalité (dont Platon et Descartes affirmaient qu'il résidait dans
l'intelligibilité) est en effet hors de portée de notre connaissance, comme l'a
démontré Kant. Dès lors, celle-ci ne porte pas sur les noumènes, dont on peut
seulement postuler l'existence, mais sur les phénomènes.
La réalité existant hors de notre représentation.
Faculté de connaître et de comprendre.
Le mot a un double sens. Est insensé ce qui défie les lois de la raison scientifique. Est également insensé ce qui défie les lois de la raison morale. Dans les deux cas, sens et non-sens renvoient à un même tribunal: la conscience de l'homme.
Caractère de ce qui est intelligible, cad de ce qui peut être compris par l'intelligence et par la raison.
Domaine de la connaissance qui dépasse ce que nous pouvons connaître au moyen de nos sens, de l'expérience. Dieu, l'immortalité de l'âme, l'infini, le fait même que nous soyons capables de penser en conscience sont des problèmes métaphysiques.
Monde des idées accessible seulement à l'intelligence.
Poser une affirmation comme vraie au départ d'une démonstration.
Se dit de celui qui juge l'esprit humain incapable de rien connaître avec certitude et qui en conclut à la nécessité du doute universel.
Le monde sensible est le monde tel que nous le percevons à travers nos sens, par opposition au monde intelligible, qui est saisi par l'intelligence.
Eléments du langage qui associent d'une façon conventionnelle une suite de sons et un concept.