Imaginer, c'est l'acte par lequel l'esprit se transporte vers ce qui n'est plus, vers un passé absent qu'elle peut rendre présent. En reproduisant et en évoquant le passé sous forme d'images, l'imagination permet de jouir pour toujours d'un passé qui a été heureux. Par la réminiscence affective. Épicure enseigne ainsi au vieil homme qu'il peut encore être heureux, malgré les souffrances et les angoisses dues à sa vieillesse (Lettre à Ménécée). Imaginer, c'est donc pouvoir « éterniser des instants de bonheur, en évitant ce sentiment nostalgique et malheureux du regret, lié à la disparition d'un bonheur passé.La morale épicurienne, exprimée souvent par la maxime : carpe diem (cueille le jour, jouis du présent), n'est cependant pas une morale bornée à la ponctualité de l'instant présent. Les instants de bonheur sont recueillis, médités et savourés par la réminiscence affective qui permet d'assurer au bonheur une continuité dans le temps grâce aux images qui reproduisent en l'esprit un passé heureux.Ce bonheur que nous fournit l'imagination reproductrice peut être même plus intense que le bonheur vécu dans le présent. Proust a bien décrit cette imperfection du présent qui fuit irrésistiblement et qui empêche que nous puissions le goûter pleinement. Imaginer, c'est bien là le bonheur.
Etat de satisfaction parfaite, de contentement du corps, du cœur et de l'esprit.
La notion d'esprit revêt plusieurs sens. Elle désigne d'une part l'intellect, la raison, la pensée. Elle désigne d'autre part l'âme, l'être immatériel qui constitue notre intériorité, notre personnalité. Les philosophes classiques ne faisaient pas de différence entre les deux: l'âme, qui relève du sentiment que nous avons de nous-mêmes, est aussi le siège de la pensée. C'est peut-être une indication qu'affectivité et raison sont plus étroitement unies qu'on ne le croit, dans l'esprit, précisément.
Chez Platon, doctrine selon laquelle la connaissance consiste à se remémorer ce que l'âme a contemplé dans le monde intelligible avant son incarnation.