L'imagination nous permet de nous représenter des images qui se substituent aux données de la perception: on ferme les yeux. Mais, la réalité ne se limite pas à ce que l'on perçoit, tandis qu'on perçoit mieux ce que l'on a pu imaginer, pour créer des réalités nouvelles.
Se demander si l'imagination n'est qu'une négation de la réalité revient à s'interroger sur l'essence de l'imagination mais aussi sur sa valeur. Si l'imagination n'est que la négation du réel, alors, elle est dangereuse, sournoise et perverse. Dans la tradition philosophique, l'imagination a plutôt mauvaise presse parce qu'on l'envisage précisément sous ce rapport. Dans les Pensées, Pascal écrit à son sujet qu'elle est " cette partie dominante dans l'homme, cette maîtresse d'erreur et de fausseté, et d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours, car elle serait règle infaillible de vérité, si elle l'était, infaillible du mensonge. " Il ajoute qu' " étant le plus souvent fausse, elle ne donne aucune marque de sa qualité, marquant du même caractère le vrai et le faux. (...) Cette superbe puissance ennemie de la raison, qui se plaît à la contrôler et à la dominer, pour montrer combien elle peut en toute chose, a établi en l'homme une seconde nature. " En tant que telle, l'imagination, c'est d'une certaine manière, le mal... Mais l'imagination ne peut être réduite à cette simple position. Elle n'est pas seulement négation de la réalité, elle est surtout capacité à déformer la réalité. L'imagination en effet prend des éléments du réel et les associe pour former de nouvelles figures. A partir de là, elle peut certes errer dans le délire ou la folie, mais permet aussi de créer, de transformer, d'inventer. Bref, grâce à l'imagination, l'homme est aussi un visionnaire...
C'est peut-être à travers le jeu qu'on peut le mieux saisir cette idée que l'imagination est un acte de liberté qui nous permet, en niant la réalité sous son aspect le plus immédiat (celui des faits présents), d'explorer des possibilités et par là de former des projets. On a trop tendance à considérer le jeu comme une activité puérile ou un divertissement d'adulte et à l'opposer au travail. Le contraire du jeu n'est pas le travail, mais le sérieux. Le sérieux ne se définit pas par la nature de l'activité qu'on accomplit, mais par la façon dont on l'accomplit. N'importe quelle activité, y compris le jeu, peut être prise au sérieux, menée selon "l'esprit de sérieux". Mais n'importe quelle activité peut aussi être regardée et conduite comme un jeu. Dans le premier cas, la conduite est fondée sur le sentiment que certaines règles et certaines valeurs s'imposent à nous, qu'elles sont présentes dans la réalité même à laquelle nous avons affaire et s'imposent avec l'évidence des choses. Dans le second cas on dissocie réalité et valeur, lois naturelles et règles convenues et on considère que c'est toujours librement qu'on donne telle valeur à une chose et qu'on adopte telle règle. En effet tout jeu comporte des règles librement acceptées et les choses sur lesquelles on opère n'ont d'autre sens que celui qu'on a décidé de leur conférer. L'enfant, lorsqu'il joue, sait bien que les choses qu'il utilise ne sont pas réellement changées par la signification qu'il leur donne; mais cette dernière n'est pas totalement étrangère aux propriétés réellement présentes dans ces choses: celles-ci constituent comme un matériau qui soutient et suggère les formes dont son imagination les revêt.
Chez Pascal, "se divertir", c'est chercher à se détourner de penser à soi et à sa finitude en s'étourdissant de femmes, de jeux, de vin, etc. "Les hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n'y point penser. " (Pensées).
La notion d'esprit revêt plusieurs sens. Elle désigne d'une part l'intellect, la raison, la pensée. Elle désigne d'autre part l'âme, l'être immatériel qui constitue notre intériorité, notre personnalité. Les philosophes classiques ne faisaient pas de différence entre les deux: l'âme, qui relève du sentiment que nous avons de nous-mêmes, est aussi le siège de la pensée. C'est peut-être une indication qu'affectivité et raison sont plus étroitement unies qu'on ne le croit, dans l'esprit, précisément.
Au sens premier du terme, il faut entendre: sans médiation ni intermédiaire, cad tout de suite (sens courant mais aussi sans l'aide d'aucun outil, ni matériel, ni intellectuel.
La tradition est une transmission, de génération en génération, de coutumes, de savoir-faire, de doctrines.
Qualité ou signification d'une chose abstraite (le vrai, le bien). C'est à partir de Nietzsche que la notion de valeur a été introduite dans la philosophie. Nietzsche a critiqué de façon radicale les valeurs chrétienne, trouvant l'origine de toute valeur chez l'homme.