Du grec, mèchané, « ruse «. Traditionnellement, la machine est considérée comme une ruse contre la nature. Elle sert de modèle à la science et notamment à la physique. La nature entière peut ainsi être considérée comme une machine dont il s'agit de percer les rouages.
Si ce que font les machines mérite le nom de « travail «, c'est qu'on réduira le travail à son sens physique ; sinon, c'est qu'on orientera la notion de travail vers l'auto-production humaine. Alors, le travail est-il naturel ou culturel ? I - Le travail physique des machines.a) Le domaine physique propose sa définition de la notion de travail. Élaborée au tournant du XIXe siècle par Navier, Coulomb et Coriolis, cette définition en fait le « produit d'une force par le déplacement opéré dans la direction de cette force «. Cette expression formelle, physico-mathématique, a aussi en vue quelque chose de pratique et d'économique : il s'agit de rendre raison - mathématiquement - du rendement des machines. Cette optique consiste donc implicitement à considérer que les machines travaillent, thèse qui est subordonnée à l'adoption, pour la notion de travail, d'un sens propre physique et énergétique. Une machine travaille, dans la mesure où elle « communique « une certaine quantité de mouvement, et dans la mesure aussi où on définit le travail comme une quantité de mouvement. b) Le problème qui se posait à ces physiciens, c'est de savoir si le travail physique pouvait être érigé en modèle du travail économique. Si le sens propre du travail est physique, doit-on penser le travail de l'homme à partir de ce modèle érigé en norme, en paradigme ?
Règle ou modèle, fondant tout jugement de valeur.
Le paradigme représente, au sein d'un ensemble de croyances, un modèle. Au 18 ième siècle, la mécanique sert de paradigme: tout est appréhendé, par exemple, chez Condillac, en termes mécanistes.