Cette autorité peut être celle d'un précepteur : c'est la version que privilégie Montaigne dans ses Essais ; c'est encore celle qu'admet Rousseau dans Émile, où le précepteur, qui remplace les parents, a pour tâche, non pas comme on le dit volontiers en caricaturant quelque peu la pensée de Rousseau, de procéder à une éducation naturelle, mais de placer l'enfant dans des situations telles qu'il en vienne à comprendre le caractère obligatoire de certains comportements, et à retrouver ainsi, par ses propres réactions, les valeurs. Ainsi, lorsqu'on constate que l'enfant a tendance à ne pas encore comprendre qu'il faut respecter le bien d'autrui, le précepteur n'hésite pas à piétiner les plantations que son élève a eu beaucoup de mal à faire pousser : ainsi le jeune esprit devra-t-il intérioriser l'idée qu'il ne doit pas détruire ce qui ne lui appartient pas.L'éducation parentale est aussi, ou devrait être aussi, une éducation morale, puisque c'est dans sa famille que l'enfant passe le plus de temps dans ses premières années. L'organisation de la société assure ensuite le relais des parents par l'école, ou le catéchisme : il s'agit d'amener progressivement l'enfant à la connaissance de principes fondamentaux de la morale, dont on peut admettre que la version laïque ne diffère guère de la version religieuse. Dans un tel processus, on recourt volontiers à des exemples « historiques » ou traditionnels, pour que l'enfant acquière des modèles de conduite et puisse ensuite leur être fidèle.
[II. L'ambiguïté de l'obéissance]
L'enfant est ainsi progressivement habitué à obéir à des lois ou à des maximes qu'il admet comme bonnes, en raison même des autorités qui les lui ont enseignées. Les parents, les instituteurs, les prêtres sont a priori respectables et ont, d'une certaine manière, toujours raison. La preuve en est qu'en cas de désobéissance, les sanctions ne tardent pas à survenir. Àl'enfant obéissant, les jouets, les « bons points » et les gâteries en tout genre (sans oublier les anciens prix de « bonne conduite » du système scolaire) ; au garnement, les fessées, l'eau et le pain sec, et les réprimandes.
Expression latine qui signifie "avant l'exp�rience". Dans le vocabulaire kantien, d�signe les connaissances ou facult�s qui ne d�pendent pas de l'exp�rience, qui sont inn�es.
Ce qui est acquis se d�finit par opposition � ce qui est inn� (pr�sent � la naissance, qui appartient � la nature d'un �tre). Pour Descartes, l'id�e de Dieu est inn�e, et , pour Rousseau, nous avons un sentiment inn� de la justice.
Un autre homme, une autre personne. En philosophie, "autrui" est ce qui est différent de moi et que l'appréhende par ma subjectivité. L'homme est ce que j'ai en commun avec les autres, tandis qu' "autrui" est ce qui me différencie des autres, ce que je ne peux connaître totalement, à cause de ma subjectivité.
La notion d'esprit revêt plusieurs sens. Elle désigne d'une part l'intellect, la raison, la pensée. Elle désigne d'autre part l'âme, l'être immatériel qui constitue notre intériorité, notre personnalité. Les philosophes classiques ne faisaient pas de différence entre les deux: l'âme, qui relève du sentiment que nous avons de nous-mêmes, est aussi le siège de la pensée. C'est peut-être une indication qu'affectivité et raison sont plus étroitement unies qu'on ne le croit, dans l'esprit, précisément.
Du grec sustèma, assemblage de parties constituant un corps ou un ensemble. En philosophie, un système est un ensemble d'idées organisées qui se soutiennent mutuellement les unes les autres et qui représentent de façon globale et cohérente la totalité du réel ou de l'histoire.