Cette question prend une nouvelle dimension à l’heure où il est évident que l’on doit respecter la nature et la protéger. Encore faut-il savoir pourquoi il faut le faire. Beaucoup ne pense pas qu’on doit respecter la nature car elle est le seul lieu de vie que possède l’homme. Il ne faut pas oublier que la nature a des dimensions culturelles, qu’elle peut être le lieu du sacré ou tout simplement parce qu’elle est belle et qu’elle possède des qualités esthétiques. Il n’est donc peut être pas superflu de rappeler les principales qualités de la nature qui valent qu’on la respecte.
OUI
Les mouvements écologistes répondent positivement à la question précédente. Ils mettent en accusation notre mode de développement économique (le productivisme), ses moyens et conditions (les sciences et les techniques), et le mode de vie qui l'accompagne (privilégiant la possession des biens matériels sur la convivialité des rapports sociaux). Insistant sur l'appartenance de l'homme à la nature et sur sa dépendance à son égard, ils proposent une vaste réorientation de la production industrielle (d'autres manières de produire et de consommer) pour respecter les contraintes propres aux équilibres écologiques. Leur projet général est d'« habiter raisonnablement la nature « sans en bouleverser l'ordre de manière catastrophique.
NON
Exiger de respecter l'ordre naturel relève d'une double erreur. - Cela présuppose l'existence d'un ordre naturel jugé immuable et intangible. Or, un tel ordre n'existe pas : la nature telle que nous la connaissons résulte d'une longue série de transformations auxquelles ont contribué des millénaires de travail humain. - Cela conduit à attribuer à l'industrialisation des effets ravageurs qui sont bien plutôt ceux de certains rapports sociaux : tant que le développement des forces productives aura pour but principal l'enrichissement et/ou la puissance d'une minorité et non pas de satisfaire des besoins sociaux, ce développement prendra inévitablement des formes destructrices.
Face à la crise écologique, l'exigence essentielle n'est donc pas de respecter un hypothétique ordre naturel mais de permettre à l'humanité de se rendre maître de son action sur la nature, en transformant les rapports sociaux qui orientent et structurent cette action.
L'ordre naturel repose sur des lois que la raison est capable de découvrir. L'ordre social repose sur des décrets qui, idéalement, devraient être des décrets de la raison et qui, de fait, dépendent plus des circonstances, d'intérêts politiques, économiques ponctuels.
Ce qui est, à la fois objet de respect religieux, de quasi-crainte et d'amour.