Le médecin compte les pulsations du coeur de son malade afin de suivre l'évolution du mal; le botaniste compte le nombre de pétales ou d'étamines des fleurs pour aboutir à la classification naturelle. Chacun connaît l'importance de la mesure dans les sciences physiques, et la mesure s'exprime par des nombres.
Le mot nombre a un autre sens.
Dans le Livre de la Sagesse on lit : "Dieu a tout réglé avec mesure, avec nombre et avec poids." On peut traduire que le Créateur a mis en toutes choses de l'ordre, de la proportion, de l'harmonie.Dans ce cas, les nombres gouvernent le monde signifierait que ce dernier est régi par des lois exprimant des rapports simples. On prête à Platon le mot : "Dieu construit tout géométriquement". Apparemment, les figures géométriques semblent être l'oeuvre de l'esprit, mais sous les apparences, on retrouve dans tout la géométrie et les nombres.C'est d'abord l'astronomie qui a donné aux premiers observateurs l'idée du "pangéométrisme du monde". Les astres se déplacent suivant des courbes régulières que les premiers astronomes croyaient des circonférences.
I) Les nombres gouvernent le monde.
a) Comme la réalité, le nombre contient en sa racine une opposition. b) Les nombres permettent de traduire l'harmonie du réel. c) Il existe une unité primordiale.
II) Les nombres ne gouvernent pas le monde.
a) Les nombres ne sont que des symboles. b) La réalité se dérobe à la belle harmonie des nombres. c) Les nombres n'expliquent pas le tout de la rélité.
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La notion d'esprit revêt plusieurs sens. Elle désigne d'une part l'intellect, la raison, la pensée. Elle désigne d'autre part l'âme, l'être immatériel qui constitue notre intériorité, notre personnalité. Les philosophes classiques ne faisaient pas de différence entre les deux: l'âme, qui relève du sentiment que nous avons de nous-mêmes, est aussi le siège de la pensée. C'est peut-être une indication qu'affectivité et raison sont plus étroitement unies qu'on ne le croit, dans l'esprit, précisément.
L'ordre naturel repose sur des lois que la raison est capable de découvrir. L'ordre social repose sur des décrets qui, idéalement, devraient être des décrets de la raison et qui, de fait, dépendent plus des circonstances, d'intérêts politiques, économiques ponctuels.