Percevoir, c’est faire usage de ses sens pour avoir accès au donné sensible du monde extérieur. A ce titre, la perception n’est pas passive, puisqu’elle présuppose le traitement par l’entendement du vécu sensible. La perception n’est donc pas sensibilité seule, elle ne s’y résume pas, puisqu’elle est à la fois sensibilité et ordonnancement du vécu sensible.
Percevoir, c’est ressentir et faire acte de reconnaissance du vécu sensible. Peut-on aller jusqu’à dire que la perception est source de connaissance ?
Connaître, c’est faire usage de l’entendement pour classer le donné en fonction de concepts intellectifs. En ce sens, la connaissance est un acte purement spirituel. Mais ne s’oppose-t-elle pas alors à toute activité concrète basée sur l’expérience sensible ?
Problématique :
Le sujet soulève la question de savoir si toute notre connaissance dérive de l’expérience sensible qu’est la perception. L’expérience perceptive n’est-elle pas à l’opposé du processus rationnel de connaissance, à tel point que la perception serait illusion de connaissance comme le pense Platon ? Ou, au contraire, connaître, ne consiste-t-il pas tout simplement à faire le compte-rendu de notre expérience perceptive ? Enfin, la perception ne présuppose-t-elle pas que l’esprit projette sur ce qu’il enregistre des structures de liaison, de façon à rendre le donné de la perception de plus en plus cohérent ?
Faculté par laquelle le moi se forme, à partir de ses sensations, une représentation unifiée des objets extérieurs à lui.
1. La perception est trompeuse
Une grande partie de la tradition philosophique, notamment Platon et Descartes, a rejeté la perception comme instrument de connaissance, au profit de la raison les sens sont trompeurs, changeants, et il ne faut pas se fier à leur témoignage. C'est ce que dit par exemple Platon ici:
« [...] la démarche consistant à examiner une chose au moyen de la vue est toute remplie d'illusions et remplie d'illusions aussi celle qui se sert des oreilles ou de n'importe quel autre sens; elle [la philosophie] persuade l'âme de prendre ses distances, dans la mesure où il n'est pas absolument indispensable de recourir aux sens ».Platon, Phédon (IVe siècle avant J.-C.), 82d.
2. Toute connaissance doit passer par la perceptionContre Descartes et contre le platonisme, la philosophie empiriste (qui se base sur l'expérience) a insisté sur le fait que la connaissance a besoin des sens:
« Et premièrement nos sens étant frappés par certains objets extérieurs, font entrer dans notre âme plusieurs perceptions distinctes des choses, selon les diverses manières dont ces objets agissent sur nos sens.
Faculté de connaître et de comprendre.
La notion d'esprit revêt plusieurs sens. Elle désigne d'une part l'intellect, la raison, la pensée. Elle désigne d'autre part l'âme, l'être immatériel qui constitue notre intériorité, notre personnalité. Les philosophes classiques ne faisaient pas de différence entre les deux: l'âme, qui relève du sentiment que nous avons de nous-mêmes, est aussi le siège de la pensée. C'est peut-être une indication qu'affectivité et raison sont plus étroitement unies qu'on ne le croit, dans l'esprit, précisément.
En philosophie, l'expérience est une connaissance acquise par le contact direct, par l'action directe d'un sujet sur un objet. Il s'agit donc de données concrètes et sensibles, à partir desquelles il est possible de construire une connaissance du monde. Cependant, si, pour la tradition empiriste, l'expérience est le fondement de toutes nos connaissances, pour les rationalistes, elle est peu fiable, voire mensongère, car donnée par les sens.
Il convient de distinguer les illusions des sens et les illusions intellectuelles. Les premières ont une origine physiologique. Les secondes ont pour fondement les désirs et les passions.
Le monde sensible est le monde tel que nous le percevons à travers nos sens, par opposition au monde intelligible, qui est saisi par l'intelligence.
La tradition est une transmission, de génération en génération, de coutumes, de savoir-faire, de doctrines.