L’une des toutes premières choses que l’on apprend aux petits enfants est qu’il ne faut pas mentir. « C’est mal de mentir «, dit-on. Autrement dit, dés son plus jeune âge, la morale a retiré à l’homme le droit de mentir, ou encore elle lui a retiré la liberté, bien qu’il se l’approprie, souvent de dire ce qui n’est pas, ce qui ne correspond pas à la vérité. Ainsi le droit consiste à disposer d’une liberté, comme c’est le cas dans le droit d’expression. On sait que la morale, (comme la justice), réprouve le mensonge. Mais on sait aussi qu’elle se tient au rang des principes les plus généraux de l’action humaine, et qu’il y a souvent un large écart entre le principe et son application, entre la théorie et la pratique. Cet écart est si important qu’il pourrait inciter à reconnaître aux hommes dans certaines occasions particulières un droit de mentir. Mais peut-on avoir le droit de mentir ? Qui pourrait détenir un tel droit ? Au-delà de ces questions, l’enjeu consiste à articuler le principe universel de morale aux particularités des situations. Doit-on toujours respecter un principe moral, même lorsque celui-ci devient impraticable ou invivable ? Par-delà, la vérité est-elle la plus importante de toutes les valeurs humaines, celle devant laquelle toutes les autres valeurs doivent se plier, voire se sacrifier ? La problématique commune à ces différentes interrogations est la suivante : Y a-t-il des limites au devoir de dire le vrai et quelles sont-elles ? La vérité est-elle toujours moralement exigible ? Dans cette optique, nous commencerons par analyser le devoir moral de vérité avant de lui opposer certaines objections et de le nuancer puis de faire apparaître des domaines où vérité et morale ne sont pas des normes suprêmes à respecter.
Car il nuit toujours à autrui : même si ce n'est pas à un autre homme, c'est à l'humanité en général, puisqu'il disqualifie la source du droit. Si l'illusion est la réalisation hallucinée d'un désir, on comprend qu'elle puisse aider à vivre : une espérance illusoire ne vaut-elle pas mieux qu'une vérité désespérante ? Plus : n'existe-t-il pas des vérités nuisibles ? Ces interrogations posent un problème moral: n'y a-t-il pas des circonstances qui légitiment le droit de mentir ? En répondant à cette question, Kant s'oppose au philosophe français Benjamin Constant. La position de Benjamin Constant est la suivante : il serait absurde d'affirmer que la vérité est toujours moralement exigible. Le mensonge est légitime quand il vise à éviter de nuire à autrui (« nul homme n'a droit à la vérité qui nuit à autrui «).La réponse de Kant est la suivante :1. Il vaut mieux parler ici de véracité que de vérité : la question n'est pas de savoir si on doit dire la vérité mais si on doit dire ce que l'on croit être la vérité. Je puis me tromper ; mais puis-je tromper ?
Ce qui n'a pas de sens (ni signification, ni direction), qui est aveugle, sans but.
Un autre homme, une autre personne. En philosophie, "autrui" est ce qui est différent de moi et que l'appréhende par ma subjectivité. L'homme est ce que j'ai en commun avec les autres, tandis qu' "autrui" est ce qui me différencie des autres, ce que je ne peux connaître totalement, à cause de ma subjectivité.
Il convient de distinguer les illusions des sens et les illusions intellectuelles. Les premières ont une origine physiologique. Les secondes ont pour fondement les désirs et les passions.