Il y a dans les réflexions consacrées au travail une opposition sur la relation du travail à la liberté. Pour certains le travail aliène, asservit, pour d’autres au contraire, il libère et permet aux hommes de se réaliser. Il faut donc essentiellement dans ce sujet s’interroger sur ce que doit être le travail pour qu’il soit libérateur ou pour qu’il ne soit pas trop aliénant. Plutôt que de se demander si le travail libère ou aliène quelque soit le travail, ne faut-il pas se demander en quel sens et à quelle condition le travail peut être libérateur ? Le travail n’implique-t-il pas toujours une notion de contrainte ?
La production capitaliste entraîne d 'abord l'appauvrissement continu de
toute une partie de la population : « L'ouvrier s'appauvrit à mesure qu'il
produit la richesse, à mesure que sa production gagne en puissance et en
volume. » Mais ce n'est là encore que l'aspect le plus extérieur, et en
quelque sorte quantitatif, du phénomène. En réalité, l'ouvrier se perd
lui-même dan le processus de production. « Plus il crée de marchandises,
plus l'ouvrier devient lui-même une marchandise vile. La dévalorisation des
hommes augmente en raison de la valorisation directe des objets. Le travail
ne produit pas seulement des marchandises, il se produit lui-même et il
produit l'ouvrier comme des marchandises dans la mesure même où il produit
des marchandises en général. »L'ouvrier se perd comme homme et devient chose dans l'acte économique de
production. Cette aliénation se présente sous un double aspect, que Marx
caractérise brièvement comme suit : « 1. Le rapport entre l'ouvrier et les produits du travail comme objet
étranger et comme objet qui le domine. Ce rapport est en même temps son lien
avec le monde environnant sensible, avec les objets de la nature, monde
sensible hostile à l'ouvrier.
Le monde sensible est le monde tel que nous le percevons à travers nos sens, par opposition au monde intelligible, qui est saisi par l'intelligence.