La notion de devoir est polysémique : si elle implique toujours une obligation, cette dernière peut se rencontrer dans des domaines variés. Le « devoir « scolaire n'est pas lié à une obligation de même intensité que le devoir moral tel que le comprend Kant. Il est vraisemblable que l'intervention de l'habitude dans l'exercice du devoir n'aura pas exactement la même portée dans tous ces domaines.
L'individu devenant ainsi, par simple habitude, « conforme « au modèle de sa société, on peut qualifier globalement son comportement par le terme de « conformisme «. Et l'on voit que ce dernier, dans ce contexte, n'a rien de négatif.[B. Extension du conformisme] Ce conformisme peut toucher des valeurs dont l'importance morale est incontestable ou plus cruciale, comme l'honnêteté, ou le respect de la vie d'autrui. C'est à ce niveau qu'il révèle une certaine ambiguïté, que Kant a fortement soulignée : le commerçant qui rend « honnêtement « la monnaie à toute sa clientèle agit-il ainsi parce qu'il a l'habitude d'être effectivement honnête, ou agit-il ainsi par intérêt, pour conserver sa clientèle ? Dans le premier cas, il serait encore, bien qu'assez vaguement, du côté de la morale, mais dans le second, il n'y serait plus, puisque l'intention qui dirige son comportement n'a plus rien de moral. En d'autres termes, on doit distinguer l'action « faite par devoir « de celle qui n'est que « conforme au devoir «, seule la première étant sans équivoque. Faire son devoir par habitude, c'est se contenter d'être « conforme au devoir «, et tout le problème, pour celui qui prétend juger l'action de l'extérieur, sans en connaître l'intention précise, est de savoir si ce conformisme correspond à une réalité morale, ou s'il n'est qu'une apparence. [C. Le conformisme peut néanmoins suffire] En raison même de la rigueur de son interprétation de la moralité, Kant admet qu'il n'y a peut-être jamais eu au monde une action purement morale, rigoureusement accomplie « par devoir «, sans l'intervention de quelque autre détermination, si minime soit-elle.
Au sens vulgaire, l'apparence s'oppose au réel car elle n'est qu'un aspect trompeur de la réalité. Mais, en métaphysique, le mot apparence peut aussi désigner ce qui, dans la représentation, est donné au sujet qui perçoit, conçoit les choses.
Un autre homme, une autre personne. En philosophie, "autrui" est ce qui est différent de moi et que l'appréhende par ma subjectivité. L'homme est ce que j'ai en commun avec les autres, tandis qu' "autrui" est ce qui me différencie des autres, ce que je ne peux connaître totalement, à cause de ma subjectivité.
C'est en imitant autrui que l'enfant acquiert un certain nombre de connaissance. L'imitation est un comportement instinctif. Celle-ci se transforme en conformisme à partir du moment où elle en vient à annihiler toute pensée personnelle.