L’homme est défini par Aristote comme un animal rationnel. Ici la rationalité est la différence spécifique qui permet de différencier l’homme des autres animaux. Dès lors, perdre la raison signifierait pour l’homme perdre son humanité même. Or perdre son humanité, cela signifierait pour l’homme perdre son essence, ce qui fait qu’il est ce qu’il est. Mais est-il possible qu’une chose cesse d’être ce qu’elle est sans être par la même détruite ? En effet perdre la raison ne signifie pas seulement ne plus agir de façon rationnelle, mais perdre la faculté elle-même de pouvoir agir rationnellement. Perdre cette faculté est ce que l’on désigne communément sous le terme de folie. Or la folie est un fait qui s’impose à la pensée, et la question qui se pose est moins de savoir si l’on peut devenir fou, que celle de savoir si l’on peut devenir fou sans cesser d’être un être humain.
Or l'homme qui vit de la sorte est selon Aristote
au-dessous d'une bête, et déchoit de son humanité. Donc s'il est possible de
perdre la raison, cela entraîne aussitôt le fait de cesser d'être un homme, de
sorte que l'on ne peut pas perdre seulement la raison, tout en gardant
son humanité.
II. On peut perdre la raison sans perdre son
humanité
La définition aristotélicienne de l'homme comme animal rationnel
semble néanmoins restrictive. En effet il semble que si l'homme se distingue
partiellement par la raison, il se distingue aussi par sa capacité à créer,
notamment des oeuvres d'art. Dans le Phèdre, Platon prend l'exemple de
Socrate, qui est le philosophe par excellence, et qui pourtant est sujet à un
accès de création poétique. Socrate crée de beaux discours en étant visité par
les muses. Or cette façon de s'ouvrir aux muses peut être assimilée à une perte
de la raison. Pour autant Socrate ne se comporte pas du tout comme une bête mais
bien plutôt comme un esprit poétique fécond. Ce que l'on voit par cet exemple,
c'est qu'il est possible de perdre la raison sans cesser d'être un homme.
Aristote rompt définitivement avec la représentation du monde donnée par la mythologie. Il rompt aussi avec l'idéalisme de Platon, qu'il remplace par une observation scrupuleuse du réel. Il est ainsi l'un des deux grands fondateurs de la philosophie occidentale.
La notion d'esprit revêt plusieurs sens. Elle désigne d'une part l'intellect, la raison, la pensée. Elle désigne d'autre part l'âme, l'être immatériel qui constitue notre intériorité, notre personnalité. Les philosophes classiques ne faisaient pas de différence entre les deux: l'âme, qui relève du sentiment que nous avons de nous-mêmes, est aussi le siège de la pensée. C'est peut-être une indication qu'affectivité et raison sont plus étroitement unies qu'on ne le croit, dans l'esprit, précisément.
Possibilité, capacité, qui ne se traduit pas forcément par un acte.
Pour Bachelard, est poétique tout ce qui relève de l'imaginaire, et non seulement ce qui concerne la poésie entendue comme genre littéraire.
Eléments du langage qui associent d'une façon conventionnelle une suite de sons et un concept.