Celui de gagner l'adhésion de celui-là même qui au départ avait un point de vue éloigné ou opposé à celui que la preuve légitime. La preuve énonce un devoir penser, que seuls l'ignorance, l'entêtement ou la mauvaise foi se refusent à reconnaître comme tel. Elle donne du même coup à la palinodie ses lettres de noblesse, en montrant qu'il est parfais plus courageux de se ranger à un avis contraire au sien plutôt que de s'enferrer dans le sien propre.Or a-t-on jamais vu un athée devenir croyant après avoir entendu énoncer une preuve de l'existence de Dieu ? Il y eut dans l'histoire de nombreux cas de conversion, mais les raisonnements philosophiques n'y eurent aucune part : les Africains qui devinrent chrétiens ne lurent pas Descartes ni saint Anselme.En outre s'il y avait réellement preuves de l'existence de Dieu, les incroyants ne seraient plus que des imbéciles ou des ignorants, à moins qu'ils ne fussent, comme les négationnistes indifférents aux milliers de preuves des chambres à gaz nazies, des espèces de pervers de l'esprit, position que les croyants mêmes n'oseraient plus soutenir aujourd'hui.Le travail de la preuve présuppose des données indiscutables - axiomes dans les sciences abstraites, observations et mesures dans les sciences expérimentales. Or toutes les prétendues preuves de l'existence de Dieu partent de présupposés discutables : pourquoi, par exemple, seul un Être parfait pourra-t-il induire en nous l'idée de perfection. Ne voit-on pas, chaque jour, que la pensée n'est pas seulement l'image adéquate du réel mais aussi son envers ? Ce n'est pas parce qu'il est heureux mais bien parce qu'il est malheureux que l'être humain conçoit l'idée de bonheur ; dès lors, il n'est plus extravagant d'imaginer une idée de perfection produite justement par l'être le plus imparfait qui soit.
Etat de satisfaction parfaite, de contentement du corps, du cœur et de l'esprit.
La notion d'esprit revêt plusieurs sens. Elle désigne d'une part l'intellect, la raison, la pensée. Elle désigne d'autre part l'âme, l'être immatériel qui constitue notre intériorité, notre personnalité. Les philosophes classiques ne faisaient pas de différence entre les deux: l'âme, qui relève du sentiment que nous avons de nous-mêmes, est aussi le siège de la pensée. C'est peut-être une indication qu'affectivité et raison sont plus étroitement unies qu'on ne le croit, dans l'esprit, précisément.
Le terme d'histoire désigne deux réalités différentes: 1) la science qui étudie le passé de l'humanité et qui relate et interprète les faits. 2) les événements, les actes, les faits du passé, cad la mémoire des hommes.
Qui est naturellement juste, fondé. "Légitime" a un sens plus général que "légal", il peut donc être légitime de s'opposer à ce qui est légal, comme la morale peut s'opposer à la politique.
Né à Aoste (1033-1109).
Il fut abbé de Sainte-Marie-du-Bec (Normandie), puis arche-vêque de Cantorbery en 1093. Il eut, avec le moine Gaunilon et avec Roscelin de Compiègne, une controverse célèbre sur des points de philosophie scolastique. La raison est intermédiaire entre la foi et la contemplation. Il faut croire pour comprendre, puis comprendre la croyance acquise : « Ne pas faire passer la foi d'abord, c'est présomption ; mais ne pas faire appel ensuite à la raison, c'est négligence. Les êtres et les choses sont d'une perfection inégale. Nous avons l'idée d'un être parfait (même l'athée accepte cette définition :« Dieu est tel que rien de plus grand ne peut être pensé ») ; or, cette perfection absolue nécessite l'existence; donc l'être parfait existe. » C'est la preuve ontologique de l'existence de Dieu, jouant sur l'esse in intellectu et sur l'esse in re. Oeuvres principales : Cur Deus homo, De Veritate, Proslogium, Monologium.