-La pluralité des définitions de la philosophie s’ordonne autour d’un foyer de sens : la philosophie est un travail critique de la pensée sur elle-même, en même temps qu’un effort pour rendre notre existence intelligible ; elle est l’acte d’une pensée s’exerçant à sa propre liberté et s’affrontant à la question du sens, sans autre secours que ceux qu’offrent la raison et l’expérience. La diversité des significations concerne principalement le statut donné à la rationalité et à la connaissance.
-Mais l’homme semble, immédiatement, spontanément, être un être de désir. Puissance de négation et de transformation, de rêve et d’action, le désir est ce par quoi l’homme est ouvert à la dimension du possible et de l’imaginaire. Traçant une ligne de faille dans la plénitude du réel, il y introduit l’absence. Tour à tour destructeur et entreprenant, le désir met le monde en chantier : l’histoire de l’humanité est l’histoire de ses désirs. Pourtant, l’homme entretient avec lui des rapports difficiles et contradictoires. Toute une tradition religieuse et philosophique le stigmatise et le condamne. L’ascétisme, par exemple, figure l’idéal d’une humanité enfin délivrée du désir et nous rappelle que si l’homme est attachée à ses désirs comme à l’expressions de sa vie même, il est tout aussi pressé de s’en débarrasser et peut être habité par le plus paradoxal d’entre eux : le désir de mort, c’est-à-dire la mort du désir.
-Or, on le voit bien, il apparaît que désir et activité du philosopher ne peuvent aller ensemble en ce sens que l’un né de la faculté du sentir et de l’imagination, alors que l’autre est activité de la raison humaine. En ce sens, il apparaît logique de dire que philosopher consiste à renoncer à ses désirs. Mais c’est précisément ce qu’on nous demande d’interroger.
-En effet, si le philosopher se caractérise par l’activité de la faculté rationnelle de l’âme, pour parler en termes platonicien, et que le désir exprimer l’activité de la faculté désirante de l’âme, cela signifie-t-il pour autant que toute philosophie est exclusions pure et simple du désir ?
-Pour sortir de l’impasse en effet, il nous faudra trouver une issue dialectique qui soit capable de nous faire penser philosopher et désir ensemble en dépassant leur opposition.
-Ce qu’il faut clairement comprendre ici c’est que c’est précisément l’essence même de la philosophie en tant qu’activité qui est mise à la question.
Problématique
Est-il légitime d’affirmer que l’essence du philosopher non seulement se confond mais encore s’épuise dans un renoncement absolu, radical, de tout désir, ou plutôt de toute forme de désir ? Ne doit-on pas, bien plutôt, chercher à penser dialectiquement philosophie et désir de sorte que l’on dépasse cette exclusion à la fois illégitime et manichéenne ?
Ce sont donc tout à la fois l’essence de l’activité philosophique que le statut du désir lui-même qui sont ici mis à la question.
CITATIONS:
« Ma [...] maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs que l'ordre du monde. » Descartes, Discours de la méthode, 1637.Cette maxime, empruntée à la morale stoïcienne, nous invite à maîtriser nos désirs, en ne les faisant porter que sur les choses qui dépendent de nous. Celui qui désire modifier le cours des événements (la fortune) ou bien changer l'ordre du monde échouera certainement, et en sera malheureux. Le bonheur appartient à celui qui parvient à ne désirer que ce qu'il peut effectivement obtenir.
« Parce que la plupart de nos désirs s'étendent à des choses qui ne dépendent pas toutes de nous ni toutes d'autrui, nous devons exactement distinguer en elles ce qui ne dépend que de nous, afin de n'étendre notre désir qu'à cela seul. » Descartes, Les Passions de l'âme, 1649.
« Ce n'est pas par la satisfaction des désirs que s'obtient la liberté, mais par la destruction du désir. » Épictète, Entretiens, vers 130 apr.
Qui ne comporte aucune restriction ou r�serve, qui est valable pour tous et en tous temps. S'oppose � relatif. Ce qui est absolu n'est pas consid�r� comme un rapport � autre chose.
Un autre homme, une autre personne. En philosophie, "autrui" est ce qui est différent de moi et que l'appréhende par ma subjectivité. L'homme est ce que j'ai en commun avec les autres, tandis qu' "autrui" est ce qui me différencie des autres, ce que je ne peux connaître totalement, à cause de ma subjectivité.
Etat de satisfaction parfaite, de contentement du corps, du cœur et de l'esprit.
Ce mot désigne l'examen, par la raison, de la valeur logique d'une démonstration.
Ensemble des phénomènes organiques et psychologiques qui me poussent à posséder un objet en vue d'en tirer plaisir. Cet objet peut être matériel ou non.
Pour Platon, la dialectique est le processus par lequel la pensée s'élève vers la vérité en admettant ou rejetant des arguments successifs. Pour Hegel, c'est le mouvement de la pensée qui passe d'une affirmation (thèse) à son contraire, avant de réconcilier les deux points de vue en les surmontant dans une synthèse.
Possibilité, capacité, qui ne se traduit pas forcément par un acte.
Le terme d'histoire désigne deux réalités différentes: 1) la science qui étudie le passé de l'humanité et qui relate et interprète les faits. 2) les événements, les actes, les faits du passé, cad la mémoire des hommes.
L'ordre naturel repose sur des lois que la raison est capable de découvrir. L'ordre social repose sur des décrets qui, idéalement, devraient être des décrets de la raison et qui, de fait, dépendent plus des circonstances, d'intérêts politiques, économiques ponctuels.
Plaisir résultant de l'accomplissement d'une chose que l'on souhaitait, que l'on attendait ou que l'on désirait.
La tradition est une transmission, de génération en génération, de coutumes, de savoir-faire, de doctrines.