La raison peut atteindre, dans le réel, ce à quoi elle donne elle-même sa forme. Dans la Critique de la Raison Pure, Kant compare sa méthode à celle de Copernic. Le savant polonais mit enfin l'astronomie sur la voie de la science moderne lorsqu'il plaça le soleil au centre de son astronomie et en délogea la Terre (héliocentrisme). Kant compare le décentrement opéré par Copernic au sien propre: jusqu'alors, on a cherché à résoudre le problème de la connaissance en faisant tourner le sujet autour de l'objet. Décentrons l'objet, replaçons au centre le sujet qui connaît et mettons l'objet connu à la périphérie. Ainsi, affirme Kant, nous pourrons savoir en quoi la connaissance consiste au juste et quelles en sont les limites.«Nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nous-mêmes.« Kant, Critique de la raison pure (1789).
* La «révolution copernicienne« opérée par Kant est la suivante: le réel connaissable n'est pas indépendant de l'esprit, c'est l'esprit qui lui donne sa forme. Nous ne sommes pas passifs face au monde: c'est nous qui lui donnons les formes sous lesquelles nous le connaissons.
Expression latine qui signifie "avant l'exp�rience". Dans le vocabulaire kantien, d�signe les connaissances ou facult�s qui ne d�pendent pas de l'exp�rience, qui sont inn�es.
La notion d'esprit revêt plusieurs sens. Elle désigne d'une part l'intellect, la raison, la pensée. Elle désigne d'autre part l'âme, l'être immatériel qui constitue notre intériorité, notre personnalité. Les philosophes classiques ne faisaient pas de différence entre les deux: l'âme, qui relève du sentiment que nous avons de nous-mêmes, est aussi le siège de la pensée. C'est peut-être une indication qu'affectivité et raison sont plus étroitement unies qu'on ne le croit, dans l'esprit, précisément.