Que faut-il pour convaincre ? C’est une question très ancienne posée par la philosophie : que l’on pense par exemple à la critique de la rhétorique développée par Platon. On peut réduire la conviction à la persuasion, ou décider de la soumettre à une exigence de vérité. Dans ce cas, dans quelle mesure convaincre produit-il la vérité ? Et, surtout, la conviction peut-elle être obtenue par la simple production de la vérité ? On pourra envisager les contextes de la conviction et de la production de la vérité pour répondre à la question : toute vérité est-elle productible dans n’importe quel contexte (cf. l’exemple de Galilée : il avait raison, mais le monde dans lequel il vivait avait un système de pensée tel qu’il n’a pas convaincu et a même été violemment attaqué). On pourra envisager également les modalités de cette conviction/production de la vérité : y’a-t-il des codes par lesquels on montre que l’on a raison ? Y’a-t-il des règles à respecter, par exemple des règles de composition des textes dans lesquels on cherche à convaincre ? Le sujet réclame donc de prendre un recul critique sur les manières de montrer que l’on a raison, en rapport avec la conviction, pour en comprendre les contextes, les modalités, et finalement fixer la nécessité et plus particulièrement la suffisance du lien entre le fait d’avoir raison et le fait de convaincre.
Analyse des termes du sujet :
"avoir raison", c'est dire être dans le vrai, affirmer quelque chose de vrai ;
"convaincre", c'est obtenir l'adhésion d'autrui à ce que l'on dit ;
le verbe "suffire" renvoie à l'idée de condition suffisante : une cause qui permet à elle seule d'obtenir ou de produire quelque chose ; on va donc se demander si le simple fait d'avoir raison permet à lui seul de convaincre ;
Une réponse immédiate : oui, c'est apparemment le cas puisque l'idée de "raison" et l'idée de "capacité à convaincre" sont souvent associées dans la vie courante (celui qui réussit à convaincre, c'est "celui qui sait"). Un problème (qui montre l'insuffisance de cette réponse et la nécessité d'approfondir l'analyse) : mais alors, s'il en était ainsi, tout le monde devrait se laisser convaincre par ceux qui détiennent la vérité, et l'ignorance devrait disparaître presque instantanément de la surface de la terre... Or ce n'est pas le cas.
Un autre homme, une autre personne. En philosophie, "autrui" est ce qui est différent de moi et que l'appréhende par ma subjectivité. L'homme est ce que j'ai en commun avec les autres, tandis qu' "autrui" est ce qui me différencie des autres, ce que je ne peux connaître totalement, à cause de ma subjectivité.
Du latin "convictus", convaincu. Dans "convaincu", il y a à la fois "vaincu avec" et "vaincu contre". La conviction est donc une opinion affirmée contre d'autres, de manière polémique.
Ce mot désigne l'examen, par la raison, de la valeur logique d'une démonstration.
Du grec sustèma, assemblage de parties constituant un corps ou un ensemble. En philosophie, un système est un ensemble d'idées organisées qui se soutiennent mutuellement les unes les autres et qui représentent de façon globale et cohérente la totalité du réel ou de l'histoire.
Désigne une adhésion ou une tentative de faire adhérer, fondée moins sur la raison que sur le sentiment et l'imagination.