Recourir à l'acquiescement de l'esprit fondé sur des preuves qui nous paraissent décisives et sur la certitude personnelle qui en résulte, est-ce reconnaître le droit et l'appliquer, est-ce remplir l'exercice du pouvoir juridique ? Est-ce faire respecter le droit positif ? Autant de questions suggérées par l'intitulé, qui nous pose une des problèmes majeurs du fondement du droit et de son application. Faut-il se borner à des preuves irréfutables, purement objectives, pour rendre justice ?
CONSEILS PRATIQUES
Deux termes à expliciter : justice et conviction. La certitude personnelle et ses limites doivent être longuement interrogées par vous. Peut-on se fier au sentiment de l'injuste ? Notre intime conviction n'a-t-elle pas toujours déjà teintée de subjectivité ? A cette objectivité s'oppose l'objectivité rigoureuse de la loi positive. Au côté subjectif, ajoutez synthétiquement tout l'arsenal objectif par lequel on rend justice. L'intime conviction n'est pas suffisante : que d'erreurs judiciaires elle pourrait engendrer !
BIBLIOGRAPHIE
KANT, Métaphysique des moeurs. Doctrine du droit, Vrin. H. KELSEN, Théorie pure du droit, Dalloz.
D'abord, parce que nous sommes alors confrontés à des points de vue différents du nôtre, également recevables par définition. Ensuite, parce que notre sentiment dépend des circonstances et des moyens par lesquels notre sensibilité est touchée. Les médias jouent un rôle essentiel dans ce domaine.La question reste donc entière : où trouver un critère du juste ? Aux incertitudes et aux fluctuations du sentiment, on peut opposer l'inflexibilité et la stabilité des lois.
CITATIONS:
« La justice est une
disposition constante de l'âme à attribuer à chacun ce qui d'après le
droit civil lui revient. » Spinoza, Traité théologico-politique,
1670.
« Le juste [...] est ce
qui est conforme à la loi et ce qui respecte l'égalité, et l'injuste ce
qui est contraire à la loi et ce qui manque à l'égalité. » Aristote,
Éthique à Nicomaque, Ive s.
Du latin "convictus", convaincu. Dans "convaincu", il y a à la fois "vaincu avec" et "vaincu contre". La conviction est donc une opinion affirmée contre d'autres, de manière polémique.
Ensemble des lois écrites en vigueur dans une société, un pays.
La notion d'esprit revêt plusieurs sens. Elle désigne d'une part l'intellect, la raison, la pensée. Elle désigne d'autre part l'âme, l'être immatériel qui constitue notre intériorité, notre personnalité. Les philosophes classiques ne faisaient pas de différence entre les deux: l'âme, qui relève du sentiment que nous avons de nous-mêmes, est aussi le siège de la pensée. C'est peut-être une indication qu'affectivité et raison sont plus étroitement unies qu'on ne le croit, dans l'esprit, précisément.
Caractère d'une réalité qui peut être attestée par l'expérience, qui est la même pour tous.
Attitude d'une personne qui juge, pense ou apprécie en fonction de sa conscience, de ses opinions et ses goûts. En philosophie, on parle de subjectivisme pour définir un système de pensée qui accorde une place prépondérante au sujet pensant.
Principe justificatif d'un raisonnement, d'une loi.