CONFLITS DE CLASSE ET CHANGEMENT SOCIAL chez Karl Marx
Publié le 02/12/2021
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Approfondissement de la Partie II du programme, sous-partie II : « Conflits et mobilisation sociale «
Qui était Karl Marx?
Le contexte historique de la pensée de l’auteur et ses apports
Avec la Révolution industrielle qui prend naissance à la fin du XVIIIème siècle en Grande-Bretagne et qui marque l’avènement du capitalisme comme nouveau mode de production, de profondes mutations s’opèrent dans les structures économiques et sociales et notamment en matière de conditions de vie et de travail. Le travail à l’usine supplante progressivement le travail à domicile. L’ouvrier remplace l’artisan.
Karl Marx est le témoin de ces transformations et notamment de la constitution de cette classe ouvrière au sein des grandes entreprises capitalistes. Cette classe ouvrière (le prolétariat) réunit des salariés partagent de mauvaises conditions de travail et touchant un salaire de misère. Selon Marx, ces prolétaires sont exploités par les capitalistes, propriétaires des moyens de production.
Il consacrera alors sa vie et son écriture à la lutte des classes et à la défense du mouvement ouvrier : Il se rallie au communisme, milite dans divers groupes révolutionnaires ; il participe en outre à la création de la Ligue communiste en 1847 ainsi qu’à celle de la 1ère Internationale ouvrière en 1864. En 1879, il aide également Jules Guesde à former le Parti ouvrier français.
D’ailleurs, lorsqu’on demandait à Marx de définir son idée du bonheur, il répondait « la lutte «. Et c’est bien en tant que théoricien de la lutte des classes et de la révolution prolétarienne que Marx est entré dans l’histoire.
Mais ces apports vont bien au-delà. L’œuvre théorique de Marx s’avère considérable : penseur et écrivain fécond, il occupe une grande place dans la pensée du XIXème siècle, tant sur le terrain de la philosophie, avec le matérialisme dialectique et historique, que ceux de l’économie politique, avec sa théorie de la plus-value et de l’accumulation du capital, ou de l’histoire et de la sociologie avec son analyse des classes sociales et de la place qu’occupe la lutte des classes dans l’histoire et le changement social.
I. LA PENSEE DE L’AUTEUR
1.1. LES CLASSES SOCIALES DANS LES SOCIETES CAPITALISTES
● Document 1, p. 453 : classes et lutte des classes dans l’histoire
└> Questions 1 et 2
1. Comme les sociétés qui l’ont précédée, la société bourgeoise moderne est une société de classes donc une société hiérarchisée marquée par une lutte des classes (à l’origine de son évolution) .
2. Ce qui la distingue, c’est la simplification des antagonismes ; dans la société bourgeoise fondé sur le mode de production capitaliste, deux classes tendent à s’opposer : la bourgeoisie et le prolétariat.
Pour Marx chaque type de société se caractérise par un mode de production particulier.
Un mode de production est le résultat de la combinaison des forces productives (qui comprennent à la fois les moyens de production matériels et la force de travail) et des rapports de production (rapports sociaux que nouent les individus dans la sphère productive) qui sont généralement asymétriques car opposent les « maîtres des conditions de production « aux « producteurs directs « (travailleurs manuels)
Marx a mis en évidence quatre modes de production
- le mode de production antique => esclavage
- le mode de production féodal => servage
- le mode de production asiatique
- le mode de production capitaliste
Le mode de production capitaliste correspond à la société moderne, bourgeoise (ie celle qui apparaît suite aux transformations impulsée par la Révolution industrielle). Les rapports sociaux qui le caractérisent repose sur le salariat (la force de travail devient une marchandise et fait l’objet d’un échange marchand => la force de travail a désormais un prix) et la propriété privée des moyens de production. Il se caractérise en outre par une logique d’accumulation des forces productives et notamment du capital.
● Document 2, p. 453 : prolétaires et capitalistes
└> Questions 4 et 5
4. Le prolétaire ne dispose que de sa force de travail pour vivre alors que le capitaliste, lui, possède les moyens de production
5. Il s’agit d’une relation de type marchand qui lie les prolétaires aux capitalistes : les prolétaires n’ont d’autres choix que de vendre leur force de travail aux capitalistes et de se placer sous leur subordination.
Ils sont liés l’un à l’autre par un contrat, caractéristique du salariat
=> Les rapports de production sont bien fondés sur le salariat.
● Document : Le capitaliste exploite le prolétaire en accaparant la plus-value
La valeur de la force de travail est déterminée par la quantité de travail nécessaire à son entretien ou à sa production¹, mais l’usage de cette force de travail n’est limité que par l’énergie agissante et la force physique de l’ouvrier. La valeur journalière ou hebdomadaire de la force de travail est tout à fait différente de l’exercice journalier ou hebdomadaire de cette force. (…) Prenons l’exemple de notre ouvrier fileur.Nous avons vu que, pour renouveler journellement sa force de travail, il lui faut créer une valeur de 3 shillings, ce qu’il réalise par son travail journalier de 6 heures. Mais cela ne le rend pas incapable de travailler journellement 10 à 12 heures ou davantage. En payant la valeur journalière ou hebdomadaire de la force de travail de l’ouvrier fileur, le capitaliste s’est acquis le droit de se servir de celle-ci pendant toute la journée ou toute la semaine. Il le fera donc travailler, mettons, 12 heures par jour. Au-dessus des 6 heures qui lui sont nécessaires pour produire l’équivalent de son salaire, c’est-à-dire de la valeur de sa force de travail, le fileur devra donc travailler 6 autres heures que j’appelerai les heures de surtravail, lequel surtravail se réalisera en une plus-value ou surproduit.
¹ Marx part du principe selon lequel comme toute autre marchandise, la valeur de la force de travail (et donc son prix qui en est l’expression monétaire) est déterminée par la quantité de travail nécessaire à sa production. Ainsi, la valeur de la force de travail est déterminée par la valeur des objets de première nécessité qu’il faut pour produire et perpétuer la force de travail
K. Marx, Salaire, prix et profit, Editions sociales, 1966 (1865)
Questions :
1) Sur la journée de 12 heures, quelle est la proportion de temps nécessaire à la reproduction de la force de travail ?
Il faut six heures pour reproduire la force de travail sur une journée de douze heures soit la moitié.
ð La moitié du temps de travail de l’ouvrier est destiné à assurer sa propre subsistance
2) A quoi correspondent les 6 autres heures de travail effectuées par l’ouvrier ?
Les six autres heures de travail effectuées correspondent à la plus-value (le surtravail).
ð l’autre moitié sert à créer de la plus-value
Plus- value = écart entre la valeur d’usage de la force de travail (valeur du travail réellement effectué qui correspond au prix auquel est vendu le résultat du travail, soit la production réalisée par les travailleurs) et la valeur d’échange de la force de travail (prix auquel est acheté la force de travail)
=> Pour Marx, cette plus-value devrait revenir aux ouvriers puisqu’elle est le fruit de leur travail. Or, cette plus value est accaparée par les capitalistes d’où l’idée d’une exploitation du prolétariat par la bourgeoisie.
Via cette exploitation, le capital s’accroît (d’où logique accumulation du capital), le capitaliste s’enrichit et le capitalisme progresse (concentration des entreprises) tandis que le prolétaire se paupérise.
● Document 5, p. 455 : Naissance de la conscience de classe
Questions :
1) Quels sont les intérêts communs qui unissent les prolétaires ?
Face à la pression du patronat dont l’intérêt est de réduire les coûts et donc de diminuer les effectifs et/ou les salaires, tout en exigeant des niveaux de productivité élevés, les ouvriers sont d’abord en concurrence.
Mais ils ont un intérêt commun : le maintien du salaire
2) Question 11
Avec l’émergence de la grande industrie, de très nombreux travailleurs sont réunis dans un même lieu ce qui va leur permettre de s’associer pour lutter contre le patronat et s’opposer aux baisses de salaires.
Cette lutte leur fait prendre conscience, non seulement de la communauté de leurs intérêts, mais aussi de l’importance de l’action collective. C’est alors que la classe ouvrière, suffisamment organisée, peut agir politiquement et devenir ainsi une classe « pour soi «
Voir cours tronc commun sur classe sociale au sens de Marx
- classe en soi et classe pour soi
1.2. LA LUTTE DES CLASSES COMME MOTEUR DU CHANGEMENT SOCIAL
Pour Marx, le conflit est le moteur du changement social. Dans toutes les sociétés et de tout temps, des groupes sociaux se sont affrontés : « l’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de la lutte des classes. «. La lutte des classes permet de transformer la société grâce à un processus révolutionnaire
● Document 7, p. 456 : Les conséquences de l’accumulation pour la classe capitaliste
└> Questions 18 et 19
18.
C’est l’accumulation de capital qui correspond à l’accroissement du stock de capital utilisé par les capitalistes dans le processus de production.
Les capitalistes réinvestissent les profits afin d’accroître leur capacité de production
Capital = ens des moyens de production
19.
Cette accumulation est inévitable en raison de la concurrence qui caractérise le système capitaliste.
Pour y faire face, les capitalistes doivent disposer de moyens de production toujours plus performants, ce qui nécessite des investissements de plus en plus lourds.
Conséquence = accroissement de la taille des entreprise et une tendance à la concentration des activités entre les mains d’un nombre restreint de propriétaires.
=> baisse concurrence (contrôle d’une part croissante du marché des parts du marché par un petit nombre d’entreprises)
Comme l’accumulation du capital permet d’augmenter la division du travail et l’intensité capitalistique (nb de machines par travailleurs), et par là même la productivité du travail, besoin de moins de travailleurs pour produire au moins la même qté. Les ouvriers rentrent alors en concurrence et se crée ce que Marx appelle « une armée industrielle de réserve «, des prolétaires non employés qui crée sur le marché du travail une pression permanente à la baisse des salaires
=> L’accumulation du capital conduit à la baisse des salaires ce qui engendre la paupérisation de la classe ouvrière en même temps qu’avec la DT, le travail devient plus insatisfaisant et répugnant (du fait division travail)
En outre, voyant face à la baisse des salaires, les travailleurs vont chercher à sauvegarder leur pouvoir d’achat en travaillant davantage (il fait plus d’heures ou fournit plus en une heure) ce qui permet au capitaliste de réduire ses effectifs => hausse concurrence sur marché travail => aggravation pression à la baisse des salaires
Parallèlement la plus-value augmente => exacerbation de l’exploitation
● Document 10, p. 457 : deux contradictions du capitalisme à leur dépassement
└> Questions 27 et 28
27.
Les deux grandes contradictions du capitalisme sont essentiellement que :
- forces et rapports de production ne se développent pas au même rythme
Les forces productives croissent sans cesse alors que les rapports de production restent relativement stables
- la progression des richesses s’accompagne d’une misère croissante du plus grand nombre (« paupérisation du prolétariat «)
La concentration du capital entre un nombre de plus en plus restreint de capitalistes et la paupérisation du prolétariat qui se trouve regroupé dans les grandes entreprises (du fait de la concentration) va amené à l’émergence et à l’intensification de la lutte des classes prenant la forme d’une révolution prolétarienne (contre l’exploitation de la bourgeoisie).
Dans la lutte et par la lutte, la classe ouvrière prendra une conscience plus claire d’elle-même et de ses intérêts ; elle se constituera alors en « classe pour soi «; elle va alors développer une idéologie (le communisme) et s’organiser politiquement (parti, syndicats) de manière à prendre le pouvoir (en renversant la bourgeoisie) et à transformer les rapports sociaux.
28.
Les révolutions précédentes étaient faites par des minorités au profit de minorités.
La révolution prolétarienne sera une révolution faite par la majorité – le prolétariat constituant la plus grande partie de la population – au profit de l’ensemble de la population.
Cette révolution permettra de mettre fin à la lutte des classes par la destruction de mode capitaliste et à l’avènement du communisme
Lors de la phase de transition du capitalisme au communisme, le prolétariat va exercer sa dictature sur les autres classes grâce à un renforcement de l’Etat. Cette dictature du prolétariat se justifie par les changements politiques et économiques que nécessite l’instauration du communisme : il s’agit à la fois de prendre des mesures pour empêcher l’ancienne classe dominante de reprendre le pouvoir et de socialiser les moyens de production.
Pour Marx le communisme sera une société d’abondance dont le principe de justice sociale sera : « à chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins « ie que chacun créera des richesses en fonction de ses talents, mais la richesse créée sera répartie collectivement en fonction des besoins de chacun.
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