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« King Arthur » à l'épreuve de la scène

Publié le 06/12/2018

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le spectaculaire ont ici partie liée contre la parole, laquelle est réduite à une pure fonction naturelle de communication - il s’agit de raconter une histoire -, alors même qu’ils se chargeront d’en expliciter le sens au moyen d’éléments artificiels (la musique, l’allégoris-me) ou surnaturels (d’où le recours au merveilleux et à la machinerie dans les tableaux). Assemblage complexe qui donnerait l’impression d’un puzzle si le metteur en scène n’intervenait pour unifier toutes les strates du spectacle : et c’est précisément ce que réussit Graham Vick, épaulé par le décorateur Paul Brown et l’éclairagiste Wolfgang Gobbel. Jouant du premier - les scènes tiennent souvent de l’imagerie populaire naïve - comme du second degré - en particulier pour montrer l’artifice du schéma allégorique -, ils font de cette tragédie un livre d’images paradoxalement chatoyantes et froides.

« La plus spectaculaire production de la saison », annonce fièrement le Royal Opéra House de Covent Garden en présentant au printemps 1995

 

- quelques semaines après le Théâtre du Châtelet à Paris et le Théâtre de Caen qui coproduisent le spectacle - le King Arthur de Henry Purcell (1659-1695) et John Dryden (1631-1700). Juste fierté à célébrer le tricentenaire de la mort de l'« Orphée britannique », en ressuscitant la version scénique de cet « opéra dramatique » triomphalement créé au printemps 1691 au Dorset Garden de Londres et souvent mutilé depuis. Cependant, on peut se demander si l’impeccable spectacle suscite aujourd’hui autre chose que ce « plaisir épique » dont parlait Stendhal à propos des tragédies raciniennes jouées à l’aube du romantisme.

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