Devoir de Philosophie

Vermeer ou le regard indiscret

Publié le 03/12/2018

Extrait du document

UN MONDE DE SIGNES

 

Dans les toiles de Vermeer, le traitement de la réalité procède d’une volonté, non de reproduction, mais de « métaphorisation » : l’intérieur et l’extérieur se ressemblent, parce qu’ils traduisent, par-delà les apparences différentes, un même paysage. Paysages d’âmes que le travail du peintre s’efforce de rendre par la minutie des details, tous chargés, depuis la couleur jusqu’aux objets, de valeurs symboliques. Évident dans l'Allégorie de la foi (avec le serpent écrasé, le calice, le crucifix, la pomme...), le sens doit être recherché dans ces objets qui meublent l’espace clos, et ouvrent, précisément, sur l’ailleurs de la poésie et de son monde de signes. Peut-être est-ce cette spécificité qui a fait appeler notre artiste « le Sphinx de Delft »? Et sans doute le visiteur trouve-t-il là un ultime plaisir : celui de tenter de résoudre les énigmes que constituent ces toiles à la facture impeccable, et qui disent évidemment autre chose que ce que la seule paraphrase des titres énonce.

Discret au point de fondre son monogramme dans les détails de ses tableaux, « à jamais inconnu, à peine identifié sous le nom de Vermeer » (Proust), le maître de Delft (1632-1675) a pourtant « rassemblé » des centaines de milliers de visiteurs à La Haye, en 1996, le temps d'une exposition. Cette dernière n 'est en rien comparable à celles que Von parcourt au pas de charge, noyé sous le nombre des toiles, dans le bruit et la cohue.

 

Il est vrai que les salles du Mauritshuis ne se prêtent guère à cet exercice de « picturophagie », et qu 'elles incitent plutôt à la dégustation.

Liens utiles