La fièvre tranquille de Daniel Auteuil

Le comédien reconnaît volontiers en Sautet le « maître artisan », celui qui l'a poussé dans ses retranchements, lui faisant lire à haute voix - pendant la préparation de Quelques jours avec moi, par exemple, - Un héros de notre temps, de Lermontov, afin de lui donner l'habileté de l'élocution, la maîtrise du verbe. Ces exercices de diction l’aideront à affronter de nouveau la scène, où il triomphera dans la Double Inconstance, sous la direction de Bernard Murat, puis dans les Fourberies de Scapin, sous celle de Jean-Pierre Vincent. Le théâtre fut sa première expérience artistique, sa vraie fascination, et, même s’il renonce aux planches pendant les six années qui précèdent Jean de Florette, il ne niera jamais sa dette.

Il aime d’ailleurs la composition, la préparation d'un rôle. Après l'expérience décisive de Quelques jours avec moi, il n'aura de cesse d'approfondir son jeu, à la recherche de la vérité, de la densité, de la simplicité. Il sera ainsi tour à tour, et admirablement, le jeune cadre amoureux de sa femme de ménage noire dans Romuald et Juliette (1989) ; 

Avec Gérard Depardieu - de deux ans son aîné -, Daniel Auteuil est aujourd’hui unanimement considéré comme le comédien le plus doué de sa génération.

Dix ans après le César obtenu pour son rôle dans Jean de Florette, il a reçu, en 1996, le prix d'interprétation au Festival de Cannes pour le Huitième Jour, de jaco Van Dormael. Acteur au théâtre, au cinéma et à la télévision, chanteur et metteur en scène à ses heures, cet artiste complet a acquis, à force de discipline, une intériorité qu 'expriment un regard intense, une retenue dans le jeu et un art des silences.

Après les Voleurs, d'André Téchiné, Passage à l'acte, de Francis Girod, et Lucie Aubrac, de Claude Berri, il tournera son quarantième film.