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Caravage par Pierre Moisy Directeur de l'Institut Français, Copenhague Vers 1593, au moment où Caravage, après son apprentissage à Milan et son passage probable à Venise, arrive à Rome, la peinture romaine semble à bout de souffle.

Publié le 05/04/2015

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Caravage par Pierre Moisy Directeur de l'Institut Français, Copenhague Vers 1593, au moment où Caravage, après son apprentissage à Milan et son passage probable à Venise, arrive à Rome, la peinture romaine semble à bout de souffle. Des peintres abondants, habiles, Federico Zuccaro ou le Cavalier d'Arpin, sont les meneurs du jeu : ils ne font que répéter, en les affadissant, les leçons des grands maîtres. L'éclectisme des Carrache ne s'y répandra guère qu'après 1595 et cette formule même atteste assez l'épuisement de la sève créatrice. Or, voici que ce jeune homme, praticien obscur, se fait subitement connaître par une série d'oeuvres qui s'écartent résolument des voies habituelles. Il ne peint pas la pythie ou une sibylle, mais cette bohémienne qu'il a rencontrée dans la rue en train de dire la bonne aventure à un jeune gentilhomme ; point de sainte Cécile, mais une jeune fille qui joue du luth. Si par hasard il représente Bacchus ou la Madeleine, il suit avec tant d'exactitude le modèle qui a posé pour lui que l'on croit reconnaître le jeune garçon ou la fillette de tous les jours. Ces tableaux, comme pour souligner ce parti pris de réalisme, sont emplis d'admirables natures mortes, précises et nettes, éclatantes comme des joyaux. Les fleurs et les fruits, le lézard qui jaillit d'une corbeille pour mordre le doigt de l'imprudent, les vases de cristal pleins d'une eau limpide comme eux-mêmes, expriment un même amour du quotidien dans toute sa simplicité et dans toute sa couleur. Et nul n'a compris comme Caravage la beauté du costume contemporain avec ses plumes, ses formes tantôt simples et tantôt emphatiques et surtout ses juxtapositions hardies de tons vifs ou chantants. Un tableau comme les Tricheurs, de la Galerie Sciarra, en tire toute sa saveur. A ce monde de paysans, de fillettes, de spadassins, il fait dire toute la beauté de la jeunesse et de la vie ; point ou presque pas de vieillards parmi ces figures pittoresques. Pas d'artifice non plus pour mettre leur poésie en valeur : une composition très simple, presque frontale ; des figures isolées : le couple de la Bohémienne et de son client, le trio des Tricheurs. Les trois figures de la Fuite en Egypte, ce tableau si frais et si pur, se tiennent côte à côte dans une lumière égale et qui découpe simplement les contours des accessoires et des figures principales. Avec tout ce " naturalisme ", Caravage étonnait déjà ses contemporains, lorsqu'il mit en oeuvre une découverte qui va bouleverser son art : celle des ressources d'un éclairage arbitraire. On connaît l'anecdote qui raconte que Tintoret plaçait dans une boîte fermée, percée d'un trou par où passait le rayon lumineux d'une bougie, des figurines sur lesquelles il étudiait à loisir le combat de l'ombre et de la lumière. A partir d'une certaine date, tout se passe comme si Caravage s'appropriait ce procédé et l'appliquait à sa manière. Emporté par la logique de son nouveau principe, il adopte du même coup le schéma de composition maniériste : pour bien ...
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