Devoir de Philosophie

côté du fringant général La Fayette, chef de la garde nationale, le roi prête serment à la Nation assemblée.

Publié le 06/01/2014

Extrait du document

fayette
côté du fringant général La Fayette, chef de la garde nationale, le roi prête serment à la Nation assemblée. C'est la « fête de la Fédération », ainsi nommée parce qu'elle célèbre l'union de tous les départements, qui viennent marquer leur attachement à la France renouvelée. Cent ans plus tard, la IIIe République choisira ce jour-là comme fête nationale : contrairement à ce que l'on croit, tous les 14 juillet nous ne commémorons pas la prise de la Bastille mais cette « fête de la Fédération » qui en marqua le premier anniversaire. Il fallait, pour honorer la nation, un jour d'unité, un jour heureux, un jour acceptable par tous. Il n'y en aura pas tant d'autres. Sous la Constituante s'ouvre déjà, en effet, une fracture qui n'en finira plus de déchirer le pays : la fracture religieuse. Il faudra un temps pour qu'on en comprenne la gravité. Pour trouver de l'argent, dès le mois de novembre 1789 on a procédé à la nationalisation des biens du clergé et on les a mis en vente sous le nom de « biens nationaux ». Ils sont gagés sur des bons, qui serviront de monnaie : les « assignats ». Des bourgeois, des paysans un peu fortunés achètent les terres qui appartenaient à l'Église et ce transfert de propriété est plutôt un élément de stabilisation du nouveau régime : ces nouveaux propriétaires lui sont tout acquis, ils ne redoutent désormais qu'une chose, un retour à un régime qui leur reprendrait leur bien. Mais cette nationalisation implique par contrecoup une réorganisation de l'Église et de son personnel, en voie d'être nationalisé à son tour. L'assemblée révolutionnaire vote une charte qui formalise ce nouvel état des choses : « la Constitution civile du clergé » et, pour être bien certains de leur fidélité, demande aux prêtres d'y prêter serment. Quid, dans ce cas, de leur allégeance à Rome ? Le pape n'avait dit mot dans un premier temps. Poussé sans doute par sa haine des idées impies qui se répandent en France, il jette son sceptre dans la balance en avril 1791 et déclare la Constitution civile « hérétique ». Schisme dans le clergé de France entre les « assermentés » fidèles à la nation, et ceux qui refusent le texte maudit, les « réfractaires ». Tempête dans les âmes tourmentées des fidèles. Le roi est un de ceux-là. Jusque-là, il est resté comme nous l'avons laissé, hésitant, gauche, ballotté par les événements. Le grand homme de la période pourrait lui être d'un appui solide : Mirabeau. Ce roi du double jeu est à l'Assemblée un tribun emporté, il conseille aussi en secret la famille royale. Il est débauché, corrompu, mais son intelligence est vive et son talent politique immense. Hélas, il meurt début avril après, dit la légende, une nuit de débauche entre deux danseuses. Louis est hanté par les affaires religieuses. Il veut communier pour ses Pâques auprès d'un prêtre proromain, c'est-à-dire un « réfractaire ». On l'en empêche. Tout ce qui se passe dans son royaume achève de le déstabiliser. Poussé par un petit clan ainsi que par la reine, il se résout à un acte qui se révélera une erreur funeste. Fin juin 1791, il s'enfuit de Paris pour retrouver dans une place forte de la Meuse les troupes complices de Bouillé qui l'aideront à rétablir l'ordre comme il l'entend. Le 20 juin, déguisé en bourgeois, accompagné de la reine et de leurs deux enfants, il quitte secrètement les Tuileries dans une sombre berline et prend la route de l'Est. Le 21 il est reconnu, puis arrêté à Varennes. Le 25 il est ramené à Paris, au milieu d'une foule muette car les autorités, craignant des débordements, ont ordonné le silence. La confiance entre Louis et son peuple est rompue, elle ne se rétablira jamais. La Constituante finissante a toutefois besoin du roi pour faire fonctionner la fameuse Constitution enfin élaborée, dont il est une pièce majeure. Début juillet, une manifestation au Champ-de-Mars qui demande sa déchéance est réprimée dans le sang. Les autorités, officiellement, se résolvent à une fiction, elles acceptent de faire croire que le prince et sa famille ont été enlevés. Personne n'est dupe. En septembre, la nouvelle assemblée prévue par la première Constitution de la France se réunit. On voit qu'elle n'est pas assise sur une base très saine. La Législative (1er octobre 1791-septembre 1792) : le début de la guerre, la fin de la monarchie Ce nouvel organe est fait pour écrire les lois, on l'appelle « la Législative ». Il poursuit l'énorme travail de réforme entrepris depuis 1789. L'acte le plus important de cette période a trait toutefois à la politique extérieure. Il a lieu au printemps 1792 : c'est la déclaration de guerre à l'Autriche. Depuis quelques mois déjà, l'Assemblée s'agaçait des provocations répétées des émigrés, massés à Coblence, et de l'écho favorable que leurs manigances trouvaient parmi les souverains d'Europe, de plus en plus hostiles à cette horrible Révolution. Peu à peu, pour des raisons antagonistes, en France deux camps opposés vont se résoudre à une entreprise militaire. Les Girondins, ainsi nommés parce que plusieurs de leurs députés viennent de Gironde, forment la gauche du moment, c'est- àdire le groupe le plus progressiste de la Législative. Ils espèrent que les armées de la liberté aideront les peuples à se défaire de « leurs tyrans » - c'est le vocabulaire de l'époque : ils rêvent d'une « guerre de propagande ». Ils pensent aussi qu'un affrontement contraindra Louis XVI à dévoiler son jeu trouble. Précisément, Louis XVI, poussé par la reine, se résout au conflit car il espère en secret que celui-ci permettra à ses parents, les monarques d'Europe, de venir le délivrer. Le 20 avril 1792, la guerre est donc déclarée à François Ier d'Autriche, roi de Bohême et de Hongrie, et neveu de Marie-Antoinette. Elle doit être courte et ciblée. Elle entraînera bientôt l'Europe dans une tourmente qui durera de façon quasi ininterrompue pendant vingt-trois ans et ne se terminera qu'avec Waterloo, en 1815. Elle doit servir à clarifier les choses. Elle aboutira à bouleverser le cours de la Révolution. Tout va si vite, alors. Le 20 juin 1792, journée révolutionnaire : le peuple veut être sûr des sentiments patriotiques du roi. Une foule immense de sans-culottes entre aux Tuileries et le cherche. Ils le trouvent, le coincent dans l'embrasement d'une fenêtre, le forcent à porter le bonnet rouge de la Révolution. C'est un avertissement à la vieille royauté capétienne, c'est un chiffon écarlate brandi au nez des puissances, ces Autrichiens et leurs alliés prussiens et émigrés qui se rassemblent aux frontières. Le 11 juillet, l'Assemblée nationale décrète « la patrie en danger ». Quelques jours après, le chef des Prussiens, Brunswick, certain d'être sur le point d'occuper la capitale française, fait une proclamation véhémente : si on touche à un cheveu du roi, Paris sera soumis « à une subversion totale ». La menace est faite pour terrifier les Français. Elle les galvanise. Les sans-culottes forment à Paris une « commune insurrectionnelle », c'est-à-dire qu'ils prennent l'Hôtel de Ville pour en faire une des bases d'un gouvernement révolutionnaire. Le 10 août 1792 - date fondamentale de notre histoire -, aidés par des fédérés marseillais de passage avant de rejoindre le front, ils investissent à nouveau les Tuileries. Le roi se réfugie à l'Assemblée toute proche. Celle-ci prononce sa déchéance puis le fait enfermer avec sa famille dans la prison du Temple. La monarchie entame son agonie. La France nouvelle, la nation France montre déjà un double visage. Face au péril extérieur, c'est l'héroïsme. Sursaut patriotique, courage des volontaires, discours enflammés et formules fameuses : « De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace et la France est sauvée », s'exclame le 2 septembre Danton, ministre depuis quinze jours. À l'intérieur, c'est le dérapage sanglant. Ce même 2 septembre débutent trois jours d'horreur. Rendus fous par les nouvelles dramatiques qui disent que les Prussiens sont près de marcher sur Paris, dans un effrayant climat de paranoïa, excités par des voix haineuses comme celle du journaliste Marat, des centaines de sans-culottes se ruent sur les prisons et, après quelques simulacres de procès, y exécutent de façon épouvantable tous ceux qui, à leurs yeux, peuvent ressembler à l'ennemi de l'intérieur : des prêtres sans défense, des aristocrates désarmés, des femmes, des malheureux qui se trouvent là par hasard. Ce délire fait entre 1 200 et 1 400 victimes, ce sont les « massacres de Septembre ». Plus de roi, la Législative est morte, on vote donc début septembre pour réunir une nouvelle assemblée. Le 20 se déroule un fait extraordinaire au pied d'un petit moulin, dans la Marne : après une courte canonnade, sous le commandement du général Dumouriez, les soldats français ont réussi à faire battre en retraite les Prussiens. Tous les experts sont d'accord aujourd'hui : militairement, il ne s'est pas passé grand-chose à Valmy. Les envahisseurs ont plus été vaincus par la dysenterie qui ravageait leurs entrailles que par la vaillance des tricolores qui leur faisaient face. Le symbole est immense : la première armée d'Europe a été vaincue par des va-nu-pieds. Et le soulagement général, la France est sauvée. Le 21, la nouvelle assemblée se réunit et abolit immédiatement la royauté. Le mot n'est pas prononcé mais chacun a compris ce qui vient implicitement de se jouer : la république est née. Le nouveau calendrier révolutionnaire que l'on mettra bientôt en place commence ce jour-là. Pour les contemporains, la France entre dans une nouvelle ère. Contentons-nous d'ouvrir un nouveau chapitre. 30 La Première République de 1792 à 1799 Louis XVI ou plutôt Louis Capet, comme on préfère appeler le ci-devant roi pour lui faire tomber la couronne jusque dans son état civil, est en prison avec sa femme et ses enfants. La Constitution de 1791, monarchique dans son principe, ne peut plus fonctionner. Il faut en donner une autre au pays. C'est pourquoi la nouvelle assemblée s'appelle « la Convention » (ou, plus exactement, la « Convention nationale »), un synonyme de « constituante ». Sa première décision, prise à l'unanimité le 21 septembre 1792, a été d'abolir la royauté. Dès le lendemain, elle entend dater ses actes de « l'an I de la République », la première dans notre pays. Officiellement, celle-là prend fin en 1804, avec le couronnement de Napoléon comme empereur. De fait, elle bascule dans un autre système dès le coup d'État de novembre 1799 qui l'avait fait consul. Sept ans à peine, donc, mais si tumultueux, passant par des phases si différentes qu'il convient, pour s'y retrouver, de les diviser encore. Repères - 1793 (21 janvier) : exécution de Louis XVI - 1793 (mars) : début de la guerre de Vendée - 1793 (6 avril) : premier Comité de salut public dominé par Danton - 1793 (31 mai-2 juin) : chute des Girondins - 1793 (juillet) : début de la prépondérance de Robespierre au Comité de salut public - 1793 (5 septembre) : « la Terreur à l'ordre du jour » - 1793 (17 septembre) : loi des suspects - 1794 (10 juin) : loi de prairial instituant la Grande Terreur - 1794 (26 juin) : victoire de Fleurus (en Belgique) - 1794 (27 juillet-9 thermidor) : chute et exécution de Robespierre et des siens - 1795 (26 octobre) : début du Directoire - 1796-1797 : campagne d'Italie de Bonaparte - 1798-1799 : expédition d'Égypte Les débuts de la Convention et la Terreur (1792-1794) En septembre 1792, la République. Au mois de décembre, début du procès de Louis XVI. Le 21 janvier 1793, digne comme il l'est depuis son emprisonnement, livide, le roi monte les degrés sinistres de l'échafaud installé sur la place de la Révolution, notre actuelle place de la Concorde. Quelques instants plus tard, au son des roulements de tambour prévus pour couvrir sa voix, à côté de son confesseur qui s'exclame « Fils de Saint Louis montez au ciel ! », sa tête tombe dans un panier rempli de son. En avril, pour faire face aux périls extérieurs, instauration d'un premier Comité de salut public dominé par Danton. En juin, avec l'appui des sans-culottes, le groupe le plus avancé de la Convention, les Montagnards - ou Jacobins - éliminent leurs ennemis, les Girondins. En juillet 1793, un nouvel homme fort se distingue au Comité de salut public, Robespierre. La France glisse dans la Terreur. Loi des suspects, exécution de Marie-Antoinette, condamnés montant à la guillotine par charrettes entières, guerre civile en Vendée, à Toulon, à Marseille, à Lyon, à Caen, nouvelles exécutions de nouvelles factions, mais aussi Carnot réorganisant l'armée grâce à la « levée en masse » ; les fameux « soldats de l'an II » chantés par Victor Hugo, ces va-nu-pieds qui donnent à la patrie d'éclatantes victoires (Hondschoote ou Fleurus, en Belgique). Et enfin, le 9 thermidor an II, selon le nouveau calendrier révolutionnaire en vigueur depuis quelques mois, c'est-à-dire le 27 juillet 1794, chute et exécution de Robespierre et des siens. On le voit, tout y est. En moins de deux ans, aucune image ne manque à la grande galerie de la Révolution française telle que nous l'avons en tête. Charrettes de condamnés et victoires à l'extérieur, guerres de clans et fièvre parlementaire. Au cours de ces vingt-deux mois, la Terreur, qui, pour ses thuriféraires (il en reste encore quelques-uns) ou ses détracteurs horrifiés (plus nombreux) résume la Révolution tout entière, aura duré un an. Ce court moment compte toutefois pour des siècles, puisque, plus de deux cents ans plus tard, il continue à hanter les esprits et à agiter d'interminables controverses. On y reviendra. Ne cherchons pas ici à entrer dans le déroulement chronologique précis d'une histoire mouvementée et complexe, ce n'est pas le propos de ce livre. Contentonsnous, pour essayer de la comprendre un peu mieux, de rappeler les lignes de force qui la traversent. Luttes fratricides
fayette

« Waterloo, en1815.

Elledoit servir àclarifier leschoses.

Elleaboutira àbouleverser lecours delaRévolution. Tout vasivite, alors.

Le20 juin 1792,journée révolutionnaire : lepeuple veutêtresûrdes sentiments patriotiques du roi.

Une foule immense desans-culottes entreauxTuileries etlecherche.

Ilsletrouvent, lecoincent dans l’embrasement d’unefenêtre, leforcent àporter lebonnet rougedelaRévolution.

C’estunavertissement àla vieille royauté capétienne, c’estunchiffon écarlate brandiaunez despuissances, cesAutrichiens etleurs alliés prussiens etémigrés quiserassemblent auxfrontières.

Le11 juillet, l’Assemblée nationaledécrète« lapatrie en danger ».

Quelques joursaprès, lechef desPrussiens, Brunswick, certaind’êtresurlepoint d’occuper lacapitale française, faitune proclamation véhémente :sion touche àun cheveu duroi, Paris serasoumis « àune subversion totale ».

Lamenace estfaite pour terrifier lesFrançais.

Ellelesgalvanise.

Lessans-culottes formentàParis une « commune insurrectionnelle », c’est-à-direqu’ilsprennent l’HôteldeVille pour enfaire unedesbases d’un gouvernement révolutionnaire.

Le10 août 1792–date fondamentale denotre histoire –,aidés pardes fédérés marseillais depassage avantderejoindre lefront, ilsinvestissent ànouveau lesTuileries.

Leroi seréfugie à l’Assemblée touteproche.

Celle-ciprononce sadéchéance puislefait enfermer avecsafamille danslaprison du Temple.

Lamonarchie entamesonagonie. La France nouvelle, lanation France montre déjàundouble visage.Faceaupéril extérieur, c’estl’héroïsme. Sursaut patriotique, couragedesvolontaires, discoursenflammés etformules fameuses : « Del’audace, encorede l’audace, toujoursdel’audace etlaFrance estsauvée », s’exclame le2 septembre Danton,ministre depuisquinze jours.

Àl’intérieur, c’estledérapage sanglant.Cemême 2 septembre débutenttroisjours d’horreur.

Rendusfous par lesnouvelles dramatiques quidisent quelesPrussiens sontprèsdemarcher surParis, dansuneffrayant climat de paranoïa, excitéspardes voix haineuses commecelledujournaliste Marat,descentaines desans-culottes se ruent surlesprisons et,après quelques simulacres deprocès, yexécutent defaçon épouvantable tousceux qui,à leurs yeux, peuvent ressembler àl’ennemi del’intérieur : desprêtres sansdéfense, desaristocrates désarmés,des femmes, desmalheureux quisetrouvent làpar hasard.

Cedélire faitentre 1 200 et1 400 victimes, cesont les « massacres deSeptembre ». Plus deroi, laLégislative estmorte, onvote donc début septembre pourréunir unenouvelle assemblée.

Le20 se déroule unfait extraordinaire aupied d’un petit moulin, danslaMarne : aprèsunecourte canonnade, sousle commandement dugénéral Dumouriez, lessoldats français ontréussi àfaire battre enretraite lesPrussiens.

Tous les experts sontd’accord aujourd’hui : militairement, ilne s’est paspassé grand-chose àValmy.

Lesenvahisseurs ont plus étévaincus parladysenterie quiravageait leursentrailles queparlavaillance destricolores quileur faisaient face.Lesymbole estimmense : lapremière arméed’Europe aété vaincue pardes va-nu-pieds.

Etle soulagement général,laFrance estsauvée.

Le21, lanouvelle assemblée seréunit etabolit immédiatement la royauté.

Lemot n’est pasprononcé maischacun acompris cequi vient implicitement desejouer : larépublique est née.

Lenouveau calendrier révolutionnaire quel’onmettra bientôt enplace commence cejour-là.

Pourles contemporains, laFrance entredansunenouvelle ère.Contentons-nous d’ouvrirunnouveau chapitre.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles