Devoir de Philosophie

Définition: ÉVEILLÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.

Publié le 03/02/2016

Extrait du document

Définition: ÉVEILLÉ, -ÉE, participe passé et adjectif. I.— Participe passé de éveiller* II.— Emploi adjectival. A.— Qui ne dort pas. Cette fois l'illusion ou plutôt la réalité dépassait tout ce que Valentine avait éprouvé jusque-là; elle commença à se croire bien éveillée et bien vivante (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Christo, tome 2, 1846, page 557 ). Il fut bien forcé de s'avouer qu'il ne rêvait pas, qu'il était, au contraire, très éveillé, et que rien n'était plus réel que tout ce qui lui advenait avec la rapidité d'un coup de foudre (PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 1, 1859, page 270 ). J'ai une invitation ce soir, j'aurais besoin d'être éveillé, dispos, gai : et (...) je sens mes paupières tomber, mes genoux las, je bâille et voudrais m'aller coucher (HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal, 1866, page 121 ). B.— Par extension. Que l'on a, que l'on vit en état d'éveil. Songe éveillé. La vie d'un homme organisé poétiquement se divise en deux séries de sensations (...) l'une qui résulte des illusions de la vie éveillée, l'autre qui se forme des illusions du sommeil (CHARLES NODIER, Smarra ou Les Démons de la nuit, 1821, page 12 ). D'ailleurs, à côté de ces souvenirs normalement endormis, il en est d'éveillés et d'agissants (HENRI BERGSON, L'Évolution créatrice, 1907, page 120) : Ø 1. Je pris en dégoût les cérémonies, j'adorai les foules; j'en ai vu de toute sorte mais je n'ai retrouvé cette nudité, cette présence sans recul de chacun à tous, ce rêve éveillé, cette conscience obscure du danger d'être homme qu'en 1940, dans le stalag XII D JEAN-PAUL SARTRE, Les Mots, 1964, page 99. C.— Plein de vie, de vivacité. (Quasi-)synonyme : alerte. 1. [En parlant d'une personne] C'était un garçon bruyant, blême, leste, éveillé, goguenard, à l'air vivace et maladif (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 709 ). Un jeune homme pauvre, très éveillé et de jolie figure (HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, Correspondance [avec Jacques Rivière] , 1906, page 304) : Ø 2. Confortablement installée dans mon rôle d'aînée, je ne me targuais d'aucune autre supériorité que celle que me donnait mon âge; je jugeais Poupette très éveillée pour le sien; je la tenais pour ce qu'elle était : une semblable un peu plus jeune que moi... SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 45. — [En parlant d'un ensemble de personne] : Ø 3. Son métier, en l'obligeant à parler plusieurs heures par jour devant un auditoire très éveillé, le maintenait dans un entraînement qui a pris fin d'un coup. LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, 1932, page 109. — Avoir l'air, la mine éveillé(e). Mme. Ligneul avait l'air éveillé et pourtant naïf (PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, page 71 ). Voir dessalé, ée exemple. — Éveillé à.. Ouvert à : Ø 4.... la grande fille, éveillée peu à peu à la raison, n'osait encore intervenir dans ces conversations entre son père et mademoiselle Mazeline... ÉMILE ZOLA, Les Romanciers naturalistes, Vérité, 1902, page 11. 2. En particulier. a) [En parlant des facultés, de traits de caractère d'une personne] En éveil. Être d'une intelligence éveillée. [La nuit] c'est là que, seule et éveillée, la pensée plane à l'aise entre la terre et le ciel (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1846, page 361 ). Un grand nombre de ces êtres donnaient l'impression d'avoir un esprit éveillé, et comme intelligent (HENRI DE MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, page 837) : Ø 5. Il était sur ce point facile à influencer, et sa méfiance naturelle, qui était grande et toujours éveillée, ne désarmait qu'à l'endroit des sinistres sornettes dont les uns avec conviction, les autres pour se jouer de lui, l'entretenaient. PAUL VALÉRY, Variété II, 1929, page 219. b) [En parlant du corps, d'une partie du corps, du regard] Qui donne l'impression d'être plein de vivacité. Un regard, un visage éveillé. Un joli groom à l'oeil éveillé et mutin, au visage rose et frais (PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 3, 1859, page 394 ). C'était une frêle petite bretonne, au visage éveillé et un peu garçonnier, sous des cheveux coupés très court (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 260) : Ø 6. Il était à demi couché, le front sur ses bras pliés; je l'aime toujours mieux, quand il cache son visage. Non qu'il soit laid, mais au-dessus du corps précis, éveillé, expressif, les traits du visage somnolent un peu. GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Naissance du jour, 1928, page 30. 3. Par extension. Actif. En dehors des volailles et produits laitiers, dont les arrivages ont été faibles, le marché était fort éveillé (L'Œuvre. 15 juillet 1941 : Ø 7. Est-ce qu'on n'arriverait pas à pourvoir à la défense (...) sans considérer la mort des exécutants comme un prix fait pour le résultat? Je conçois quelquefois une défensive éveillée, clairvoyante, industrielle en quelque sorte, et qui userait froidement la fureur offensive. ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1935, page 1256. Remarque : On rencontre dans la documentation l'emploi substantival féminin éveillée. Éveil. Que d'illusions alors, que de croyances! Quel joyeux ramage dans les feuilles, sur sa tête; en elle, quelle éveillée de sensations tendres et nouvelles! (Alphonse Daudet, Numa Roumestan, 1881, page 287). La turbulente éveillée d'un pensionnat (Georges Courteline, Train 8 h 47, 1888, 2e. partie, 7, page 171). " Je me suis endormi (...) À l'ombre sous un thym, Mais à mon éveillée (...) Le thym était fleuri " (Alphonse de Châteaubriant, Monsieur des Lourdines, 1911, page 280), STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 679. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 948, b) 2 508; XXe. siècle : a) 2 579, b) 2 589. Forme dérivée du verbe "éveiller" éveiller ÉVEILLER, verbe transitif. A.— Faire sortir du sommeil. (Quasi-)synonyme : réveiller. 1. [Le sujet désigne une personne] Il éveilla le dormeur en lui chatouillant le nez avec une paille (ÉMILE ZOLA, Thérèse Raquin, 1867, page 65 ). J'ai demandé qu'on m'éveille à sept heures, mais dès 5 heures et demie prends mon parti de ne plus dormir (ANDRÉ GIDE, Journal, 1932, page 1128 ). Je l'ai accompagné jusque chez lui, 21, rue du Dragon; il a dû sonner plusieurs fois avant d'éveiller le portier (ROGER MARTIN DU GARD, Souvenirs autobiographiques, 1955, page 81 ). — Emploi pronominal. Sortir du sommeil. (Quasi-)synonyme : se réveiller. Le lendemain, Laurent s'éveilla frais et dispos. Il avait bien dormi (ÉMILE ZOLA, Thérèse Raquin, 1867 page 81 ). Je peux me réveiller quand je veux. Je me couche, je me dis : à sept heures, et je m'éveille à sept heures (ALBERT CAMUS, Les Possédés, 1959, 2e. partie, 6e. tableau, page 1001) : Ø 1.... je vais dormir un bout de temps; mais donnez-moi tout de même un quignon de pain, quelques fruits, du fromage. J'aurai peut-être envie de manger, cette nuit, si je m'éveille; car je m'éveille souvent, la nuit, et alors j'ai faim... HENRI BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, page 235. · Par analogie. [Avec un complément prépositionnel de] Sortir (d'un état), abandonner (une façon d'être). S'éveiller de sa colère. Déjà de très jeunes gens s'éveillent du romantisme dur codifié par Sartre (JEAN COCTEAU, Poésie critique II, Monologues, 1960, page 30) : Ø 2.... un coup (...) l'envoya rouler sur l'herbe. (...) — je puis recommencer, si tu veux. Cette phrase parvint aux oreilles de Joseph comme à travers un brouillard et il lui sembla que, lentement, il s'éveillait d'un mauvais rêve. JULIEN GREEN, Moïra, 1950, page 30. Remarque : 1. Pour DICTIONNAIRE DES DIFFICULTÉS DE LA LANGUE FRANÇAISE (ADOLPHE VOIR THOMAS) 1956 " Éveiller, c'est tirer normalement du sommeil (...) Réveiller, c'est aussi éveiller, mais en faisant quelque effort inhabituel pour faire cesser le sommeil (...) "; pour NOUVEAU DICTIONNAIRE DES DIFFICULTÉS DU FRANÇAIS (JEAN-PAUL COLIN) 1971 éveiller est " moins courant et plus littéraire que réveiller (...) ". 2. On relève dans la documentation a) la remarque suivante : « M'avait réveillé » (je mettrais : éveillé) (RIVIÈRE, Correspondance [avec Alain-Fournier] , 1907, page 284). b) l'emploi archaïque suivant : «Pas tant de bruit, tu vas éveiller le Joseph. » (...). Joigneau ne répond pas. Il se fiche d'éveiller le gosse. Et le gosse se fiche d'être éveillé (ROGER MARTIN DU GARD, Vieille France, 1933, page 1017). 2. Par analogie, emploi pronominal réfléchi. a) [Le sujet désigne une partie du corps] Elle se mit debout, réveillée en sursaut par un grand frisson d'angoisse. (...) Son estomac s'éveillait, lui aussi, et la torturait (ÉMILE ZOLA, L'Assommoir, 1877, page 753 ). b) [Le sujet désigne une ville, des éléments de la nature, avec une référence au matin] Ce matin-là Paris mettait une paresse souriante à s'éveiller (ÉMILE ZOLA, Une Page d'amour, 1878, page 846 ). Après le passage des premiers tramways, la ville s'éveille peu à peu, les premières brasseries ouvrent leur porte sur des comptoirs chargés de pancartes (ALBERT CAMUS, La Peste, 1947, page 1315) : Ø 3. Dès l'aube rougissante sur la campagne blême, entre Dôle et Pontarlier, le spectacle des champs qui s'éveillaient, le gai soleil qui se levait de la terre, — le soleil échappé comme eux de la prison des rues (...) des fumées grasses de Paris. ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Antoinette, 1908, page 904. B.— Au figuré. 1. Susciter la naissance de (quelque chose), ou le développement de (ce qui était latent, virtuel). a) [Le complément désigne un sentiment, une sensation, une faculté, une impression] Éveiller de vives douleurs. Quand un hasard éveille l'amour, tout s'ordonne dans l'homme selon cet amour, et l'amour lui apporte le sentiment de l'étendue (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Pilote de guerre, 1942, page 313 ). Le portrait du maréchal qui se trouvait à l'intérieur éveilla notre méfiance (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 133) : Ø 4. Je me suis persuadé que la plus belle mission que se puisse proposer un homme est celle de mendier son pain et d'éveiller ainsi les sentiments d'amour de compassion, de fraternité, qui sommeillent aux coeurs de nos semblables. MARCEL AYMÉ, Clérambard, 1950, page 177. — En particulier. Éveiller des soupçons. Faire naître des soupçons. Être admis à toute heure, en tout lieu, dans l'intimité des plus jeunes et des plus jolies femmes, sans éveiller les soupçons d'un mari ou la jalousie d'un amant (VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée-d'Antin, tome 3, 1813, page 218 ). Les amants tremblaient de commettre une imprudence, d'éveiller les soupçons, de montrer trop brusquement l'intérêt qu'ils avaient eu à la mort de Camille (ÉMILE ZOLA, Thérèse Raquin, 1867, page 112) : Ø 5.... il est mort (...) chez Marie Puech (...) Il avait installé Marie Puech rue du Cotentin, pour n'avoir pas à faire de trop grands trajets à pied. Il l'avait installée là, à deux pas de sa maison, au risque d'éveiller les soupçons de maman. GEORGES DUHAMEL, La Passion de Joseph Pasquier, 1945, page 122. — Emploi pronominal. Se développer. Son sens critique commençait à s'éveiller (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Antoinette, 1908 page 840 ). · En particulier. [Le sujet désigne une personne] Se développer, atteindre une certaine maturité. Mais vous savez bien ce que Balthazar disait : « Il s'éveille, cet enfant, il s'éveille » (ALPHONSE DAUDET, L'Arlésienne, 1872, III, 4, page 433 ). b) [Le complément désigne les manifestations de ces sentiments, sensations, etc.] Un livre éveille les idées, mais il n'éveille que les idées dont on a soi-même le germe : pour être complice de toutes les idées de Montesquieu, il faudrait avoir autant de génie que lui (CHARLES-JULIEN LIOULT DE CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1833, page 160) : Ø 6.... la brusque sympathie qu'il témoignait à Renée devait faire pendant un mois l'étonnement de la concierge. La vie de Renée et de Gilbert éveillait les commérages du quartier. On ne savait s'ils étaient mariés. MARCEL ARLAND, L'Ordre, 1929, page 326. — Emploi pronominal réfléchi. Apparaître, naître. Le mysticisme s'éveille. L'industrie s'éveille; les arts déjà connus s'étendent et se perfectionnent (ANTOINE MARQUIS DE CONDORCET, Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, 1794, page 5 ). L'anatomie s'éveille avec Vésale et ses élèves (GUSTAVE ROUSSY. Nouveau traité de médecine, fascicule 5, 2, 1929, page 10 ). — En particulier. Éveiller un écho. Déclencher, provoquer un (des) écho(s), (voir ce mot C). Elle éveillait en lui de lointains et profonds échos (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Dans la maison, 1909, page 1033 ). C'est curieux le nombre de gens chez qui la seule idée du nu éveille aussitôt des échos lubriques (ANDRÉ GIDE, Journal, 1936, page 1252 ). · Ne pas éveiller d'écho. Ne susciter aucune réaction : Ø 7. La question des camps de travail en particulier va bouleverser l'opinion. Remarquez qu'elle avait été déjà soulevée avant la guerre (...) mais en ce temps nous n'éveillions guère d'écho. SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 295. c) Par métaphore. [Le complément désigne un son] La vue d'une note imprimée sur la partition éveille en nous le son dont elle est le signe (RENÉ HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, page 433 ). — Emploi pronominal. Se manifester, naître. De temps en temps un carillon ravissant s'éveillait dans la grande tour (...) ce carillon me faisait l'effet de chanter à cette ville de magots flamands je ne sais quelle chanson chinoise (VICTOR HUGO, La France et la Belgique, 1885, page 87 ). Un grondement s'éveille et meurt. Est-il ami ou ennemi? (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Pilote de guerre, 1942, page 341 ). 2. En particulier et par métaphore. Animer, tirer de l'indiffé rence ou du silence, stimuler. La nuit n'était pas venue (...) des rouliers allant à Senlis éveillaient par intervalle la solitude du carrefour (LÉON GOZLAN, Le Notaire de Chantilly, 1836, page 180 ). Si l'on considère une période longue ou très longue, l'évolution de la technique éveille ou met en sommeil des régions successives (FRANÇOIS PERROUX, L'Économie du XXe. siècle. 1964, page 264 ). — Emploi pronominal. Être stimulé. L'attention s'éveille. Les milieux politiques locaux, longtemps muets et résignés, s'éveillaient sous la tornade (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, page 65 ). 3. Locutions. a) Éveiller un sentiment en quelqu'un; éveiller de la déception, un espoir en quelqu'un. Comment vous dire tout ce qu'éveille d'émotion en moi un article de vous? (VICTOR HUGO, Correspondance, 1872, page 312 ). Son pire défaut est qu'elle n'éveille en vous aucune sympathie, qu'elle n'est femme en rien (OCTAVE MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, page 27) : Ø 8. Antoine l'écoutait, sans l'interrompre; et cette attention intimidait un peu Jacques, mais le soutenait aussi, éveillait en lui un secret sentiment d'importance qui le rendait plus loquace. ROGER MARTIN DU GARD. Les Thibault, La Sorellina, 1928, page 1216. — Emploi pronominal. Apparaître, s'épanouir. D'ineffables aspirations s'éveillent en lui (GASTON BACHELARD, La Poétique de l'espace, 1957, page 177) : Ø 9. Elle commença de se balancer un peu du buste, selon son habitude même sur une chaise droite. Ce mouvement semblait l'aider à réfléchir. Un projet s'éveilla bientôt en elle. Toujours active à penser, dès qu'elle concevait un plan, elle le poursuivait inlassablement. GABRIELLE ROY, Bonheur d'occasion, 1945, page 110. — En particulier. [Le complément désigne une personne ou un personnage typique] Faire naître, donner l'existence, susciter : Ø 10. Alors elle levait son doigt d'une façon charmante (...) et elle ne savait dire que ce seul mot : « papa », ce mot qui éveillait en lui un être nouveau, et faisait surgir dans son coeur un monde inconnu de tendresses. ÉMILE MOSELLY, Terres lorraines, 1907, page 280. · Emploi pronominal. Il y eut un nouveau silence. Le médecin s'éveillait en lui. Il compta les pulsations (ÉMILE ZOLA, Une Page d'amour, 1878, page 930 ). Le poète s'éveille dans l'homme par un événement inattendu, un incident extérieur ou intérieur : un arbre, un visage, un « sujet », une émotion, un mot (PAUL VALÉRY, Variété V, 1944, page 160 ). b) Éveiller (quelqu'un) à (quelque chose). Ouvrir à, faire s'épanouir à. Une jeune femme un peu lourde, qui avait des vapeurs, difficile à éveiller au plaisir, et toujours insatisfaite (JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, page 69) : Ø 11. Deux ans plus tôt, pour m'éveiller à l'humanisme, il m'avait exposé des idées dont il ne soufflait plus mot, de crainte d'encourager ma folie mais qui s'étaient gravées dans mon esprit. Elles reprirent, sans bruit, leur virulence... JEAN-PAUL SARTRE, Les Mots, 1964, page 147. — Emploi pronominal. S'ouvrir à quelque chose, en prendre une première connaissance. Adam s'éveille à la vie; ses yeux s'ouvrent; il ne sait d'où il sort (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Le Génie du christianisme, tome 1, 1803, page 285 ). L'Italie s'était éveillée la première à la science et à la beauté (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Rabelais, 1909, page 8) : Ø 12. Raymond, la victime, réagissait peu à peu, s'éveillait à la souffrance, au dépit, à une colère qu'il ne pouvait manifester... ALEXANDRE ARNOUX, Les Crimes innocents. 1952, page 145. SYNTAXE : Éveiller la convoitise, la cupidité, la défiance, le désir, l'instinct, l'intérêt; éveiller des résonances. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 4 183. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 4 349, b) 6 389; XXe. siècle : a) 6 749, b) 6 593.

« Ø 4....

la grande fille, éveillée peu à peu à la raison, n'osait encore intervenir dans ces conversations entre son père et mademoiselle Mazeline... ÉMILE ZOLA, Les Romanciers naturalistes, Vérité, 1902, page 11. 2.

En particulier. a) [En parlant des facultés, de traits de caractère d'une personne] En éveil.

Être d'une intelligence éveillée.

[La nuit] c'est là que, seule et éveillée, la pensée plane à l'aise entre la terre et le ciel (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1846, page 361 ).

Un grand nombre de ces êtres donnaient l'impression d'avoir un esprit éveillé, et comme intelligent (HENRI DE MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, page 837) : Ø 5.

Il était sur ce point facile à influencer, et sa méfiance naturelle, qui était grande et toujours éveillée, ne désarmait qu'à l'endroit des sinistres sornettes dont les uns avec conviction, les autres pour se jouer de lui, l'entretenaient. PAUL VALÉRY, Variété II, 1929, page 219. b) [En parlant du corps, d'une partie du corps, du regard] Qui donne l'impression d'être plein de vivacité.

Un regard, un visage éveillé.

Un joli groom à l'oeil éveillé et mutin, au visage rose et frais (PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 3, 1859, page 394 ).

C'était une frêle petite bretonne, au visage éveillé et un peu garçonnier, sous des cheveux coupés très court (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 260) : Ø 6.

Il était à demi couché, le front sur ses bras pliés; je l'aime toujours mieux, quand il cache son visage.

Non qu'il soit laid, mais au-dessus du corps précis, éveillé, expressif, les traits du visage somnolent un peu. GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Naissance du jour, 1928, page 30. 3.

Par extension.

Actif.

En dehors des volailles et produits laitiers, dont les arrivages ont été faibles, le marché était fort éveillé (L' Œuvre.

15 juillet 1941 : Ø 7.

Est-ce qu'on n'arriverait pas à pourvoir à la défense (...) sans considérer la mort des exécutants comme un prix fait pour le résultat? Je conçois quelquefois une défensive éveillée, clairvoyante, industrielle en quelque sorte, et qui userait froidement la fureur offensive. ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1935, page 1256. Remarque : On rencontre dans la documentation l'emploi substantival féminin éveillée.

Éveil.

Que d'illusions alors, que de croyances! Quel joyeux ramage dans les feuilles, sur sa tête; en elle, quelle éveillée de sensations tendres et nouvelles! (Alphonse Daudet, Numa Roumestan, 1881, page 287). La turbulente éveillée d'un pensionnat (Georges Courteline, Train 8 h 47, 1888, 2e.

partie, 7, page 171).

" Je me suis endormi (...) À l'ombre sous un thym, Mais à mon éveillée (...) Le thym était fleuri " (Alphonse de Châteaubriant, Monsieur des Lourdines, 1911, page 280), STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 679.

Fréquence relative littéraire : XIXe.

siècle : a) 1 948, b) 2 508; XXe. 2. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles