Définition: EXTINCTION, substantif féminin. A.— Action d'éteindre quelque chose ou de s'éteindre; résultat de l'action. Des lanternes vitrées, dont la bougie brûle jusqu'à extinction (ROBERT BRASILLACH, Pierre Corneille, 1938, page 89) : Ø 1. Pas une fumée ne s'échappait de ses flancs. Pas une flamme ne se décelait dans les cavités profondes. (...) L'atmosphère même, au dedans de ce cratère, n'était saturée d'aucune vapeur sulfureuse. C'était plus que le sommeil d'un volcan, c'était sa complète extinction. JULES VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, page 91. — Extinction des feux. Heure à laquelle toutes les lumières doivent être éteintes dans une caserne; sonnerie de clairon qui l'annonce. Alors, dans un quartier militaire, éclata la sonnerie de l'extinction des feux (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, Dingley, l'illustre écrivain, 1906, page 105 ). — DROIT. Extinction des feux/des bougies. [Dans la vente d'immeubles aux enchères] Moment où l'adjudication est prononcée au profit du dernier et plus fort enchérisseur à l'extinction des trois bougies. L'enchérisseur devient adjudicataire définitif, non par le seul fait de l'extinction des trois bougies, mais par la prononciation de l'adjudication par le juge (Nouveau répertoire de droit, Paris, Dalloz, 1965, page 1016 ). Confer aussi chaleur B 2 c. B.— Par extension. 1. Jusqu'à extinction de la chaleur naturelle ou jusqu'à extinction. Jusqu'à n'en pouvoir plus. Crier jusqu'à extinction (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932). C'est l'âne qui remonte et jette toute sa voix dehors et brait, jusqu'à extinction, qu'il s'en fiche, qu'il s'en fiche (JULES RENARD, Histoires naturelles, 1896, page 100 ). 2. Extinction de voix. Enrouement prononcé de la voix au point que le sujet en est presque aphone. Extinction de voix par suite d'une laryngite tuberculeuse (ANDRÉ GIDE, Journal, 1933, page 1167 ). C.— Au figuré. Action de faire cesser, de faire disparaître quelque chose; disparition, cessation de quelque chose. 1. Domaine abstrait Elle [une société] s'occupe de l'extinction de la mendicité dans Paris (CHARLES FOURIER, Le Nouveau monde industriel ou l'Agriculture combiné, 1830, page 82 ). L'extinction du désir (HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal, 1866, page 412 ). 2. [En parlant de race, de famille, d'espèce, n'ayant plus de représentant en vie] L'extinction d'une famille était considérée comme un danger pour la religion et pour l'état (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 2, 1899-1901, page 153 ). Plusieurs de ces formes primitives d'existence sont périssables; plusieurs sont éteintes ou en voie d'extinction (PAUL VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géographie humaine, 1921, page 9) : Ø 2. Je tombe, cet avant-dîner, dans une conversation de Daudet avec Finot (...) sur l'agonie des races, sur la mort d'un peuple et sur le décès de la langue, dont il ne reste plus, comme l'a dit Chateaubriand, que les mots répétés par les perroquets sur la cime des arbres. Et Finot parle de l'extinction d'une peuplade en Russie, dont il ne reste plus qu'un individu et sur laquelle un philologue a fait un gros volume. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1895, page 827. 3. Acte mettant fin à un lien juridique. L'extinction de l'usufruit (Code civil des Français (ou Code Napoléon) 1804, article 603, page 112) : Ø 3. Section IV. Comment les servitudes s'éteignent. 703. Les servitudes cessent lorsque les choses se trouvent en tel état qu'on ne peut plus en user. 704. Elles revivent si les choses sont rétablies de manière qu'on puisse en user; à moins qu'il ne se soit déjà écoulé un espace de temps suffisant pour faire présumer l'extinction de la servitude, ainsi qu'il est dit à l'article 707. Code civil des Français (ou Code Napoléon) 1804, page 129. Remarque : La documentation atteste un emploi dans lequel extinction signifie « cessation du mouvement, arrêt ». Les résistances passives (...) tendent à conduire le mouvement vibratoire [pendulaire] à l'extinction pure et simple (ANDRADE, Horlogerie et chronométrie, 1924, page 58). Confer aussi extinguible, au mot extincteur. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 220. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 403, b) 365; XXe. siècle : a) 176, b) 289.
