Définition du terme: CORRUPTEUR, -TRICE, adjectif et substantif. Au figuré (Celui ou celle) qui corrompt. I.— Emploi adjectival. A.— Au plan de la vie psychique ou sociale. Qui altère, change en mal (confer corrompre II A). Un despotisme corrupteur; une force, des idées corruptrice(s); une génération corrompue et corruptrice; la puissance corruptrice de l'argent. Les uns s'immobilisent dans l'égoïsme corrupteur des classes dominatrices (GEORGES CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, page 141) : Ø 1.... c'était le gouvernement, l'administration, la magistrature, l'armée, le clergé, qui soutenaient encore la société agonisante, le monstrueux échafaudage d'iniquité, le travail meurtrier du plus grand nombre nourrissant la fainéantise corruptrice de quelques-uns. ÉMILE ZOLA, Travail, tome 1, 1901, page 115. B.— Au plan moral. Qui dégrade en détruisant ce qui est sain, intègre et constitue une valeur morale (confer corrompre II B). Des baisers, des regards corrupteurs; conseils, propos corrupteurs; des livres corrupteurs; des tentations corruptrices. Synonymes : séducteur, suborneur. Le théâtre est corrupteur (GUSTAVE FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, tome 2, , 1880, page 47 ). Ils censurent, par exemple, le commerce des dés à jouer, parce que le jeu est corrupteur (EDMOND FARAL, La Vie quotidienne au temps de Saint Louis, 1942, page 75) : Ø 2. Leur nudité voilée enivre les regards, Par des chants corrupteurs et des danses lascives Fascinant la pensée et les âmes captives, (...) Elles consument l'homme aux feux de leurs caresses. ALPHONSE DE LAMARTINE, La Chute d'un ange, Le Prophète, 1838, page 932. Remarque : On rencontre, exceptionnellement, dans la documentation un emploi de corrupteur correspondant à corrompre I A, mais dans un syntagme métaphaorique. La moindre caresse de l'amour, la plus indifférente familiarité du mariage laisse loin en arrière les plus vives avances de l'amitié. C'est là en effet l'éternel châtiment de ces amitiés indiscrètes où l'on s'embarque; c'en est le ver corrupteur et rongeur (CHARLES-AMÉDÉE DE SAINTE-BEUVE, Volupté, tome 1, 1834, page 82). II.— Emploi comme substantif. A.— Celui, celle qui altère la valeur de quelque chose, la change en mal (confer corrompre II A). 1. [L'objet de l'action est une structure, une valeur sociale] Les corrupteurs du droit, de la foi, des institutions, de la république. Synonyme : destructeur. L'imagination est, en tout, une odieuse corruptrice (JULES RENARD, Journal, 1909, page 1221) : Ø 3. Jamais nous ne ferons un pas en avant, si nous ne commençons point par abattre l'Église, la corruptrice, l'empoisonneuse, l'assassine... ÉMILE ZOLA, Vérité, 1902, page 375. 2. Rare. [L'objet de l'action appartient au domaine de l'expression, des valeurs intellectuelles] Corrupteur du langage, du style. Le Quintilien François étoit le corrupteur du goût (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Martyrs ou le Triomphe de la religion chrétienne, tome 1, 1810, page 33 ). B.— Sur le plan moral. Celui, celle qui détruit ce qui est sain, honnête, ce qui constitue une valeur morale (confer corrompre II B). 1. [L'objet de l'action est une personne ou un groupe] Le corrupteur de la génération présente, du genre humain, de la jeunesse, du peuple; avoir une réputation de corrupteur. Synonymes : séducteur, suborneur. Dadon, régent de classe, est brûlé comme corrupteur de l'enfance (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, La Liberté de la presse, 1822-28, page 185 ). — En particulier. Celui, celle qui soudoie, achète quelqu'un : Ø 4. Le fameux Sir Robert Walpole, le corrupteur, a acheté le parlement de son temps (1781); mais il a corrompu en faveur de la liberté. HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Mémoires d'un touriste, tome 1, 1838, pages 237-238. 2. [L'objet de l'action est une entité abstraite] Le corrupteur de la morale, des sentiments humains. Faire de la constitution même la corruptrice de la vertu (MAXIMILIEN DE ROBESPIERRE, Discours, tome 7, 1791, page 170 ). Ces factieux, corrupteurs des moeurs (JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1950, page 256 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 15
