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Définition du terme: CRITIQUE2, adjectif.

Publié le 05/12/2015

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Définition du terme: CRITIQUE2, adjectif. A.— [En parlant d'une personne] Qui a le don, le pouvoir de juger un être, une chose à sa juste valeur, de discerner ses mérites et défauts. Lecteur, spectateur critique : Ø 1. Le soliste se trouve dans l'obligation, tout en suivant son inspiration, et même son émotion musicale, de se dédoubler, et de transformer une partie de lui-même en un auditeur critique, qui l'avertira constamment s'il est dans le juste milieu entre ce qu'il ressent et ce que le spectateur perçoit de ses propres sensations. J. ALLEMENT, La Dynamique des instruments à archet, 1925, page 223. — Par métonymie. Œil, regard critique. Faculté de juger un être, une chose à sa juste valeur en faisant preuve d'objectivité. Pas mal! dit-il en examinant son travail d'un oeil critique (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 13 ). — En particulier. Dont le discernement s'accompagne de doute quant au bien-fondé des valeurs absolues, des règles, des conventions. (Quasi-)synonymes : frondeur, négateur, sceptique. On ne peut songer à obtenir d'une race vive et critique cette discipline formelle, cette tenue toute rigoureuse (PAUL VALÉRY, Variété IV, 1938, page 57) : Ø 2. Le doute est le complice de la tyrannie. « Si un peuple ne veut pas croire, il faut qu'il serve », disait Tocqueville. — Toute liberté implique une dépendance et a ses conditions. C'est ce qu'oublient les esprits frondeurs, critiques, négatifs. HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal, 1866, page 541. — Par extension. [En parlant d'une faculté intellectuelle, d'un sentiment] Il y avait dans son esprit un certain sens artiste, et dans sa gaieté un tour d'observation critique (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 2, 1855, page 448 ). Le moment où Madame Laetitia laisse tomber sur l'Empereur les claires sentences, la tendresse critique d'une mère (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Jumelle noire, 1938, page 40 ). · Esprit critique. Esprit qui n'accepte aucune assertion sans contrôler la valeur de son contenu et son origine. La crédulité est un signe d'extraction : elle est peuple par essence. Le scepticisme, l'esprit critique est l'aristocratie de l'intelligence (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1861, page 963 ). L'esprit pénétrant et critique, qui savoure à loisir le charme de manier son instrument exact et sûr (ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890, page 16 ). · Sens critique. Faculté de ne pas admettre sans contrôle, soit la réalité d'un fait, d'un phénomène, d'une idée, d'une opinion, soit la valeur, la portée d'une réalisation. Je n'écris que le matin parce que c'est le moment où le sens critique est chez moi le plus en éveil. Le soir, c'est l'heure du lyrisme (JULIEN GREEN, Journal, 1946, page 314 ). · Intelligence critique. Même sens Durant ce temps où il [Proust] avait renoncé à son dessein, qu'il parlât de Balzac ou de Sainte-Beuve, tout le ramenait à cette vue de ce qui dans l'oeuvre ne relève pas de l'intelligence critique (FRANÇOIS MAURIAC, Mémoires intérieurs, 1959, page 108 ). B.— [En parlant d'activités d'ordre intellectuel] Qui implique l'examen objectif, raisonné auquel on soumet quelqu'un ou quelque chose en vue de discerner ses mérites et défauts, ses qualités et imperfections. 1. [En parlant des facultés de jugement et de discernement d'une personne dans un domaine intellectuel, littéraire ou scientifique] Attitude, jugement, opinion critique. Dans le premier « Faust », cette forme existe pure et belle, la pensée critique en peut suivre tous les contours (GÉRARD DE NERVAL, Le second Faust, 1840, introduction, page 10) : Ø 3.... pour apprécier le style en vers de Molière, Boileau sut se mettre au-dessus de sa propre pratique, et c'est en cela qu'il fit preuve d'un goût critique excellent. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 3, 1848, page 234. — Par métonymie. [En parlant d'une personne versée dans un domaine intellectuel] Historien sérieux et solidement critique (CHARLES, COMTE DE MONTALEMBERT, Histoire de Sainte Elisabeth de Hongrie, duchesse de Thuringe (1207-1231), 1836, page XCVI. ). 2. [En parlant d'une activité scolaire, littéraire, et etc.] Qui implique une méthode d'examen mettant en jeu des critères variables selon les domaines, d'après lesquels il est possible de discerner les parts respectives des mérites et défauts d'une entreprise, d'une oeuvre, d'un système de pensée. Analyse, démarche, exégèse, méthode, philosophie, réflexion critique. Un examen critique de ma doctrine historique (JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Correspondance [avec Alexis de Tocqueville] , 1856, page 264 ). Je voudrais (...) entreprendre un exposé méthodique et critique de ce que j'entends par médecine expérimentale (CLAUDE BERNARD, Principes de médecine expérimentale, 1878, page 93 ). — Par métonymie. [En parlant d'une production résultant de cette méthode] Essai critique. Il n'y a pas de travail plus urgent qu'un catalogue critique des manuscrits des diverses bibliothèques (ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890, page 217 ). Remarque : En ce sens, critique peut entrer comme élément dans un adjectif composé : un aperçu historico-critique. — En particulier. Édition critique. Édition qui restitue la teneur d'un texte (éventuellement ses états successifs; confer apparat2 critique) et qui comporte un commentaire explicatif. C'est en 1862 que cet éditeur plein d'amour donna sa première édition critique des poésies d'André Chénier (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Vie littéraire. 1888, page 305 ). — Par extension. a) [En parlant d'une production littéraire] Qui relève du genre littéraire de la critique (confer critique3 B 3 par extension a) représenté par les examens raisonnés des ouvrages de l'esprit. Dans le « Traité du sublime » lui-même, c'est-à-dire dans la meilleure oeuvre critique de l'antiquité (ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890 page 144 ). Dans l'appendice critique de « Clarissa » (volume V, page 524), Richardson considère le peu de rôle que joue, dans la poésie dramatique, la préoccupation de la vie future (ANDRÉ GIDE, Journal, 1931, page 1036 ). b) [En parlant d'une production de la presse écrite ou parlée] Qui rend compte, en la soumettant à un examen raisonné, de l'actualité, littéraire ou artistique. Un article critique annonçant un livre sensationnel (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 520 ). C.— [En parlant du comportement d'une personne] Qui manifeste un jugement défavorable sur les défauts de quelqu'un, les imperfections de quelque chose; qui manifeste une tendance à privilégier de tels jugements. Humeur, esprit critique (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932). Une foule considérable d'agents, qui prenaient sur place, à notre égard, une attitude hostile, ou tout au moins critique (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, page 524 ). — En particulier, domaine littéraire ou artistique. Qui concerne le relevé des défauts et des imperfections d'une oeuvre : Ø 4....après m'avoir fait des éloges de mes deux peintures, il [Chenavard] est arrivé à la partie critique et une nuance de malaise s'est fait jour. EUGÈNE DELACROIX, Journal, 1855, page 321. Remarque : On rencontre dans la documentation les dérivés a) Critiquement, adverbe. D'une manière critique, avec critique. Penser critiquement (confer Renan, Souvenirs d'enfance, 1883, page 389). [Elle] commença d'examiner critiquement, c'est-à-dire de mettre en doute, les directives de ma vie (André Gide, Robert, 1930, page 1325). Mentionné par Dictionnaire de la langue française (Émile Littré), Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse) Supplément 1878-Grand Larousse encyclopédique en dix volumes, Dictionnaire des dictionnaires (sous la direction de Paul Guérin) 1892. b) Criticule, substantif masculin, rare et péjoratif Méchant critique de parti pris, sans compétence. Soufflant la technique de l'éreintement à deux ou trois criticules qui venaient prendre là le mauvais air de l'art (Edmond et Jules de Goncourt, M. Salomon, 1867, page 160). Criticules de " La Plume " et des similaires périodiques (Paul Valéry, Correspondance [avec Gide] , 1891, page 162). STATISTIQUES : Critique1 et 2. Fréquence absolue littéraire : 1 108. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 976, b) 1 595; XXe. siècle : a) 1 943, b) 1 850. Forme dérivée du verbe "critiquer" critiquer CRITIQUER, verbe transitif. A.— [La critique est un examen raisonné, objectif, qui s'attache à relever les qualités et les défauts et donne lieu à un jugement de valeur] 1. emploi absolu. Exercer son intelligence à démêler le vrai du faux, le bon du mauvais, le juste de l'injuste en vue d'estimer la valeur de l'être ou de la chose qu'on soumet à cet examen. Besoin, droit de critiquer; enclin à critiquer. Critiquer, c'est se poser en spectateur et en juge au milieu de la variété des choses (ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890, page 145 ). À côté de moi qui travaille, il y a trop souvent un autre moi qui examine, raisonne, critique (PAUL LÉAUTAUD, Journal littéraire, tome 1, 1893-1906, page 17) : Ø 1. On ne saurait l'appeler [Charles Du Bos] un critique, si critiquer c'est juger et classer. Ou du moins n'agissait-il en critique qu'au départ, dans le partage qu'il établissait entre les écrivains dignes de son attention et ceux auxquels il refusait l'existence. FRANÇOIS MAURIAC, Journal 3, 1940, page 265. SYNTAXE : Analyser, apprécier, commenter, examiner, surveiller et critiquer; critiquer cruellement, doctement, durement, expérimentalement, justement, librement, méticuleusement, pertinemment, sainement, savamment, scientifiquement, sérieusement, sévèrement, systématiquement, timidement, victorieusement, violemment, vivement; critiquer à bon droit, à juste titre, pour critiquer, pour le plaisir, sans motif valable; oser critiquer; s'amuser à critiquer; s'abstenir de critiquer; pour le plaisir de critiquer; les esprits chagrins qui critiquent. 2. [L'objet désigne une personne ou une chose] a) Porter un jugement motivé sur quelqu'un ou sur quelque chose. Comment critiquer un vrai poète? (HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, Correspondance [avec Jacques Rivière] , 1905, page 130 ). L'on ne peut critiquer sainement que ce que l'on a d'abord bien compris (ANDRÉ GIDE, Journal, 1929, page 917 ). b) En particulier. Soumettre une chose à un examen méthodique en vue de l'estimer à sa juste valeur; la juger d'après des critères appropriés qui varient selon les domaines. — Domaine de la pensée. Faire la part de la vérité et de l'erreur à propos d'une production abstraite de l'esprit. Une conception de la durée et de la causalité que nous critiquerons en détail (HENRI BERGSON, Essai sur les données immédiates de la conscience, 1889, page 119 ). Le tragique spirituel, notion que Tchekhov m'apprit à critiquer (CHARLES DU BOS, Journal, 1924, page 173) : Ø 2. On doit toujours être prêt à critiquer une théorie; on doit toujours la supposer vulnérable (...). Il faut tout admettre comme critiquable, mais ce n'est pas une raison pour critiquer à tort et à travers comme font certaines gens pour faire parler d'eux en faisant des critiques d'hommes haut placés. Comme la critique est fort difficile à juger, ils en tirent toujours profit. CLAUDE BERNARD, Principes de médecine expérimentale, 1878, page 253. — Domaine de la sciences expérimentales Déterminer la portée d'un phénomène. Les notions recueillies par le médecin (...) doivent être appréciées, critiquées, et, parfois, ramenées à leur juste valeur (DOCTEUR HENRI CODET, Psychiatrie, 1926, page 4 ). — Domaine de l'histoire. Établir l'authenticité et la portée d'un fait, d'un document, d'un témoignage. Il faut critiquer les religions comme on critique les poèmes primitifs (ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890 page 275 ). Il avait épluché les bévues du Talmud et critiqué scientifiquement la Bible (ALEXANDRE ARNOUX, Carnet de route du Juif errant, 1931, page 227 ). — Domaine de la morale. Faire la part du bon et du mauvais, du bien et du mal. En laissant l'État reprendre sa liberté, nous gardons le plus précieux de nos droits, celui de la critiquer (GEORGES BERNANOS, Les Enfants humiliés, 1948, page 90 ). — Domaine de l'esthétique. Discerner dans un ouvrage, une oeuvre, l'ensemble des qualités et des défauts qui le/la rendent plus ou moins conforme à une perfection idéale. Examiner scrupuleusement ce livre et en critiquer les détails (ALFRED DE MUSSET, dans la Revue des Deux-Mondes, 1833, page 610 ). Il plaça sa toile sur son chevalet, et alla chez son ancien Maître (...) il le pria de venir critiquer l'oeuvre rejetée (HONORÉ DE BALZAC, Pierre Grassou, 1840, page 442 ). — Domaine de l'action. Déterminer la qualité plus ou moins fine d'une chose dont la réalisation ou l'accomplissement sont soumis à des règles conventionnelles. Critiquer une bataille, une manoeuvre, un match. [L'oncle] critiquait méticuleusement les fautes d'équitation (PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, page 243 ). Tâter, de la narine et de la langue, les vins et critiquer la cuisson (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Le Fanal bleu, 1949, page 224 ). 3. Emploi pronominal réfléchi. a) Soumettre sa propre personne à un examen, en vue de porter sur elle un jugement de valeur. Ernest se promena fièrement dans sa chambre, il se mit de trois-quarts, de profil, de face devant la glace, il essaya de se critiquer (HONORÉ DE BALZAC, Modeste Mignon, 1844, page 148 ). b) Se soumettre à un examen en tant qu'auteur, réalisateur de quelque chose, afin de l'estimer à sa juste valeur. Synonyme : se juger. Pioche bien la « Paysanne »; (...) revois tout, épluche-toi; apprends à te critiquer toi-même (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1852, page 69 ). Ceux qui agissent sans se critiquer (PIERRE TEILHARD DE CHARDIN, Le Milieu divin, 1955, page 40 ). B.— [Par restriction de sens; la critique ne s'attache à relever que les défauts, les imperfections] 1. emploi absolu. Émettre, formuler des jugements défavorables, d'une façon systématique ou occasionnelle. L'amitié n'est pas faite pour critiquer, (...). Elle est faite pour donner confiance (JEAN-PAUL SARTRE, L'Âge de raison, 1945 page 47) : Ø 3. Papa aimait se moquer, et maman critiquer; peu de gens trouvaient grâce devant eux, alors que je n'entendais jamais personne les dénigrer : leur manière de vivre représentait donc la norme absolue. SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 49. 2. [L'objet désigne une personne ou une chose] a) Reprendre quelqu'un ou porter sur lui un jugement défavorable en se fondant sur un ou des défauts qu'il accuse. Synonymes : blâmer, reprendre; antonymes : admirer, féliciter, louer. Ils critiquent Géricault parce que dans sa « Course d'Epsom » (...) il a peint des chevaux qui galopent ventre à terre (AUGUSTE RODIN. L'Art, entreiens réunis par Paul Gsell, 1911, page 87 ). Ces premières attaques, si elles atteignirent Blaise Pascal, le délivraient du moins de son rôle irritant d'enfant prodige. Il était critiqué, peut-être jalousé par Descartes (FRANÇOIS MAURIAC, Blaise Pascal et sa soeur, 1931, page 39 ). — Critiquer quelqu'un + objet second préposition; de + infinitif, pour + infinitif passé; en raison de, pour + substantif. On nous a reproché d'avoir employé un mot nouveau, le « déterminisme » (...). On m'a beaucoup critiqué sur ce mot (CLAUDE BERNARD, Principes de médecine expérimentale, 1878 page 265 ). — Au figuré. [Le sujet désigne une entité] Elle sent elle-même comme quelque chose qui la critique (DOCTEUR PIERRE-MARIE-FÉLIX JANET, Les Obsessions et la psychasthénie, 1903, page 27 ). b) Juger défavorablement quelque chose en se fondant sur une ou des imperfections qu'elle présente. Il avait critiqué le montage d'une pompe à huile (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Vol de nuit, 1931, page 93 ). Il refuse tout d'abord d'adhérer; il considère les choses au point de vue historique; il critique sévèrement, selon les règles, l'impulsion qui l'envahit, l'emporte (ALEXANDRE ARNOUX, Les Crimes innocents. 1952, page 23 ). — Au figuré. De sorte (...) que la raison pût critiquer la valeur du témoignage des sens (AUGUSTIN COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, 1851, page 599 ). c) Juger défavorablement quelqu'un ou quelque chose, souvent avec acrimonie, en ne retenant que leurs défauts, leurs imperfections, ou même sans motif valable. Le sentiment de tout Français s'oppose à ce qu'il prenne une initiative quelconque et en même temps le pousse à critiquer tout ce qui se fait autour de lui (PROSPER MÉRIMÉE, Lettres à Monsieur Panizzi, tome 2, 1850-70, page 402 ). Comme on critiquait devant lui Villars absent, il coupa net la conversation, en rappelant que Villars était son ami (MARCEL ARLAND, L'Ordre, 1929, page 195 ). PARADIGMES. a) Synonymes : bafouer, décrier, dénigrer, déchirer. b) Synonyme familier ou argotique, bêcher, chiner, débiner, étriller; éreinter, esquinter. — Critiquer que + verbe au subjonctif. Il avait critiqué que l'amie d'Odette donnât (...) dans le faux ancien (MARCEL PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, page 245 ). 3. [L'objet désigne une chose] Relever un défaut chez quelqu'un, une imperfection dans quelque chose et porter sur eux un jugement défavorable motivé. Aristarques impatients, qui critiquent individuellement (...) les pierres dont la réunion seule peut donner une idée du plan de l'architecte (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Catherine Howard, 1834, avertissement, page 206 ). Une attitude qui fut par la suite beaucoup critiquée : celle de me dérober au succès (ANDRÉ GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, page 525 ). Il s'asseyait, croisait les jambes sous la table, découvrant des fixe-chaussettes mauves : elle critiquait ce laisser-aller (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958 page 182 ). SYNTAXE : Critiquer aigrement, amèrement, âprement, bassement, hardiment, ouvertement, poliment; critiquer avec aigreur, avec âpreté. C.— Par extension. Porter des jugements non fondés, exprimer des opinions non contrôlées. Critiquer à la manière de la plupart des feuilletonistes actuels, c'est exprimer des jugements tels quels d'une façon plus ou moins spirituelle (HONORÉ DE BALZAC, La Muse du département, 1844, page 214 ). Remarque : On rencontre dans la documentation a) Critiquant, ante, adjectif. Enclin, porté à la critique (souvent en mauvaise part). Quant à la nature de ces causeries (...) on m'a dit que ce n'était pas une nature critiquante et esthétisante (Anatole France, Vie littéraire, tome 2, 1890, page X). Le public des premières, ce public blasé, critiquant (Alphonse Daudet, Critique dramatique, 1897, page 81). b) Des dérivés péjoratifs et familiers a ) Criticaillon, substantif masculin rare. Mauvais critique qui juge à tort et à travers (confer J.-R. Bloch dans le Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (PAUL ROBERT) Supplément 1970 ß ).) Critiquailler, verbe intransitif Critiquer à tort et à travers, sans motif fondé. Est-ce qu'il n'est pas beaucoup mieux et plus beau d'être aimé et compris de quelques braves gens, qu'entendu, critiquaillé, ou flagorné par des milliers d'idiots? (Romain Rolland, Jean-Christophe, Révolte, 1907, page 449). La forme criticailler est attestée dans le Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (Paul Robert) Supplément 1970 et Dictionnaire de la langue française Lexis, Larousse 1975. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 495 (critiqué : 118). Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 443, b) 658; XXe. siècle : a) 770, b) 906. DÉRIVÉS : Critiqueur, -euse, substantif et adjectif, familier (Celui) qui a la manie de critiquer, qui ne pense qu'à reprendre (souvent en mauvaise part). Une cause (...) dont il faut tenir tous les critiqueurs pour adversaires (GEORGES CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, page 281 ). Repasser mon petit couplet critiqueur (LÉON FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, page 206 ).

« dans l'oeuvre ne relève pas de l'intelligence critique (FRANÇOIS MAURIAC, Mémoires intérieurs, 1959, page 108 ). B.— [En parlant d'activités d'ordre intellectuel] Qui implique l'examen objectif, raisonné auquel on soumet quelqu'un ou quelque chose en vue de discerner ses mérites et défauts, ses qualités et imperfections. 1.

[En parlant des facultés de jugement et de discernement d'une personne dans un domaine intellectuel, littéraire ou scientifique] Attitude, jugement, opinion critique.

Dans le premier « Faust », cette forme existe pure et belle, la pensée critique en peut suivre tous les contours (GÉRARD DE NERVAL, Le second Faust, 1840, introduction, page 10) : Ø 3....

pour apprécier le style en vers de Molière, Boileau sut se mettre au-dessus de sa propre pratique, et c'est en cela qu'il fit preuve d'un goût critique excellent. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 3, 1848, page 234. — Par métonymie.

[En parlant d'une personne versée dans un domaine intellectuel] Historien sérieux et solidement critique (CHARLES, COMTE DE MONTALEMBERT, Histoire de Sainte Elisabeth de Hongrie, duchesse de Thuringe (1207-1231), 1836, page XCVI.

). 2.

[En parlant d'une activité scolaire, littéraire, et etc.] Qui implique une méthode d'examen mettant en jeu des critères variables selon les domaines, d'après lesquels il est possible de discerner les parts respectives des mérites et défauts d'une entreprise, d'une oeuvre, d'un système de pensée. Analyse, démarche, exégèse, méthode, philosophie, réflexion critique.

Un examen critique de ma doctrine historique (JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Correspondance [avec Alexis de Tocqueville] , 1856, page 264 ).

Je voudrais (...) entreprendre un exposé méthodique et critique de ce que j'entends par médecine expérimentale (CLAUDE BERNARD, Principes de médecine expérimentale, 1878, page 93 ). — Par métonymie.

[En parlant d'une production résultant de cette méthode] Essai critique.

Il n'y a pas de travail plus urgent qu'un catalogue critique des manuscrits des diverses bibliothèques (ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890, page 217 ). Remarque : En ce sens, critique peut entrer comme élément dans un adjectif composé : un aperçu historico-critique. — En particulier.

Édition critique.

Édition qui restitue la teneur d'un texte (éventuellement ses états successifs; confer apparat2 critique) et qui comporte un commentaire explicatif. C'est en 1862 que cet éditeur plein d'amour donna sa première édition critique des poésies d'André Chénier (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Vie littéraire.

1888, page 305 ). — Par extension. a) [En parlant d'une production littéraire] Qui relève du genre littéraire de la critique (confer critique3 B 3 par extension a) représenté par les examens raisonnés des ouvrages de l'esprit.

Dans le « Traité du sublime » lui-même, c'est-à- dire dans la meilleure oeuvre critique de l'antiquité (ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890 page 144 ).

Dans l'appendice critique de « Clarissa » (volume V, page 524), Richardson considère le peu de rôle que joue, dans la poésie 2. »

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