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Dictionnaire en ligne: EMBRASSÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.

Publié le 23/01/2016

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Dictionnaire en ligne: EMBRASSÉ, -ÉE, participe passé et adjectif. I.— Participe passé de embrasser* II.— Emploi adjectival. A.— [Correspond à embrasser I A 2; en parlant de personne] Qui se sont prises entre leurs bras en serrant Enfin Gianni l'atteignait [le lutin] , et tous deux, lâchant le trapèze, se laissaient tomber embrassés dans un saut en profondeur (EDMOND DE GONCOURT, Les Frères Zemganno, 1879, page 143) : Ø 1. Embrassés furieusement, ils [Babinet et Maugrillon] faisaient de leur mieux pour se jeter mutuellement dans le vide. MARCEL AYMÉ, Le Puits aux images, 1932, page 250. — [Correspond à embrasser I A 2 spécialement] Qui s'étreignent avec leurs bras pour exprimer leur amitié, leur affection, leur tendresse, leur amour... Couple embrassé : Ø 2. Solitude nuptiale, toute peuplée d'êtres embrassés, chambre vide, où l'on sentait quelque part, derrière des rideaux tirés, dans un accouplement ardent, la nature assouvie aux bras du soleil. ÉMILE ZOLA, La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, page 1405. B.— [Correspond à embrasser I B; en parlant de choses] Qui sont enserrées, entourées. La flamme jaillit des fagots embrassés (CHARLES MAURRAS, Le Chemin de Paradis. 1894, page 127) : Ø 3.... en un de ces vastes filets (...) il [le petit blondin] enfouissait tout un arsenal : un cône renversé de lingerie et de chaussures embrassées, des peignes, des brosses... GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Les Femmes d'amis, Tante Henriette, 1894, page 63. Remarque : La plupart des dictionnaires enregistrent un emploi en héraldique " Écu embrassé. (...) écu partagé en trois triangles, dont deux de métal en embrassent des deux côtés un de couleur, ou deux de couleur un de métal. On dit : Embrassé à dextre quand les deux triangles embrassants sont du côté droit; et embrassé à senestre, quand ils sont du côté gauche " (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)). Emploi substantival masculin L'embrassé diffère du chappe, en ce qu'il est mouvant de l'un des flancs de l'écu (Nouveau Larousse illustré).'embrassé diffère du chappe, en ce qu'il est mouvant de l'un des flancs de l'écu (Nouveau Larousse illustré). — VERSIFICATION. Rimes embrassées. Groupe de deux rimes masculines et deux rimes féminines se succédant selon la disposition MFFM ou FMMF. C.— [Correspond à embrasser II] 1. [Correspond à embrasser II A 1 a; en parlant de quelque chose] À quoi l'on s'est attaché par libre choix, à quoi l'on adhère, que l'on adopte, à quoi l'on se consacre. Il est une foule de causes secondaires qui naissent de nos habitudes, de l'état embrassé, de nos manies, de nos plaisirs (JEAN-ANTELME BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût ou Méditations de gastronomie transcendante, 1825, page 224 ). Indication de la profession des parents, des résultats obtenus aux examens et de la carrière embrassée ou des études poursuivies (Encyclopédie pratique de l'éducation en France (IPN ET SEDE, 1960) 1960, page 107 ). 2. [Correspond à embrasser II B 1] MÉCANIQUE. Arc embrassé. (Confer arc II B 2 d). Fréquence absolue littéraire : 980. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 599, b) 1 301; XXe. siècle : a) 1 590, b) 1 148. Forme dérivée du verbe "embrasser" embrasser EMBRASSER, verbe transitif. I.— Prendre entre ses bras en serrant contre soi. A.— [Le sujet désigne une personne] 1. [Le complément d'objet désigne une chose] Embrasser quelque chose (vieilli). Embrasser un tronc d'arbre, tenir quelque chose embrassé. Je me dépouille de mon habit, j'embrasse l'orme et je commence à monter (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND,Mémoires d'Outre-Tombe, tome 1, 1848, page 81) : Ø 1. Elle marchait derrière les faucheurs en tordant un lien de javelle. Tous les sept pas (...) elle se baissait, elle embrassait sur la terre les épis renversés, elle les serrait contre elle, elle les attachait d'un lien, elle rejetait sur la terre une gerbe... JEAN GIONO, Que ma joie demeure, 1935, page 449. — Par extension. · [Avec un seul bras] Un de mes bras nus, presque horizontal, embrassait le dossier (ALEXANDRE ARNOUX, Roi d'un jour, 1956, page 257 ). · [Avec les mains, les cuisses ou les jambes] D'admirables mains de soldat, (...) des mains qui avaient embrassé la poignée du sabre (HONORÉ DE BALZAC, Béatrix, 1839-45, page 20 ). Gassien, dont les cuisses embrassaient une sorte de créneau (ALEXANDRE ARNOUX, Suite variée, 1925, page 165 ). 2. [Le complément d'objet désigne une personne] Embrasser quelqu'un. Tenir quelqu'un embrassé. Il aurait voulu l'embrasser des deux bras et la battre (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1931, page 186 ). — Locution. Embrasser les pieds, les genoux de quelqu'un. Se prosterner à ses pieds, serrer ses genoux en l'implorant, (formule de supplication). Ma part dans ta vengeance! Oh! Fais-moi cette grâce! Et s'il faut embrasser tes pieds, je les embrasse! (VICTOR HUGO, Hernani, 1830, III, 8, page 91 ). Les habitans embrassèrent les genoux du Vercingétorix, et le supplièrent de ne pas ruiner la plus belle ville des Gaules (JULES MICHELET, Histoire romaine, tome 2, 1831, page 248 ). — Emploi pronominal réciproque. Je les jetai dehors [les deux hommes] si brusquement qu'ils s'embrassèrent avec violence deux fois de suite (GUY DE MAUPASSANT, Mont-Oriol, 1887, page 86 ). — Spécialement. Étreindre (quelqu'un) avec ses bras pour exprimer son amitié, son affection, sa tendresse, son amour... Il s'avança précipitamment vers lui, et l'embrassa avec toutes les démonstrations d'une vive amitié (STÉPHANIE FÉLICITÉ DUCREST DE SAINT-AUBIN, COMTESSE DE GENLIS, Les Chevaliers du Cygne, tome 2, 1795, page 180 ). En parlant ainsi, il [Musdoemon] étreignait en ennemi celui qu'il venait d'embrasser en frère (VICTOR HUGO, Han d'Islande, 1823, page 554) : Ø 2.... nous étions dans les bras l'un de l'autre. Marguerite cachait sa figure sur mon épaule; elle était à moi. Quel bonheur de pouvoir embrasser ainsi celle qu'on aime, devant tout le monde, devant ses parents, devant ses amis!... Ah! qu'on est fier de la tenir, et quelle force il faudrait pour vous l'ôter! ÉMILE ERCKMANN ET ALEXANDRE CHATRIAN, DITS ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, tome 1, 1870, page 494. · Par métonymie. Ces bras qui embrassent si tendrement (EUGÉNIE DE GUÉRIN, Lettres, 1840, page 384 ). · Emploi pronominal réciproque. Nous nous embrassâmes à tour de bras et nous baisâmes à pleines lèvres (PAUL VERLAINE, Œuvres complètes, tome 5, Confessions, 1895, page 155 ). Remarque : 1. Cette étreinte s'accompagne souvent d'un baiser (confer citation de Verlaine), d'où l'emploi extensif (infra), rendu d'autant plus nécessaire que le verbe baiser évoluait vulgairement. 2. Il n'est pas toujours aisé, lorsque le contexte n'apporte pas la précision, de discerner si l'étreinte s'accompagne ou non d'un baiser. · Par extension. Donner un ou plusieurs baisers (à quelqu'un) généralement en le prenant et le serrant dans ses bras. Embrasser sa mère, sa femme, ses enfants. Kobus, entourant Iôsef de ses deux bras, se mit à l'embrasser les larmes aux yeux (ÉMILE ERCKMANN ET ALEXANDRE CHATRIAN, DITS ERCKMANN-CHATRIAN, L'Ami Fritz, 1864, page 204 ). Il avait un furieux désir d'elle, et il aurait bien voulu l'embrasser à la bouche et la baiser (PIERRE-JEAN JOUVE, La Scène capitale, 1935, page 22) : Ø 3.... sans parler, elle l'étreignait de nouveau et l'embrassait jusqu'à l'étouffement. — L'enfant redoutait fort ces rudes et silencieuses caresses. PAUL REIDER, Mademoiselle Vallantin, 1862, page 43. SYNTAXE : Embrasser ses parents, un ami; embrasser les joues de quelqu'un, embrasser quelqu'un sur les (deux) joues; embrasser quelqu'un au front, sur le front; embrasser les yeux, les cheveux, le cou de quelqu'un; embrasser quelqu'un sur la bouche/sur les lèvres, embrasser quelqu'un à pleine bouche/à pleines lèvres; embrasser quelqu'un avec amour, ardeur; embrasser quelqu'un très fort, de toutes ses forces, de tout son coeur; embrasser quelqu'un en cachette; embrasser quelqu'un longuement, tendrement, passionnément; ne pas oser embrasser quelqu'un, avoir envie d'embrasser quelqu'un, permettre à quelqu'un de nous embrasser, se laisser embrasser par quelqu'un; charger quelqu'un d'embrasser quelqu'un; embrassons-nous. · [Formules épistolaires] Votre fille qui vous embrasse; je t'embrasse cordialement, tendrement; je t'embrasse en coeur et en esprit; je t'embrasse comme je t'aime; en attendant, je t'embrasse mille fois sur tes lèvres adorées; je n'ai plus que la place de vous embrasser. Je vous embrasse et vous serre contre un coeur qui vous est dévoué (HONORÉ DE BALZAC, Correspondance, 1838, page 367 ). — En particulier. Embrasser la main de quelqu'un. · [D'une femme] Lui faire le baisemain *. Synonyme : baiser sa main : Ø 4.... son fils ayant embrassé la main dudit [Jacques Blanche] , comme elle lui avait dit : « On n'embrasse que la main d'une femme », son enfant lui avait répondu : « Mais maman, il a l'air d'une vieille demoiselle. » EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1892, page 237. Remarque : DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), condamnant l'emploi de embrasser dans le sens « donner un/des baisers », note, à propos de l'expression embrasser la main (d'une femme) : " On lit parfois dans les auteurs contemporains : il lui embrasse la main. C'est mal parler; il faut dire : il lui baise la main. Embrasser c'est non appliquer la bouche, mais serrer dans les bras ". · [D'un homme d'Église, en signe de respect] : Ø 5. Sa piété c'est une drôle de piété! C'est de s'enfermer, se mettre sous clef, le jour, chez elle; et puis d'aller embrasser les mains des abbés, ces sales mains-là! EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1868, page 449. — Rare. [Le complément d'objet désigne une chose] Elle se baissait pour embrasser la pierre du turban ou pour coller son oreille à la tombe (ALPHONSE DE LAMARTINE, Des Destinées de la poésie, 1834, page 393 ). Mais j'aurais aussi bien embrassé un bouquet, ou une pêche mûre. Il y a des parfums qu'on ne respire bien qu'avec la bouche (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à Paris, 1901, page 116 ). · En particulier. dans le domaine religion Notre Havre-de-Grâce, Garde-nous, etc... (...) Médaille que j'embrasse; Garde-moi (GERMAIN NOUVEAU, Valentines, 1886, page 243 ). Paulina embrassait la relique de saint Vincent (PIERRE-JEAN JOUVE, Paulina, 1925, page 225 ). Il s'est reprosterné à genoux, il embrassait son crucifix... Il faisait des mille signes de croix... (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 668 ). — Par métaphore. Mon talon glissa sur une écorce de pastèque, et j'embrassais certainement le sol (...) si la jeune femme n'eût avancé le bras pour me soutenir (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Crime de Sylvestre Bonnard, Paris, Calmann-Lévy, 1900, page 49 ). — Emploi pronominal réciproque. Se donner, échanger un/des baisers. Époux qui s'embrassent tendrement, couple qui s'embrasse éperdument. Sur l'écran, deux amoureux s'embrassaient à pleine bouche (EUGÈNE DABIT, L'Hôtel du Nord, 1929, page 111 ). B.— Par analogie. [Le sujet désigne une chose, le complément d'objet désigne une chose ou une personne] Embrasser quelque chose ou quelqu'un.. L'enserrer, l'entourer. Terre au sein verdoyant, mère antique des choses, Toi qu'embrasse océan de ses flots amoureux (CHARLES-MARIE LECONTE DE LISLE, Poèmes antiques, 1852, page 37 ). — Emploi pronominal réciproque. Dix châtaigniers s'étaient embrassés sans doute au courant des siècles pour n'en former qu'un (FERDINAND FABRE, Xavière, 1890, page 101 ). — Par extension. TYPOGRAPHIE. Le texte embrassé par une accolade doit toujours en être plus ou moins détaché (ÉMILE LECLERC, Nouveau manuel complet de typographie, 1932, page 172 ). II.— Au figuré. A.— [Le sujet désigne une personne ou un attribut de la personne, le complément d'objet désigne une chose abstraite] 1. Vieux, rare. Prendre à coeur quelque chose, le prendre à son compte, s'en charger. Sa conscience [de Bénédict] embrassait cette tâche [l'éducation de Valentin] avec ardeur (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Valentine, 1832, page 242) : Ø 6. Ayant emporté la réforme malgré son père et sa famille, la jeune abbesse en voulut embrasser d'abord les entières conséquences. Afin de rester plus libre dans l'obligation unique et de ne devoir rien à César, elle commença par se retrancher strictement toute demande de secours et d'argent auprès de M. Arnauld,... CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 1, 1840, page 187. — Par extension. a) S'attacher par libre choix à quelque chose, y adhérer, l'adopter et s'y consacrer. · Vieux. Embrasser un état; (vieilli) embrasser une carrière, une profession, une religion, un culte... Lopez finit par une prière au Dieu des chrétiens, dont j'avois refusé d'embrasser le culte (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Le Génie du christianisme, tome 2, 1803, page 182 ). J'ai été journaliste (...) Durant vingt années, (...) je n'avais, je l'espère, jamais trahi ma profession, embrassée d'un libre choix (LOUIS VEUILLOT, Les Odeurs de Paris, 1866, page 30) : Ø 7. Je me sondais, cherchant un état que je pusse embrasser sans trop de dégoût, quand feu l'Empereur m'en trouva un; il me dit soldat de par la maladresse de sa politique. GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Les Soirées de Médan, Sac au dos, 1880, page 110. · Vieilli. Embrasser une opinion, des idées, des principes, une doctrine, une théorie... L'âme mobile de la comtesse embrassa avec enthousiasme l'idée de ce nouveau genre de vie (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, page 22) : Ø 8. [Godefroid :] — Quel est le fait qui vous a conduit à mener la vie que vous menez ici? Car, pour embrasser la doctrine d'un pareil renoncement à tout intérêt, on doit être dégoûté du monde... HONORÉ DE BALZAC, L'Envers de l'histoire contemporaine, Madame de La Chanterie, 1850, page 267. · Embrasser la cause, le parti de quelqu'un ou quelque chose; embrasser les intérêts, la querelle, les adversités (vieux), la défense de quelqu'un. Si l'intérêt de l'humanité vous touche, osez embrasser la cause de la liberté (PIERRE-JOSEPH PROUDHON, Qu'est-ce-que la propriété? 1840, page 347) : Ø 9.... combien y en a-t-il qui se mettent à genoux dans l'église qu'ils décorent? — Beaucoup de philosophes embrassent sa cause et la plaident, comme des avocats généreux celle d'un client pauvre et délaissé; (...); mais il est rare que cette croix soit à leur côté dans la solitude. ALFRED DE VIGNY, Servitude et grandeur militaires, 1835, page 214. SYNTAXE : Embrasser la cause du plus faible, des opprimés, de la pauvreté, de la paix, du patriotisme, de la Révolution. b) Vouloir entreprendre, s'engager dans, se lancer dans quelque chose. Embrasser trop de choses à la fois, embrasser moins que quelqu'un, vouloir trop embrasser. La phrénologie embrasse un plus vaste dessein; elle poursuit l'identification du monde moral et du monde physique (LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale, 1842, page 100) : Ø 10.... il [le fort psychique] est spécialement adapté à la multiplicité : il peut embrasser à la fois plusieurs actions, plusieurs conversations, plusieurs projets, plusieurs moments du temps, même s'ils divergent entre eux. Sa pensée est panoramique et complexe, elle englobe de nombreux points de vue. EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 260. · Proverbe. Qui trop embrasse, mal étreint. Qui veut entreprendre trop de choses en même temps s'expose à n'en mener aucune à bien. [Par référence à ce proverbe] : Ø 11. Je sais bien que j'ai tort, qu'il y a des limites à se donner. À cette condition, l'on crée. Mais il n'y a pas de limites pour aimer et que m'importe de mal étreindre si je peux tout embrasser. ALBERT CAMUS, L'Envers et l'endroit, 1937, page 115. c) Vieux. Embrasser une occasion. La saisir, ne pas la laisser échapper : Ø 12. Ce Spartiate possédoit de grandes propriétés, et se trouvoit en même temps écrasé de dettes. Il embrassa donc avidement l'occasion de se décharger de celles-ci, mais il ne voulut plus de la réforme aussitôt qu'elle atteignit ses biens. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Essai sur les Révolutions, tome 2, 1797, page 176. 2. [Le sujet désigne une personne ou un attribut visuel de la personne, le complément d'objet désigne quelque chose qui se situe dans l'espace et appartient au champ visuel] Saisir quelque chose, globalement et dans toute son étendue, par le regard. Elle embrassait ce spectacle clair d'un regard indolent qui semblait heureux (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Jocaste; le Chat maigre. 1879, page 143) : Ø 13. Malgré la faible clarté des lanternes, d'un vif regard il embrassa la scène, cette cohue noyée d'ombre, dont il connaissait chaque face, les haveurs, les chargeurs, les moulineurs, les herscheuses, jusqu'aux galibots. ÉMILE ZOLA, Germinal, 1885, page 1391. SYNTAXE : Embrasser quelque chose du/d'un regard, de l'oeil; embrasser tout d'un coup d'oeil; regard qui embrasse l'horizon, toute l'étendue de quelque chose; oeil qui embrasse d'un coup une surface, un vaste horizon. — Par analogie. Embrassant le fleuve d'un geste emphatique (ALPHONSE DAUDET, Jack, tome 1, 1876, page 303 ). Pied-d'Alouette fit un geste vague, embrassant un quart de l'horizon (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Mannequin d'osier, 1897, page 69 ). — Par extension. [Le sujet désigne une personne ou l'un de ses attributs intellectuels; le complément désigne quelque chose d'abstrait] Saisir par l'esprit, appréhender quelque chose, dans son ensemble et sous tous ses aspects, par la pensée, l'imagination, la mémoire... Un être (...), à longue portée de regard, capable d'embrasser d'un coup d'oeil une suite de situations et leurs conséquences (HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Notes sur Paris, 1867, page 283) : Ø 14. Il faudrait, pour qu'une théorie scientifique fût définitive, que l'esprit pût embrasser en bloc la totalité des choses et les situer exactement les unes par rapport aux autres;... HENRI BERGSON, L'Évolution créatrice, 1907, page 208. SYNTAXE : Embrasser quelque chose dans son ensemble, sous tous les aspects; embrasser l'ensemble d'un sujet, de sa vie; embrasser plusieurs objets à la fois, embrasser à la fois la théorie et la pratique, embrasser et circonscrire l'étendue de quelque chose, embrasser (un sujet) dans une vaste synthèse; esprit qui embrasse toutes choses, qui embrasse et combine tout; intelligence qui embrasse tout d'un coup d'oeil; génie qui embrasse une multitude d'objets d'un coup d'oeil; génie qui embrasse une multitude d'objets d'un coup d'oeil; imagination qui embrasse de vastes objets; n'embrasser que les contours des choses. · emploi absolu. Il [M. Cousin] s'élève, il embrasse, il généralise, il a des conceptions d'artiste et des verves d'orateur (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, tome 1, 1851-62, page 116 ). B.— [Le sujet désigne une chose] 1. [Le complément d'objet désigne un espace géographique] Contenir dans son étendue, s'étendre sur l'espace de. La concession embrasse deux mille kilomètres carrés (LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale, 1842, page 31) : Ø 15. [Catherine II] eut à gouverner ce puissant empire qu'elle agrandit dans tous les sens, et qui embrassait le nord jusqu'au pôle et l'orient jusque par delà l'aurore,... CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 2, 1863-69, page 205. — Spécialement. TYPOGRAPHIE. Quelle que soit la manière dont elles sont tournées, les accolades sont décollées du côté de la partie qu'elles embrassent (ÉMILE LECLERC, Nouveau manuel complet de typographie, 1932, page 401 ). La colonne ainsi complétée est recouverte sur la droite par un filet vertical embrassant toute la hauteur (ÉMILE LECLERC, Nouveau manuel complet de typographie, 1932 page 389 ). 2. [Le complément d'objet désigne un espace de temps] S'étendre sur, couvrir. Ce Frédéric II domine tout ce demi-siècle que son règne embrasse presque en entier (CHARLES, COMTE DE MONTALEMBERT, Histoire de Sainte Elisabeth de Hongrie, duchesse de Thuringe (1207-1231), 1836, page XXII) : Ø 16.... ces pensées qui sommeillent au fond de nous à notre insu, et qui sont plus profondes et plus larges que notre pensée claire, car elles embrassent, dit-on, le passé et l'avenir,... MAURICE BARRÈS, Le Mystère en pleine lumière, 1923, page 16. 3. [Le sujet est au singulier, le complément d'objet désigne deux ou plusieurs choses] Contenir, englober, renfermer, toucher à. Il convient, (...) de ne pas étendre à tel point la définition du caractère qu'elle embrasse tout le contenu de la vie psychologique (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 60) : Ø 17.... le christianisme est en particulier compliqué [dit le malade au docteur-citoyen] . Il embrasse tant de contradictions intérieures ou introduites qu'il peut de soi donner réponse à tout. CHARLES PÉGUY, De la Grippe II, 1900, page 29. SYNTAXE : Savoir qui embrasse tous les domaines, distinction qui embrasse un champ immense de cas, unité qui embrasse une multiplicité de parties, école qui embrasse plusieurs nations et bien des systèmes, période qui embrasse les quatre règnes d'une dynastie, amour qui embrasse à la fois la créature et la création; embrasser la totalité des phénomènes dans un principe. Remarque : Les dictionnaires, sauf Dictionnaire de l'Académie Française et Grand Larousse de la Langue française en six volumes enregistrent embrassure, substantif féminin [Correspond à embrasser I] Construction. " Ceinture formée par une bande de fer, dont on entoure une poutre, une pièce de charpente, un tuyau de cheminée et qui l'embrasse " (HAVARD tome 2 1888). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 9 644. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 13 883, b) 24 276; XXe. siècle : a) 15 224, b) 8 274.

« de la carrière embrassée ou des études poursuivies (Encyclopédie pratique de l'éducation en France (IPN ET SEDE, 1960) 1960, page 107 ). 2.

[Correspond à embrasser II B 1] MÉCANIQUE.

Arc embrassé. (Confer arc II B 2 d). Fréquence absolue littéraire : 980.

Fréquence relative littéraire : XIXe.

siècle : a) 1 599, b) 1 301; XXe. siècle : a) 1 590, b) 1 148. Forme dérivée du verbe "embrasser" embrasser EMBRASSER, verbe transitif. I.— Prendre entre ses bras en serrant contre soi. A.— [Le sujet désigne une personne] 1.

[Le complément d'objet désigne une chose] Embrasser quelque chose (vieilli).

Embrasser un tronc d'arbre, tenir quelque chose embrassé.

Je me dépouille de mon habit, j'embrasse l'orme et je commence à monter (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND,Mémoires d'Outre-Tombe, tome 1, 1848, page 81) : Ø 1.

Elle marchait derrière les faucheurs en tordant un lien de javelle.

Tous les sept pas (...) elle se baissait, elle embrassait sur la terre les épis renversés, elle les serrait contre elle, elle les attachait d'un lien, elle rejetait sur la terre une gerbe... JEAN GIONO, Que ma joie demeure, 1935, page 449. — Par extension. · [Avec un seul bras] Un de mes bras nus, presque horizontal, embrassait le dossier (ALEXANDRE ARNOUX, Roi d'un jour, 1956, page 257 ). · [Avec les mains, les cuisses ou les jambes] D'admirables mains de soldat, (...) des mains qui avaient embrassé la poignée du sabre (HONORÉ DE BALZAC, Béatrix, 1839-45, page 20 ).

Gassien, dont les cuisses embrassaient une sorte de créneau (ALEXANDRE ARNOUX, Suite variée, 1925, page 165 ). 2.

[Le complément d'objet désigne une personne] Embrasser quelqu'un.

Tenir quelqu'un embrassé.

Il aurait voulu l'embrasser des deux bras et la battre (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1931, page 186 ). — Locution.

Embrasser les pieds, les genoux de quelqu'un.

Se prosterner à ses pieds, serrer ses genoux en l'implorant, (formule de supplication).

Ma part dans ta vengeance! Oh! Fais-moi cette grâce! Et s'il faut embrasser tes pieds, je les embrasse! (VICTOR HUGO, Hernani, 1830, III, 8, page 91 ).

Les habitans embrassèrent les genoux du Vercingétorix, et le supplièrent de ne pas ruiner la plus belle ville des Gaules (JULES MICHELET, Histoire romaine, tome 2, 1831, page 248 ). — Emploi pronominal réciproque.

Je les jetai dehors [les deux hommes] si brusquement qu'ils s'embrassèrent avec violence deux fois de suite (GUY DE MAUPASSANT, Mont-Oriol, 1887, page 86 ). — Spécialement.

Étreindre (quelqu'un) avec ses bras pour exprimer son amitié, son affection, sa tendresse, son amour... Il s'avança précipitamment vers lui, et l'embrassa avec toutes les démonstrations d'une vive amitié (STÉPHANIE FÉLICITÉ DUCREST DE SAINT-AUBIN, COMTESSE DE GENLIS, Les Chevaliers du Cygne, tome 2, 1795, page 180 ).

En parlant ainsi, il [Musdoemon] étreignait en ennemi celui qu'il venait 2. »

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