Dictionnaire en ligne: ENTRAVÉ, -ÉE, participe passé et adjectif. I.— Participe passé de entraver1* II.— Adjectif. A.— Dont les mouvements sont gênés par une entrave. Chevaux entravés. Des ibis blancs et des cigognes se promènent gravement à côté des buffles entravés dans les champs (MAXIME DU CAMP, Le Nil, Egypte et Nubie, 1854, page 63 ). Échappées (les bêtes) de l'enclos en bas ou lâchées, entravées, elles se pressent autant que la prudence le permet (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, page 32 ). — [L'objet désigne une partie du corps] Pieds entravés. — Mais il ne pourrait rien faire pour nous; ne voyez-vous pas ses membres entravés (MICHEL BUTOR, Passage de Milan, 1954, page 208 ). — Emploi comme substantif. Personne entravée. Il y faut la main de celui dont il est dit qu'il écoute le gémissement des entravés et qu'il déliera de leurs liens les fils des exterminés (PAUL CLAUDEL, Un Poète regarde la croix, 1938, page 238 ). — Par métaphore. Grands paquebots immobiles, entravés comme des monstres à la chaîne (MAXENCE VAN DER MEERSCH, L'Empreinte du dieu, 1936, page 249 ). B.— Jupe entravée. Jupe serrée en bas. Enfin, une jeune fille à jupe entravée vint ouvrir la porte (GEORGES DUHAMEL, Combat contre les ombres, 1939, page 32 ). Un essai de robe entravée, longue, gênante, fait son apparition (GERMAINE VILLARD, Histoire abrégée du costume, 1956, page 102 ). C.— Au figuré. Gêné. Antonyme : favorisé. En Italie, la peinture murale, favorisée et non entravée par l'architecture, s'éveillait à la vie (LOUIS HOURTICQ, Histoire générale de l'art, La France, 1914, page 114) : Ø ... à quatorze ans, le jeune homme se casse une jambe, aux os trop fragiles; à quinze ans, l'autre. Il reste entravé dans la croissance de ses membres inférieurs... RENÉ HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, page 254. D.— LINGUISTIQUE. Voyelle entravée. Voyelle se trouvant dans une syllabe fermée. Antonyme : libre. Les deux voyelles de dor-mir sont des voyelles entravées (D'APRÈS PRÉCIS DE STYLISTIQUE FRANÇAISE (JULES MAROUZEAU) Lexique 1933). Fréquence absolue littéraire : 160. Forme dérivée du verbe "entraver" entraver ENTRAVER1, verbe transitif. A.— Mettre une entrave à (un animal). Entraver les boeufs : Ø Seulement on entrava mon cheval et celui de M.; quant aux deux chevaux des spahis, ils furent lâchés dans le bois... EUGÈNE FROMENTIN, Un Été dans le Sahara, 1857, page 226. — Par métaphore. [L'objet désigne un être humain] Apparemment l'amour ne se saisit plus aux cheveux, comme la fortune, mais on l'entrave, tel un esclave (ALBERT CAMUS, Le Chevalier d'Olmedo, 1957, page 750 ). — Emploi pronominal. [En parlant d'un animal ou d'un être humain] Se prendre les jambes dans quelque chose comme dans une entrave. S'entraver dans un harnais; s'entraver dans ses sabots. Ça m'entravait les jambes; je l'ai jetée en courant (JEAN GIONO, Le Grand troupeau, 1931, page 40 ). En se tournant, le bossu s'entrava dans une branche morte (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1931, page 229 ). · Par métaphore. Un grand écrivain sans usage s'entrave dans sa gloire comme dans un sabre (FRANÇOIS MAURIAC, Journal 2, 1937, page 183 ). B.— Au figuré. Gêner (quelqu'un ou quelque chose); arrêter le mouvement, embarrasser. Gouvernement qui entrave le commerce; coutume entravant la circulation des idées. Synonyme : empêcher; antonyme : faciliter. Il y a d'autres facteurs qui facilitent ou entravent le développement de l'intelligence (ALEXIS CARREL, L'Homme cet inconnu, 1935, page 142 ). Nous ne devons pas entraver l'action du gouvernement! (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 616 ). Les clauses restrictives entravant le commerce seront abandonnées en deux temps (MAURICE WOLKOWITSCH, L'Élevage dans le monde, 1966, page 200 ). — Emploi pronominal réciproque. Le Capétien et le Plantagenet, bien qu'alliés pour la Guerre Sainte, se suspectaient, se surveillaient et s'entravaient l'un l'autre (RENÉ GROUSSET, L'Épopée des Croisades, 1939, page 266 ). Remarque : On rencontre dans la documentation entraveur, substantif masculin Celui qui entrave. Le double entraveur qui a, tout à la fois, dans ses attributions, le sabre du gendarme et les ciseaux du critique! (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1852, page 59).
